L’Ampel-Koalition était dans le rouge depuis plusieurs semaines. A contre-courant de la tradition, le gouvernement allemand n’est pas arrivé à trouver de compromis sur certaines réformes économiques, conduisant mercredi dernier à la tenue d’un comité de coalition, qui réunissait les chefs des trois partis. C’est à la suite de ce dernier que Scholz a annoncé congédier Christian Lindner, déclarant avoir “ besoin d’un gouvernement capable d’agir, qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays.”. Cette rupture induit la tenue d’élections anticipées dont la date fait débat depuis l’annonce de Scholz.
Un vote de confiance avant la fin de l’année
Si le gouvernement reste pour l’instant au pouvoir, le chancelier Olaf Scholz va devoir poser une question de confiance aux députés du Bundestag. Ceux-ci auront alors deux choix possibles : soit ils acceptent que Scholz reste à la tête d’un gouvernement minoritaire (SPD et Verts) jusqu’à la date prévue des élections législatives fin septembre 2025, soit ils refusent. Dans ce dernier cas, il revient au président allemand Frank-Walter Steinmeier de dissoudre le Bundestag, à condition que les députés n’élisent pas de nouveau chancelier par le vote d’une motion de défiance constructive - contrairement à la France, une motion de défiance en Allemagne induit nécessairement la proposition d’un nouveau chancelier.
À l’origine, Olaf Scholz avait annoncé qu’il poserait la question de confiance le 15 janvier 2025, provoquant des élections anticipées d’ici fin mars. Cependant, après des discussions avec le chef de l’opposition Friedrich Merz, membre du parti des chrétien-démocrates (CDU/CSU), le chancelier a émis l’idée de poser la question de confiance avant la nouvelle année. Une perspective qui pose des questions de logistique et d’organisation, les acteurs qui encadrent les élections ne sachant pas s’ils seraient prêts dans un délai si réduit.
Il faudrait en effet trouver rapidement suffisamment de volontaires pour l’organisation du scrutin ainsi que des locaux pour accueillir les électeurs. De plus, il faudrait préparer suffisamment de bulletins de vote ainsi que le matériel nécessaire au vote par correspondance, populaire en Allemagne, en veillant à l’absence de fraudes et de cyberattaques. Les partis seraient aussi confrontés à des difficultés liées à une campagne express, notamment pour les plus petits,qui doivent recueillir des signatures de soutien et confirmer 13 semaines avant le scrutin au responsable des élections fédérales, leur volonté de se présenter.
Une date déjà connue pour les élections anticipées ?
Un peu moins d’une semaine après l’effondrement de la coalition, les spéculations quant à la date des futures élections sont omniprésentes dans les médias allemands. Celle du 23 février 2025, d’après des informations de l’AFP semblerait être la plus probable. Selon ce scénario, le chancelier devra poser la question de confiance dans un mois environ, le 16 décembre. Les députés disposent ensuite de deux jours pour prendre part au vote. S’ils refusent la confiance à Scholz et que le Bundestag est dissous sous 21 jours, les élections fédérales devront se tenir dans un délai de 60 jours.
Cette décision d’avancer la date prévue des élections anticipées est le fruit des pressions sur le chancelier des groupes d’opposition, notamment le parti de la CDU/CSU, plus populaire dans les sondages que le SPD rival. Les différents acteurs impliqués semblent en accord avec cette décision.
La directrice fédérale des élections, Ruth Brand, lors d’une audition devant la commission de contrôle des élections du Bundestag mardi 12 novembre, a confirmé la possible réalisation d’un scrutin “en toute sécurité juridique”, même si celui-ci se tient avant fin mars. Elle semble donc s’être résignée face à cette éventualité puisque la semaine précédente, elle affirmait encore qu’avancer la date des élections représentait “un risque élevé de violation du pilier fondamental de la démocratie et de la confiance dans l’intégrité du scrutin”. Ce changement de direction lui a attiré les foudres de la CDU/CSU lors de son audition, ce à quoi elle a répondu qu’il était de son devoir de prévenir des risques liés à l’organisation d’un tel scrutin mais qu’elle ne pouvait pas influencer les décisions pour autant.
C’est donc dans un climat tendu que l’Allemagne se prépare à convoquer ses électeurs aux urnes, probablement d’ici fin février. Le Bundestag a approuvé aujourd’hui la date du 16 décembre pour la question de confiance du chancelier et donc la tenue des élections le 23 février 2025. Celles-ci apparaissent pour l’instant défavorables à la coalition au pouvoir au profit des chrétien-démocrates (CDU/CSU) et de l’extrême droite (AfD), placés très haut dans les sondages d’opinion.
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