Un nouvel incident
Par tweets interposés, échanges de communiqués et envoi de missiles, la récente escalade militaire entre l’Iran et les Etats-Unis vient s’ajouter aux multiples rebondissements de la géopolitique mondiale.
A l’origine du contentieux : deux pays cherchant à préserver leur influence en Orient. Téhéran s’impose, depuis plusieurs années, comme un acteur incontournable dans la région, en intervenant en Irak, en Syrie, au Yémen et au Liban, rompant progressivement avec son isolationnisme.
Washington, de son côté, est contrarié par ces immixtions dans les pays voisins. En réaction, le Président américain, en campagne électorale, fait son « Trump ». L’attaque en Irak rallume la mèche et entraîne la mort d’un dignitaire iranien, Ghassem Soleimani.
L’escalade du conflit semble enraillée. Les deux antagonistes, après s’être auto-déclarés vainqueur du bras de fer, retournent à leurs préoccupations de politique intérieure. Le monde a retenu son souffle, un fois de plus, laissant les européens face au fait accompli.
L’Union Européenne s’alarme
La montée des tensions a pris de court les institutions de l’Union qui peinent à se faire entendre.
La réponse de la Commission est claire. Il est dans l’intérêt de l’Iran de « choisir la voie de la pondération et non la voie de l’escalade » selon la Présidente de la Commission. Bruxelles appelle à l’apaisement, notamment côté Iranien.
L’Europe ne parvient pas, malgré ses efforts, à s’imposer dans la région. Préoccupée par ses propres difficultés (crise migratoire, crise écologique, etc…), les 28 n’ont pas établi de ligne politique claire. Tout engagement armé hors du continent reste encore conditionné à un soutien de l’Otan.
Économiquement, l’UE est un partenaire de second plan comme l’illustre l’échec du programme Instex (système de troc entre l’Europe et l’Iran, afin de se prémunir de sanctions commerciales provenant des Etats-Unis) qui n’a toujours pas permis de réaliser le moindre échange.
Des Nations aux intérêts propres
Si l’Europe est pour le moment « hors-jeu au Proche Orient » selon le nouveau Président du Conseil européen Charles Michel, certains pays européens gardent cependant leurs prérogatives.
Ainsi, les chancelleries allemandes et britanniques se sont accordées sous l’égide du Quai d’Orsay et ont appelé à une « désescalade nécessaire ». Soucieux de préserver l’accord sur le nucléaire iranien, ils exhortent Téhéran à « annuler toutes les mesures incompatibles avec l’accord », se disant prêt à « engager le dialogue […] afin de préserver la stabilité de la région ».
Les trois pays européens s’inscrivent en opposition à la diplomatie américaine et déclenchent le mécanisme de règlement des différends (MRD) contre l’Iran afin de préserver un accord dénoncé par Washington.
Cette prise de position a fait réagir le gouvernement américain qui menace Berlin d’augmenter les droits de douane de 25% sur les automobiles européennes.
Le Royaume-Uni, dont la procédure du Brexit touche enfin à sa fin, a décidé d’opter pour une diplomatie préventive par l’envoi de la Royal Navy dans le détroit d’Ormuz, afin d’y escorter les navires battant pavillon britannique.
La position de la France est « une volonté d’aboutir à une désescalade et de faire en sorte que les mauvaises décisions qui ont été prises de part et d’autre puissent être gommées par une volonté de négociation » selon Jean-Yves Le Drian.
A ces difficultés, l’enquête parlementaire outre-Rhin sur le bilan de Ursula von der Leyen comme ministre pourraient affaiblir encore le pouvoir de la Commission, dans une situation déjà délicate.
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