La vidéo, intitulée « Jean-Claude Juncker en mode WTF [1] » est un montage habile des échanges entre le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et les nombreux participants au sommet, lors d’une des traditionnelles séance photo permettant à chaque journaliste de rapporter une image de « son » leader posant avec les dirigeants de l’Union européenne.
Vieux routard des sommets diplomatiques, Juncker connait la plupart des intervenants de longue date. Il échange avec eux des plaisanteries et fait preuve lors de cet exercice fastidieux d’une familiarité surprenante pour l’observateur que le montage rend particulièrement amusante.
Cette séquence m’inspire quelques observations.
1) L’excellent travail journalistique du Petit Journal mérite d’abord d’être salué, notamment sur les affaires européennes. Tout en demeurant dans son genre, l’émission couvre en effet plus souvent ces sujets que beaucoup d’autres programmes d’information. Ils ont par exemple reçu en janvier le président du Parlement européen Martin Schultz.
2) Le site du journal Libération qui avait titré initialement « un technocrate sans filtre » a finalement modifié ce terme erroné pour « la diplomatie sans filtre ». Jean-Claude Juncker est bien un politique, issu des élections européennes. Le processus de sélection des membres de la Commission est bien plus transparent et rigoureux que celui des membres des gouvernements de la plupart des États membres.
3) Ce titre et cette séquence ont le mérite de démontrer la véritable nature des « sommets européens », qui se sont parés du titre d’institution européenne, c’est à dire un exercice relevant de la diplomatie traditionnelle, qui n’a pas beaucoup changé depuis le Congrès de Vienne, qui ne peut prétendre tenir lieu de gouvernance pour l’Union européenne. Le cérémonial fait passer chacune de ces rencontres pour un événement exceptionnel dont il faut conserver la trace pour l’Histoire avec la photo de groupe, où l’on arrive sur un tapis rouge, où l’on se comporte un peu comme à un mariage royal anglais.
4) Orban devrait se demander pourquoi on le traite, même sur le ton de la plaisanterie, de dictateur. La plupart des dirigeants politiques européens s’en inquiéteraient. Même si le qualificatif relève encore de l’outrance (il n’est pas un Poutine ou un Chavez) l’évolution de la Hongrie préoccupe à juste titre les Européens qui devront peut être bientôt réagir.
Félicitons-nous donc que le président de la Commission s’affranchisse des rites désuets de la diplomatie internationale dont l’Union européenne doit se débarrasser : la politique européenne c’est de la politique intérieure. Elle nécessite donc une démocratie européenne que le Conseil européen n’incarne pas et n’incarnera jamais.
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