Reims : à l’origine du couple franco-allemand

, par Frey Camélia, Taurillon Grand Est

Reims : à l'origine du couple franco-allemand
GetArchive Rue principale de Reims détruite lors d’un conflit franco-allemand, avec la cathédrale en fond.

Le traité de l’Elysée du 22 janvier 1963 est souvent présenté comme le début de l’amitié franco-allemande. Seulement, les livres d’histoire omettent le rôle central qu’a joué Reims dans ce rapprochement, rôle que la ville souhaite aujourd’hui rappeler.

Une ville à la source de la réconciliation

Sur le parvis de la cathédrale de Reims se trouve, pour qui sait baisser le regard, une curieuse plaque commémorative. Le flâneur, reposant son cou las d’admirer l’édifice gothique, y lit le message suivant : “Excellence le chancelier Adenauer et moi-même venons dans votre cathédrale sceller la réconciliation de la France et de l’Allemagne.’ La trace, laissée par le Général de Gaulle, témoigne de l’importance du 8 juillet 1962.

Ce jour-là, le président français est arrivé à la cathédrale accompagné dans la même voiture du premier chancelier fédéral allemand Konrad Adenauer. Ce geste traduit la volonté de coopération des deux chefs d’État qui sont venus assister à la ‘messe pour la paix’ de l’archevêque de Reims.

Généralement connue comme la ville des rois de France et du champagne, Reims devient aussi le point de départ de l’amitié franco-allemande. De Gaulle croit alors à ‘la grande tâche européenne et mondiale qu’ont à accomplir en commun les Germains et les Gaulois’*, vision partagée par son homologue allemand. C’est donc à Reims que s’effectue le premier pas de la réconciliation.

*Extrait de Daniel Pellus, Reims 1900-2000 - Un siècle d’événements. © Éditions Fradet, 2001.

Une ville historiquement symbolique

Le choix du lieu de cette cérémonie n’est pas anodin. Au cours du IXe et XXe siècles, Reims, située entre la frontière franco-allemande et Paris, est continuellement victime des conflits.

La Champagne a ainsi été occupée par l’armée prusse de Guillaume Ier en 1870. Quarante-cinq ans plus tard, Reims est presque entièrement détruite par les bombardements de la Grande Guerre qui fait rage dans les tranchées marnaises.

En 1945, le collège technique et moderne de la ville (aujourd’hui lycée Roosevelt) accueille le quartier général des alliés en Europe commandé par l’américain Eisenhower. C’est enfin dans la ‘War room’ de ce collège qu’est signée la reddition du IIIème Reich le 7 mai 1945.

La capitulation met fin à la Seconde Guerre mondiale et met également fin à la longue inimitié franco-allemande. Robert Schuman propose alors de la remplacer par un projet de coopération lors de sa déclaration du 9 mai 1950 : ‘Le rassemblement des nations européennes [qui] exige que l’opposition séculaire de la France et de l’Allemagne soit éliminée’**.

La ville des sacres, martyre historique, est ainsi l’endroit idéal pour porter les principes fondateurs de la construction européenne : le maintien de la paix et la réconciliation des deux rives du Rhin.

**Extrait de Robert Schuman, Déclaration du 9 Mai. © Fondation Robert Schuman, 1950.

Une ville qui entretient son héritage européen

Ces deux principes européens sont toujours aussi importants des décennies plus tard. Pour preuve, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel se sont déplacés, tout comme leurs prédécesseurs, à Reims le 8 juillet 2012 pour célébrer les cinquante ans de l’amitié franco-allemande. Les chefs d’États ne sont cependant pas les seuls à faire vivre cet héritage européen, il est aussi préservé par la ville et ses citoyens.

Depuis 1967, Reims a développé un jumelage avec Aix-la-Chapelle dont le comité est instigateur de visites historiques, d’événements commémoratifs, d’échanges scolaires, sportifs et culturels. Plus récemment, la ville et l’association Reims2028 ont candidaté pour devenir capitale européenne de la culture. Bien que le dossier n’ait pas été présélectionné, il a tout de même permis la promotion de projets de concertation et d’assemblage citadin.

De plus, la société civile rémoise prend part au rayonnement européen de la ville en contribuant aux activités du centre Europe direct Reims Grand Est et des associations Mouvement Européen Marne ainsi que Jeunes Européens - Reims. Ces derniers travaillent notamment avec la mairie sur un label reconnaissant à Reims son statut de ville européenne, longtemps ignoré.

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