Au début d’hiver 2014, les autorités européennes souhaitaient sécuriser leur approvisionnement en énergie. Ces dernières années, nombreux sont les Etats membres à avoir augmenté de manière exponentielle leur dépendance énergétique envers les pays tiers, au premier rang desquels la Russie qui occupe une place de choix. On estime que l’Union européenne importe 53% de sa consommation d’énergie. Ce chiffre masque cependant d’énormes divergences entre les Etats membres.
Une dépendance orchestrée par les Etats membres
L’origine de cette dépendance énergétique est multiple. Si la faiblesse de la politique européenne de l’énergie en est une, la crise économique a aussi découragé certains Etats membres à investir dans les infrastructures énergétiques - renouvelables ou non - ou dans la rénovation de leurs infrastructures vieillissantes. Dans ce contexte morose, de nombreux pays hors-Union ont aussi profité de l’absence « d’autoroutes de l’énergie » entre les 28 pour signer des partenariats d’approvisionnement avec certains d’entre eux. Ce fut par exemple le cas du pipeline « North Stream », transitant par la Mer du Nord et permettant à l’Allemagne de bénéficier du gaz russe depuis 2012. Angela Merkel et François Fillon, présents lors de son inauguration en 2011, avait-il cependant la moindre idée que trois ans plus tard, ce pipeline pouvait permettre à la Russie de faire pression sur les Européens ?
Peser sur la scène internationale ou la géopolitique de l’énergie
Cet exemple illustre bien les enjeux de la politique énergétique européenne. Cette situation, marquée par l’absence d’un marché unique de l’énergie, et où chaque pays demeure maître de son bouquet énergétique, ne peut qu’empêcher l’Union européenne de peser sur la scène diplomatique et notamment face à la Russie, qui peut souffler le chaud et le froid en Europe durant l’hiver. Cette situation autorise ainsi les dissensions entre les membres de l’Union sur plusieurs dossiers diplomatiques, notamment quand ils concernent un fournisseur d’énergie. L’attitude amicale du premier ministre hongrois, Viktor Orban, envers le président russe et les dirigeants de Gazprom, principale compagnie gazière russe, n’est que le reflet de cette problématique, celui-ci ayant été jusqu’à montrer des réticences envers les sanctions à l’égard de la Russie. Le « petit Poutine », surnommé ainsi par l’opposition hongroise, a également évoqué un « profond différent » avec le projet d’Union de l’énergie, présenté par Maroš Šefčovič, commissaire européen à l’Union énergétique, fin février.
Ce projet de l’Union de l’énergie apparaît comme l’une des clés pour renforcer l’indépendance énergétique de certains pays. Un marché européen entièrement connecté pourrait ainsi créer une solidarité énergétique entre les Etats, leur permettant ainsi de supporter les potentiels défauts d’approvisionnement en énergie. Par ailleurs, cette Union permettrait de peser plus lourdement dans les négociations avec les fournisseurs d’énergie, mais aussi d’apparaître plus unis lors des grandes conférences environnementales où les questions énergétiques tiennent une place centrale. La prochaine, la COP21, aura lieu à Paris en novembre-décembre 2015.
1. Le 15 avril 2015 à 19:22, par El gaucho francés En réponse à : Pour une réelle diplomatie de l’énergie
Comme vous le dites« Ce chiffre masque cependant d’énormes divergences entre les Etats membres. » Je ne vous le fait pas dire. Regardez cette carte : http://www.robert-schuman.eu/images/questions/qe-279-1-fr.jpg Entre la Pologne qui produit de l’énergie avec le lignite, L’Europe de l’Est qui dépend énormément des hydrocarbures russes ou encore la France, très nucléarisée (l’uranium provenant surtout d’Afrique de l’Ouest) et dont les hydrocarbures qu’elle consomme viennent très peu de la Russie,... les enjeux de la dépendance énergétique sont vraiment propres à chaque pays.
En ce qui concerne une possible politique européenne de l’énergie, le sujet est trop fondamental au point de vue géopolitique et les situations énergétiques sont si différentes (cf.ci dessus et http://www.geopolitique-geostrategie.fr/img/new.jpg) pour que des pays aux intérêts éminemment divergents fassent une politique commune.
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