C’est la première fois qu’un responsable politique d’extrême-droite obtient un poste aussi stratégique au sein de la Commission européenne. Mercredi 27 novembre, le Parlement européen a validé la composition du nouvel exécutif européen, confirmant ainsi la place de Raffaele Fitto, ancien ministre de Giorgia Meloni en tant que “vice-président exécutif”, chargé de la cohésion et des réformes.
La politique dès le plus jeune âge
Issu d’une famille bourgeoise, avec pour modèle un père politicien, président de la région des Pouilles, Raffaele Fitto baigne très vite dans la politique. Il perd son père à l’âge de seulement 19 ans, et choisit alors d’entrer en politique, d’abord sous l’étiquette du parti de la “démocratie chrétienne”, un parti conservateur du centre-droit italien.
Dans les années 90, il opère un virage à droite, et rejoint Silvio Berlusconi et son parti Forza Italia. Il continue de suivre les pas de son père, en prenantla présidence de la région des Pouilles, avant de devenir député, et finalement ministre des Affaires régionales en 2008. C’est d’ailleurs dans ce gouvernement qu’il rencontre la ministre de la Famille de l’époque, une certaine… Giorgia Meloni.
L’Europe au coeur des ses mandats
Les élections européennes de 2014 lui permettent d’obtenir un siège au Parlement européen, où il siège d’abord au sein du Parti populaire européen (PPE) pendant un an, avant de finalement rejoindre le plus radical groupe des conservateurs et réformistes européens (ECR). Au total, il passe 8 ans entre Strasbourg et Bruxelles, avant de délaisser, en 2022, l’hémicycle européen pour revenir à Rome. Il est alors l’un des noms connus du parti d’extrême-droite Fratelli d’Italia de la dirigeante Giorgia Meloni… Dont il devient ensuite le ministre des Affaires étrangères et européennes.
En comparaison avec les autres membres du parti, Raffaele Fitto apparaît comme une figure plus modérée, avec des positions moins radicales et visé par moins de polémiques que la plupart des responsables de Fratelli d’Italia. C’est probablement en partie pour cette raison que Giorgia Meloni l’a choisi comme candidat pour entrer à la Commission européenne, espérant ainsi laisser sa marque tout en évitant de trop rebuter ses adversaires politiques.
La dirigeante italienne s’était félicitée, au moment de la présentation de la Commission européenne, d’une “reconnaissance importante qui confirme le nouveau rôle central de notre nation au sein de l’UE”.
Un soutien fragile du Parlement européen
Son apparence “modérée” n’a toutefois pas suffi à convaincre les groupes de gauche au Parlement européen : les sociaux-démocrates (S&D) ont même fait de sa nomination leur ligne rouge, refusant de négocier un accord pour la Commission tant que le candidat d’extrême-droite serait en lice pour une vice-présidence.
Pourtant, après des semaines de négociations tumultueuses, Raffaele Fitto a finalement été approuvé par le Parlement européen. Le vote global de la Commission l’a confirmé à sa place de vice-président, et il a même pu bénéficier du vote de députés européens du groupe S&D - bien que dans l’ensemble, il s’agisse du soutien le plus réduit pour une nouvelle Commission depuis 30 ans. Autre fait important, parmi les partis ayant voté pour la composition de la Commission figure le parti Fratelli d’Italia, qui avait pourtant voté contre la nomination d’Ursula von der Leyen trois mois auparavant - peut-être une marque de remerciement d’avoir nommé un vice-président issu du parti d’extrême-droite.
Entré en fonction le 1er décembre, Raffaele Fitto a à présent la charge de la politique de cohésion de l’Europe, le développement des territoires et la gestion des fonds structurels. Son portefeuille représente plus de 392 milliards d’euros pour le cadre financier pluriannuel 2021-2027, soit plus d’un tiers du budget total de l’UE pour cette période.
Suivre les commentaires : |