Qu’est-ce qui vous a le plus surpris concernant le travail au sein du Parlement européen ?
Ce qui m’a le plus surpris, c’est le professionnalisme et l’engagement dans la manière de travailler. Les parlementaires tout comme les collaborateurs de la fraction possèdent de vastes connaissances. Au sein de la fraction, les points de vue sont confrontés de manière collégiale pour pouvoir finalement soumettre une position commune.
Qu’est ce qui vous énerve au sujet de l’Union européenne ?
Rien ne m’“énerve”, mais je pense qu’il est nécessaire de modifier les structures existantes. Le Parlement doit avoir les mêmes droits qu’un parlement normal, pouvoir édicter des lois et pouvoir prendre des décisions dans tous les domaines. Les puissants lobbys devraient avoir beaucoup moins d’influence, par exemple sur la Commission. Il faudrait également réfléchir davantage sur ce qui unit les différents pays de l’Union européenne et les valeurs qu’ils partagent. A cet égard, j’attends notamment de la Hongrie, qui profite grandement des aides financières de l’Union, qu’elle accueille également des immigrés. On ne peut pas, à mon avis, ne prendre que les avantages, sans les inconvénients. Il faudrait se pencher davantage sur les attentes communes. Au sein du Parlement, je souhaiterais que les députés, et en particulier ceux des deux fractions principales, soient plus à l’écoute des bons arguments, en ce qui concerne par exemple les dangers du TTIP, et soient disposés à écouter les opinions dissidentes.
Qu’est ce qui vous plait dans votre travail au sein du Parlement européen ?
En tout état de cause, la diversité culturelle et linguistique représente pour moi un grand bénéfice. Le travail avec les différentes fractions dans les comités est également très enrichissant. En général, les échanges entre les parlementaires sont très respectueux, et peu importe d’ailleurs l’ancienneté. J’ai été accueilli très chaleureusement au sein de mon Groupe des verts/Alliance libre européenne. Il ne faut jamais oublier que même tout seul, on peut changer les choses. Ce qui me tient à cœur, par exemple, c’est d’améliorer les relations entre l’Europe et l’Iran. La question des droits de l’homme est également particulièrement importante, tout comme les problèmes grandissants en matière d’environnement.
En quoi l’entrée au sein du Parlement européen a-t-elle changée votre parti ?
Avoir remporté un mandat au Parlement européen est l’une des plus grandes réussites de l’histoire de l’ÖDP. Même si mon parti a déjà obtenu plus de 400 mandats locaux dans le passé, l’ÖDP n’avait encore jamais eu un député dans un parlement suprarégional. Cela représente un véritable tremplin. C’est un moyen de mettre en avant les thèmes de l’ÖDP de prendre en considération plus que jamais des éléments comme la politique de paix, une agriculture durable respectueuse des animaux et le commerce équitable.
Quel projet vous tient particulièrement à coeur pour les années à venir ?
J’attache une attention particulière aux traités de libre échange TTIP, CETA et TiSA, qu’il faut absolument empêcher. Sans quoi, nos standards écologiques et sociaux seront grandement compromis et notre démocratie grandement menacée à court terme. Car à l’avenir, les intérêts des grosses entreprises pourront faire échec aux décisions démocratiques prises par les élus du Parlement. Les accords avec les pays en voie de développement me tiennent également à cœur, car ceux-ci ont des conséquences catastrophiques sur les populations et contraignent in fine les personnes à quitter leur pays d’origine. Je ne suis pas contre le libre-échange, mais le commerce doit être juste et démocratique, et ne pas reposer exclusivement entre les mains des multinationales.
Comment avez-vous personnellement contribué à changer l’Europe ? Qu’avez-vous accompli ?
Il serait présomptueux de ma part de dire qu’après six mois au sein du Parlement européen en tant que seul député, j’ai changé l’Europe. J’essaie néanmoins d’introduire les idées de l’ÖDP au sein du Parlement, et j’ai trouvé des alliés au sein de mon Groupe des verts/Alliance libre européenne. Si l’on prend par exemple la thématique de l’économie d’énergie, je suis largement soutenu par le groupe.
Quels seront vos souvenirs de cette première année d’Europe politique ?
Cette première année a été marquée par la crise des réfugiés. Une des raisons à ce mouvement de masse est que l’Union européenne n’a pas assez œuvré jusqu’à maintenant concernant l’immigration, sans compter qu’elle en est également responsable.
L’Allemagne fournit des armes au Qatar, alors même que ce pays soutient des groupes rebelles en Syrie, dont l’Etat Islamique. Cela pousse la population à émigrer, tout comme la peur engendrée par le pouvoir en place. Il nous incombe désormais d’accueillir humainement ces immigrés qui viennent chez nous avec humanité. Le fait que certains pays de l’Union européenne n’accueillent pour ainsi dire aucun immigré est absolument inacceptable. Ce faisant, ils dérogent non seulement aux valeurs de l’Europe, mais aussi aux traités qu’ils ont ratifié, comme la charte des Nations Unis sur les droits de l’Homme ou encore la convention de Genève relative au statut des réfugiés.
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