La rencontre UE-Turquie à Ankara : les droits des femmes avant tout ?

, par Martin Laprovitera

La rencontre UE-Turquie à Ankara : les droits des femmes avant tout ?
Ursula von der Leyen lors de la session plénière du Parlement européen, le 26 avril 2021 (Source : EP, par Jan VAN DE VEL)

Débat houleux ce 26 avril lors de la séance plénière du Parlement européen. Les députées et députés ont échangé sur les résultats de la rencontre UE-Turquie à Ankara du 6 avril passé. Malgré des sujets très variés, le débat s’est majoritairement concentré sur l’incident diplomatique qui a eu lieu lors de cette rencontre, quand Ursula von der Leyen a été laissée « protocolairement » à l’écart des négociations.

Le 11 mai 2011 : 45 Etats (dont la Turquie) et l’Union européenne ont signé, lors de la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (connue comme « la Convention d’Istanbul »), un traité ayant pour objectif de se mettre d’accord sur une réaction commune face aux violences faites aux femmes.

Le 26 avril 2021 : presque 10 ans après et à l’occasion de la séance plénière du Parlement européen, le débat continue sur les actions à entreprendre pour lutter contre les violences faites aux femmes, quelles qu’elles soient. L’incident diplomatique à Ankara ou le « Sofagate » et la sortie de la Turquie de la Convention d’Istanbul, mettent en doute l’avancement sur ce sujet.

Sommes-nous en train de faire marche arrière ? En tout cas, selon Ursula von der Leyen, il y a encore du travail à faire : « cela montre aussi à quel point le chemin est encore long jusqu’à ce que les femmes soient traitées à égalité toujours et partout ».

Lors de cette séance, divers députées et députés ont remis en question certains comportements de l’Union européenne à l’égard des droits des femmes, des droits humains et de ses propres valeurs. Parmi les autres sujets évoqués, on trouve la question de Chypre, l’avancement militaire turc en Méditerranée orientale, les réfugiés, les relations Turquie-Grèce ou encore le génocide arménien, sans qu’aucun ne prenne autant d’importance. De même, la progression des vaccinations contre la Covid-19 a été évoquée durant la réunion, même si cela n’était pas spécifiquement lié à la rencontre UE-Turquie.

On retiendra que les députées et députés ont demandé un changement d’attitude de l’Union européenne vis-à-vis de la Turquie.

« Pour moi, c’est arrivé parce que je suis une femme »

C’est comme ça que Ursula von der Leyen a défini l’incident diplomatique à Ankara. Durant le débat, les femmes députées ont appelé à une vraie action de la part de l’UE à l’égard de l’égalité de genres.

Certaines ont focalisé le débat sur l’inaction de l’Union européenne face à la violation des droits humains en Turquie : « Vous avez donné votre feu vert au régime de continuer son action répressive sur ces gens [l’opposition politique], pourquoi est-ce que vous l’avez fait ? » questionne Özlem Demirel (Gauche/Allemagne), ou bien Nathalie Loiseau (Renew/France) : « Le vrai scandale à Ankara, ce sont les violations des droits de l’Homme qui sont commises, les attaques contre les droits des femmes, le recul de la démocratie, les actions inamicales contre des pays européens, le rôle déstabilisateur de la Turquie (…) ». D’autres, comme Alice Kuhnke (Verts-ALE/Suède), demandent que les femmes soient à la table des négociations, et font de cela une condition nécessaire aux futurs échanges avec la Turquie.

Erdogan était aussi au centre des critiques : « Je suis choquée, mais je ne suis pas surprise » a réagi Heléne Fritzon (S&D/Suède). D’autres, comme Clara Ponsatí Obiols (non-inscrits/Espagne), ont accusé Erdogan d’être un "dictateur’’, questionnant le fait que l’Union européenne ait des rapports un tel “régime autoritaire”.

Charles Michel dans l’œil du cyclone

De droite à gauche, les leaders des groupes politiques du Parlement ont exprimé leur déception face à l’inaction de Charles Michel lors de l’incident. D’abord, Iratxe García Pérez (actuelle présidente du S&D/Espagne) s’est fermement adressée au Président du Conseil européen : « Justement c’est ça le problème, vous ne vous en rendez pas compte ! C’est ça ce qui doit changer au sein de notre société ». Il en va de même pour Ska Keller (Verts-ALE/Allemagne) « si vous traitez la Présidente de la Commission de cette façon, et bien, aucune femme ne peut s’attendre un traitement différent de votre part » ou encore Assita Kanko (CRE/Belgique) « Moi aussi j’attendais beaucoup de vous, vous avez été du mauvais côté de la chaise ».

Les vaccinations, un sujet pour changer de sujet

Néanmoins, certaines des députées ne se sont pas prononcées sur l’incident diplomatique d’Ankara. Tel est le cas de Edina Tóth (non-inscrits/Hongrie), qui commence directement son discours en demandant une accélération des vaccinations en Europe : « il nous faut le plus de vaccins possibles dans l’Union européenne » et qui demande de « suivre l’exemple hongrois » en ce qui concerne son relatif succès dans sa campagne de vaccination ; ou encore Elizbieta Rafalska (ECR/Pologne), ayant l’air plus critique sur le débat : « Nous parlons de sofa, de canapé, de diplomatie, c’est très bien. Mais il nous faut quand-même veiller maintenant à ce que toutes les actions liées à la pandémie soient bien coordonnées, c’est ça qui déterminera si oui ou non nous pouvons rétablir la confiance avec nos citoyens ».

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