Le temps presse
Marcel Wollscheid - Rédacteur en chef du magazine treffpunkteuropa.de
« Si l’Europe est incapable de protéger ses propres frontières, alors l’idée même du projet européen sera remis en question. » Ces mots du Premier ministre français, Manuel Valls, résume ce qui est en jeu pour l’Union européenne dans les semaines à venir.
Après que l’Autriche ait introduit un seuil d’admission de réfugiés et que la Suède ait commencé progressivement à fermer ses frontières, l’Allemagne se trouve elle-même complètement isolé sur le dossier de la politique d’asile. Une analyse honnête de ces derniers mois. Premièrement, la décision du gouvernement allemand de la suspension effective du règlement de Dublin a augmenté massivement l’afflux migratoire en Europe. Deuxièmement, la coopération entre les pays européens en terme de politique d’asile est maintenant largement dans un vide juridique. Troisièmement, le gouvernement grec ne semble pas en mesure de sécuriser les frontières extérieurs de l’Union européenne, en particulier, le plan d’action conjoint avec la Turquie ne peut être respecter.
L’ouverture des frontières allemandes en août 2015 pour les réfugiés piégés en Hongrie était une décision humanitaire compréhensible. Cependant, cette affaire est devenue une approche politique qui pousse le continent entier à un test d’endurance. Un vrai système de distribution des réfugiés au sein de l’Union européenne semble peu vraisemblable, aussi longtemps que le flux aux frontières extérieures de l’Union européenne demeure incontrôlable et imprévisible.
La chancelière Angela Merkel est face à un choix : L’évidence d’une culture d’accueil illimité en Allemagne est-elle plus importante, que la sécurité, la liberté et l’unité au sein de l’Union européenne ? Une réponse claire sur ce point aux partenaires européens serait d’une importance capitale. Cela pourrait être la première étape pour concentrer les efforts sur la sécurisation des frontières extérieures de l’Europe. L’installation immédiate d’une agence européenne des frontières et des contrôles côtier est aussi important que le renforcement résolu du plan d’action commun entre l’Union européenne et la Turquie.
Donald Tusk a mis en garde les dirigeants européens qu’il ne reste que deux mois pour trouver une solution afin de préserver l’espace Schengen. »
Accueillir les réfugiés pour sauver l’Europe
Hervé Moritz - Rédacteur en chef du magazine Le Taurillon
« Depuis plusieurs mois, les murs refont surface en Europe. Les accords de Schengen avaient supprimé les frontières internes et la libre-circulation est devenue un droit fondamental d’une nouvelle génération d’Européens. Ce projet ne doit pas être sacrifié.
Les chefs d’Etat et de gouvernement européens justifient le rétablissement des contrôles aux frontières en raison de l’afflux massif de réfugiés. Ils sont plus d’un million et les pays du Sud du continent sont débordés. Cependant, les institutions européennes se sont entendues sur des mesures, dont la répartition juste des demandeurs d’asile dans les 28 pays de l’Union et l’aide aux pays les plus en difficulté comme l’Italie ou la Grèce. Il faut à présent les appliquer.
L’Europe ne peut pas échouer face à ce défi historique, parce que c’est le projet européen qui est en jeu, tant ce qui le définit que sa raison d’être. C’est pourquoi elle doit aller plus loin. Face à ce défi commun, il faut une réponse commune, avec une politique d’asile et d’immigration cohérente, l’organisation de l’accueil des réfugiés dans les Etats membres, notamment par la création de centres d’accueil respectant les normes en matière de droits de l’Homme, tout en renforçant le contrôle des frontières extérieures de l’espace Schengen par un corps de garde-frontières européen. Les sondages montrant que les Européens plébiscitent de telles mesures.
Et aux dirigeants qui souhaitent la sortie de la Grèce de l’espace Schengen pour sa gestion défaillante de ses frontières, il faut répondre par la solidarité européenne et non par l’exclusion. A l’heure, où les insulaires grecs pourraient se voir nommer pour le prix Nobel de la paix, les dirigeants européens doivent s’inspirer du courage humaniste de ces citoyens solidaires, qui sauvent chaque jour des centaines de naufragés. Il n’y a de réponse à cette crise qu’humaine, solidaire et commune. »
Suivre les commentaires : |