Transition écologique et pandémie : quelles réalités ?

Article paru à l’origine dans le Taurillon en Flam’s (n°18 / Septembre - Novembre 2020)

, par Maria Semenova

Transition écologique et pandémie : quelles réalités ?
Crédits : PxHere

Le 14 octobre, la Commission européenne a présenté de nouvelles réglementations environnementales à propos de la rénovation énergétique, l’émission du méthane et l’autorisation des produits chimiques. Ils s’ajoutent à une liste étendue d’initiatives en faveur de l’écologie mise en place depuis le début de la pandémie dans le cadre du Green Deal.

Renforcement du tournant vert européen depuis le début de la crise du Covid-19

En effet, la Commission s’est également engagée dans la lutte contre l’appauvrissement de la biodiversité, a promis une transformation de son système énergétique et souhaite rendre l’alimentation plus durable. Lors du discours sur l’état de l’Union, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen s’est dit prête à obtenir une baisse des émissions de carbone de 55% d’ici à 2030, et non plus 2050, la date initiale dans le Green Deal. En effet, la catastrophe de la crise sanitaire rappela la nécessité urgente du Green Deal, dont la proposition fut faite l’année dernière lors du sommet européen le 12 décembre 2019. Comme l’a fait remarquer le commissaire européen Fans Timmermans lors de la présentation par la Commission de la stratégie en faveur de la biodiversité, "La crise du coronavirus a montré à quel point nous sommes tous vulnérables et combien il est important de rétablir l’équilibre entre l’activité humaine et la nature".

Crise sanitaire et pandémie sont intrinsèquement liées.

En effet, la crise sanitaire est la conséquence directe de la crise écologique qui sévit depuis des années dans nos sociétés. Le coronavirus (plus exactement le SARS-CoV-2) est une zoonose ; une maladie infectieuse transmise au monde des humains par le monde animal. Le Covid-19 est loin d’être un cas isolé puisque 75% des nouvelles maladies infectieuses sont des zoonoses ; un pourcentage qui risque de flamber dans les prochaines décennies selon les avertissements de l’ONU. Si les zoonoses ont toujours existé dans les civilisations humaines à cause de notre mode de vie proche du monde animal, mais la crise environnementale a exacerbé pleinement le phénomène. L’activité humaine et la destruction de la biodiversité augmentent les migrations de la faune sauvage et la fréquence des contacts entre le monde sauvage et humain, ce qui favorise la transmission rapide du virus. L’élevage intensif se révèle être un excellent incubateur du virus et une passerelle facile jusqu’à l’Homme.

« La santé humaine, la santé animale et la santé de l’écosystème ne font qu’un », rappelle Ursula Von der Leyen.

S’engager dans la lutte pour l’écologie est donc indispensable pour « prévenir l’apparition de futures épidémies », souligne Fans Timmermans. C’est pourquoi la transition écologique est au cœur des priorités de la Commission européenne. Ursula Von der Leyen s’est dite prête à mobiliser tous les moyens pour parvenir à la neutralité carbone d’ici 2050 fixée par le Green Deal. « Aujourd’hui, il s’agit de réconcilier l’économie avec la planète » affirme-t-elle. Elle souhaite également allier les deux combats que mène actuellement l’Europe contre les crises sanitaire et environnementale. Par conséquent, le plan de relance européen "Next Generation UE", mis en place pour venir en aide aux États membres en récession économique, sera conditionné aux réformes environnementales entreprises par les pays.

"Il nous faudrait un Covid tous les ans" pour respecter l’accord de Paris sur le climat.

L’affirmation de Jean-Marc Jancovici, président du think-tank "The Shift Project", est un brin provocateur mais reflète bien le sentiment général. Le chantier paraît immense et les objectifs écologiques semblent inatteignables depuis des décennies. Pourtant, la crise du Covid-19 nous a pas seulement rappelé la nécessité de parvenir à respecter les objectifs de l’Accord de Paris, mais également que la réalisation de ces objectifs est possible. Selon le dernier rapport du PNUE, le monde doit diminuer ses émissions mondiales de gaz à effet de serre de 7,6 % par an entre 2020 et 2030 pour limiter l’augmentation des températures à 1,5°C, fixée par l’Accord de Paris. Un objectif qui s’est relevé atteignable « grâce » à la crise du coronavirus, puisque les émissions mondiales de CO2 ont diminué de 7,74 % au 1er semestre 2020 par rapport au 1er semestre 2019. On a plus qu’à espérer que la crise du coronavirus soit un électrochoc.

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