Processus de Bologne : et si mon diplôme était reconnu à l’étranger ?

, par Sébastien Lotte

Toutes les versions de cet article : [English] [français]

Processus de Bologne : et si mon diplôme était reconnu à l'étranger ?
Fondée en 1088, l’université de Bologne est considérée comme la première et la plus ancienne université européenne. Photo : Flickr - SeraTJ - CC BY-SA 2.0

Dans leur numéro automnal du Taurillon en Flam’s, les Jeunes Européens - Strasbourg publiaient cet article sur le Processus de Bologne, dont les acquis pourraient sembler logiques aujourd’hui mais dont la pratique reste parfois encore inconnue. Surtout, ce processus a-t-il permis une véritable harmonisation de l’enseignement supérieur européen ?

Le processus de Bologne est une initiative de rapprochement des systèmes universitaires européens. Dès 1998, 29 pays signataires font le pari de s’engager sur un accord commun pour rapprocher les différents systèmes d’enseignement supérieur en Europe.

Au vu de la croissance et de l’élargissement des compétences de l’Union européenne dans les années suivantes, il a fallu attendre jusqu’en 2010 pour voir la création de l’Espace Européen de l’Enseignement Supérieur (EEES).

Cette initiative a été mise en place pour faciliter la reconnaissance des qualifications et des diplômes dans les différents pays en Europe et au-delà. En effet, l’initiative a largement dépassé le cadre de l’Union européenne puisque que nous pouvons actuellement compter 48 pays membres de cet espace européen universitaire. Mais pourquoi autant d’intérêt ? Dans le contexte de mondialisation dans lequel nous nous trouvons, difficile de passer à côté d’une harmonisation universitaire. Il s’agit en réalité d’un accord européen, qui permet une convergence afin que les systèmes universitaires européens soient interopérables. L’enjeu est de donner une dimension européenne à l’enseignement supérieur.

Dans les faits, cela se traduit principalement par l’augmentation des opportunités de mobilité pour des étudiants, des enseignants et des chercheurs. Après avoir passé plusieurs mois / plusieurs années dans un autre pays et une autre culture, de nombreux jeunes universitaires voient augmenter leurs possibilités profesionnelles à une échelle européenne et internationale. Cette initiave vise à ce que les qualifications acquises dans un pays soient reconnues à une plus grande échelle afin notamment d’obtenir un emploi ou une formation dans un autre pays.

Mais comment ça marche dans la pratique ?

Les pays signataires ont instauré le système des ECTS (European Credit Transfer System). Il s’agit de quantifier par des points des matières de base différentes selon les pays. Cette harmonisation doit permettre plus de souplesse pour l’étudiant dans l’élaboration de son emploi du temps. Par la suite, le processus de Bologne a généralisé l’instauration du système LMD (licence-master-doctorat) qui a permis que les mêmes diplômes soit reconnus dans d’autres pays pour faciliter la reconnaissance internationale des diplômes et qualifications en vue d’une meilleure insertion professionnelle. Ces différentes réformes contribuent à rendre les universités et écoles supérieures européennes plus compétitives et plus attrayantes vis-à-vis du reste du monde. De plus, cela contribue à construire une identité européenne en faisant vivre aux jeunes une véritable expérience interculturelle.

Avoir une reconnaissance européenne c’est bien, mais à quel prix ?

A première vue, ce Processus de Bologne semble idéal et fondamentalement adapté à la société et aux enjeux de notre époque. Cela dit, pour bien des aspects il reste vivement contesté. L’harmonisation n’est pas toujours au goût de chacun, en particulier lorsque certaines réformes à visée néolibérale remettent en question la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Les craintes soulevées sont notamment liées à une augmentation des frais d’inscription dans l’ensemble des pays membres. Difficile donc pour un pays comme la France, connu pour son aspect d’Université accessible, de ne pas perdre des plumes dans cette harmonisation européenne. À quelles conditions pourrait-on alors créer une véritable harmonisation de l’enseignement supérieur européen ? Peut-on s’attendre à voir un jour un label « diplôme européen » ? Et quelles sont les limites à ne pas franchir pour laisser aux pays membres de quoi se différencier culturellement au sein d’une Europe diversifiée ? Étudier à l’étranger, c’est à dire dans une autre culture, c’est aussi apprendre à étudier différemment. N’oublions pas qu’« harmoniser » ne veut pas dire « standardiser ».

Pour lire le dernier numéro du Taurillon en Flam’s et relire les précédents, rendez-vous sur le site des Jeunes Européens - Strasbourg.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom