Une dette abyssale
Sur le papier, l’anti austérité a remporté haut la main les élections législatives de janvier. Mais le triomphe du parti de gauche radicale Syriza, pleine d’espérance pour les Grecs, ne bouleverse pas pour autant la situation catastrophique dans laquelle se trouve la Grèce. Si le nouveau Premier ministre, Alexis Tsipras, a déjà annoncé quelques mesures phares comme l’augmentation du salaire minimum, la gratuité de l’électricité pour 300 000 foyers pauvres ou l’embauche de plusieurs agents publics, il lui faudra trouver des fonds pour tenir ses promesses.
Or la dette abyssale de 321 milliards d’euros, soit 175% du PIB, doit être remboursée et l’État ne dispose plus d’aucune liquidité, selon le journal grec Kathimerini. La croissance de 3% attendue cette année ne permettra pas de faire respirer les finances et allègera à peine cette incommensurable dette. Détenue principalement par des créanciers internationaux parmi lesquels la Banque centrale européenne, les États de la zone euro et le Fonds monétaire internationale, elle risque d’empêcher le pays de se reconstruire et de lui confisquer toutes ses économies.
« Nous devons mener des réformes en Grèce pour que notre pays devienne crédible », a expliqué Alexis Tsipras à François Hollande la semaine dernière à Paris. Car tout l’enjeu est là, constituer une administration solide capable de récolter des impôts et de faire fonctionner cet État fantôme et poreux de toute part. Mais la fiabilité d’Athènes passe surtout par le paiement des prêteurs qui lui ont fait confiance.
Tsipras au pied du mur
Conscient de ce problème, Alexis Tsipras, désirant d’abord effacer une partie du fardeau, cherche désormais à le restructurer. Indéniablement, il s’ouvre aux discussions et se dit prêt à faire des concessions. Il propose d’aménager les échéances de remboursement ou de les suspendre le temps que l’économie grecque reprenne son souffle. Il refuse cependant de recevoir les dernières tranches d’aide promises par la Troïka (BCE, Commission européenne et FMI), arguant que ces nouveaux prêts augmenteraient encore l’insoutenable dette.
Les créanciers du pays, eux, s’affolent et craignent de renoncer à leurs prêts. Les négociations entre les parties se sont sérieusement tendues jeudi 4 février lorsque la BCE a coupé ses financements aux banques helléniques déjà à court de capitaux. Mario Draghi assure qu’il ne peut plus soutenir un pays qui sort du plan d’aide. Il envoie surtout un message éminemment politique aux gouvernements européens qu’il oblige à négocier sous peine de laisser la Grèce faire défaut.
Dans ce dédale financier, Tsipras qui rejette la sortie de l’euro et de l’Union, joue l’équilibriste sans faire de miracle. Les Européens aussi se perdent dans ce labyrinthe grec entre les mots plus ou moins violents et déterminés du gouvernement Syriza. Ni les Grecs ni les Européens ne savent où ils vont et chacun doit prendre ses responsabilité avant la catastrophe. Le Minotaure guette et la faillite avec.
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