Une présidence suédoise du Conseil de l’UE pleine de défis

, par Alexis Cudey

Une présidence suédoise du Conseil de l'UE pleine de défis
Drapeau suédois PxHere

Du 1er janvier au 30 juin 2023, la Suède préside le Conseil de l’Union européenne, et ce dans un contexte géopolitique complexe. Cette présidence, occupée à tour de rôle par chaque État-membre de l’UE, fait suite à celles française et tchèque. Le pays nordique a pour tâche de définir l’agenda politique européen et de mener le débat entre les États membres. C’est la troisième fois que le pays scandive prend la présidence depuis son adhésion en 1995. Cette tâche s’annonce toutefois difficile dans un contexte géopolitique complexe où les crises se multiplient , principalement celles liées à l’agression de la Russie contre l’Ukraine.

4 grands thèmes pour la 3ème présidence suédoise

Parmi les nombreux défis et difficultés auxquels est confrontée l’Union européenne, la Suède a sélectionné quatre thèmes prioritaires pour sa présidence de six mois : la sécurité, la compétitivité, l’énergie et les valeurs démocratiques.

Stockholm fixe d’abord comme priorité de poursuivre le soutien à l’Ukraine et veut s’assurer que les pays de l’UE maintiennent intact, voire renforcent, leur appui économique et militaire. Bruxelles est en effet sous pression après avoir échoué à fournir la totalité de l’enveloppe de 9 milliards d’euros d’aide financière promise à Kyiv en 2022. Pour 2023, l’UE devrait débourser une somme de 18 milliards d’euros, déterminante pour couvrir le déficit budgétaire considérable de l’Ukraine et maintenir les services publics les plus élémentaires.

La compétitivité figure également en bonne place dans l’agenda de la présidence suédoise. La nécessité de maintenir l’Europe comme destination attractive pour les investissements étrangers est presque existentielle depuis la signature en août dernier de l’Inflation Reduction Act (IRA) par le Président américain Joe Biden, qui devrait ainsi injecter des subventions vertes pour la transition énergétique d’environ 369 milliards de dollars (349 milliards d’euros) dans l’économie américaine. Cette décision, qui favorise les produits fabriqués aux États-Unis, a été vigoureusement désapprouvée par les dirigeants européens et a fait craindre une guerre commerciale transatlantique.

Certains pays de l’Union européenne, comme la France ou l’Italie, exhortent ainsi à une révision des règles relatives aux aides d’État en vigueur depuis des décennies et qui visent à assurer une concurrence loyale entre États membres. Toutefois, la Suède, plaidant historiquement la défense des marchés libres, a adopté une approche plus prudente sur ce sujet épineux.

"Le protectionnisme n’est pas la voie à suivre. Ce n’était pas le cas hier, et ce ne le sera pas demain”, a ainsi déclaré Ulf Kristersson, dirigeant du parti libéral-conservateur des Modérés.

S’agissant des valeurs démocratiques, Stockholm agit dans la lignée des présidences française et tchèque. En effet, pour la période janvier 2022-juin 2023, le trio France - République tchèque - Suède a déterminé comme priorités de son programme de protéger les citoyens et leurs libertés, en réponse notamment aux mesures controversées prises par la Hongrie et la Pologne et leurs atteintes à l’Etat de droit.

Parmi les priorités figurent la promotion d’un socle économique et du modèle européen, la construction d’une Europe décarbonée, équitable et sociale, et la mise en avant plus affirmée des intérêts et des valeurs de l’Europe dans le monde. La présidence suédoise accompagnera aussi le statut de pays candidat accordé par le Conseil européen à l’Ukraine et à la Moldavie, à l’issue du Conseil européen des 23 et 24 juin 2022.

Une présidence à la suite d’une nouvelle donne politique

L’actualité nationale suédoise est en effet bouleversée par une reconfiguration du spectre politique, l’extrême-droite connaissant un score historique, mais également par les circonvolutions autour de son intégration dans l’OTAN, bloquée par le veto turc.

En septembre dernier, la Suède a connu des élections législatives, renouvelant les 349 sièges de la chambre unique du Parlement (Riksdag). Ces élections ont signé la victoire d’un gouvernement de coalition de quatre partis de droite et d’extrême-droite, face à la première ministre social-démocrate, Magdalena Andersson, qui a été contrainte à la démission à l’issue de ces résultats très serrés.

Durant la campagne des élections législatives de septembre dernier, les débats autour de la prochaine présidence suédoise du Conseil de l’UE s’étaient illustrés par leur absence. Preuve de ce faible engouement, deux mois plus tard, le conservateur désormais premier ministre, Ulf Kristersson, a présenté devant le Parlement ses priorités devant seulement une vingtaine de députés et trois ministres, venus l’écouter.

Porté par la présidence suédoise du Conseil de l’UE, le thème de l’immigration revient en force dans l’agenda politique européen. Il y a d’ailleurs fort à parier que cette thématique ait été ardemment portée par les partis d’extrême-droite désormais membres de la coalition. S’ils jugent nécessaire de réformer les règles communes, les Vingt-Sept connaissent toutefois des incompatibilités profondes sur ce sujet. Cependant, la courtesse de la présidence et l’épaisseur des débats déjà à tenir pourrait voir les questions sur l’immigration ne pas aboutir.

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