Partis pan-européens : développer l’intérêt des citoyens ?

, par Sarah Vanseveren

Partis pan-européens : développer l'intérêt des citoyens ?

Les élections européennes approchant, la question de leur place au sein des Etats membres se pose avec acuité. Souvent considérées comme des élections de moindre importance, le taux de participation en témoigne, une européanisation des élections semble actuellement nécessaire pour tenter d´attiser la participation, mais également la politisation du débat au niveau européen.

Les élections européennes ne provoquent pas l´engouement des citoyens européens. En cause, l’échec des actuels groupes politiques européens. Se définissant comme des partis supranationaux, ils ne constituent pas de véritables partis paneuropéens, et ne parviennent donc pas à susciter un véritable débat autour d’enjeux européens. Une européanisation des élections pourrait ainsi s’incarner dans la formation de véritables partis paneuropéens. Etymologiquement paneuropéen signifie : qui regroupe toute l’Europe, tous les Européens. Il s’agit de partis supranationaux, et pas seulement d’une association de partis nationaux, ce que sont en réalité les actuels groupes politiques présents au Parlement Européen. Nous pourrions en définitive définir des partis paneuropéens comme des partis possédant une indépendance propre, n’étant pas reliés à un état membre ou des partis politiques nationaux, et se focalisant sur des thèmes et enjeux européens.

Des partis véritablement paneuropéens

L’idée n’est pas nouvelle ; déjà évoquée dans des résolutions du parlement européen, mais également notamment dans le discours annuel sur l’état de l’Union prononcé devant le Parlement européen à Strasbourg, du président Barroso, ce dernier a déclaré : « […] le débat politique semble bien trop souvent se limiter aux partis nationaux. Même lors des élections européennes, le nom des partis politiques européens ne figure pas sur l’urne, on assiste à un débat national entre partis politiques nationaux. C’est pourquoi nous devons revaloriser les partis politiques européens ».

Dès lors, les partis paneuropéens pourraient en partie résoudre cette incohérence qui consiste à voter pour des listes à base national pour des élections, qui sont justement supranationales. Ils auraient en effet des programmes communs et une position claire au niveau européen, permettant ainsi de faciliter la compréhension des citoyens, et de mener des campagnes autour d’enjeux clairement européens.

Dans la suite de son discours, le président de la Commission évoque un autre aspect, et de fait il encourage l’idée, dès les élections de 2014, de nommer des têtes de liste afin que chaque parti politique européen présente un candidat au poste de président de la commission. Certes ceci n’est donc pas une mesure seulement réservée aux partis paneuropéens puisque les actuels groupes politiques peuvent le mettre en œuvre. Néanmoins cela prendrait tout son sens dans le cadre de partis supranationaux.

Il s´agit en effet via de tels partis, de personnaliser le débat politique européen, autour de la nomination claire d´une tête de liste pour le poste de président de la commission. Pour davantage de cohérence, mais également pour créer de réels enjeux pour les citoyens européens, afin que ceux-ci puissent débattre en toute connaissance de cause des thèmes européens.

L’instauration de ces partis présente donc quelques avantages, et semble toutefois nécessiter une légère réforme structurelle.

Des modifications structurelles pour faciliter l’émergence des partis paneuropéens

Sans évoquer des détails par trop techniques, la Commission Européenne a proposé dès 2012 un projet devant faciliter l’émergence de partis paneuropéens, notamment en leur accordant plus facilement la personnalité juridique. Actuellement, beaucoup de partis pour exister, ont un statut associatif lié à Bruxelles. Un tel changement statut exigerait en contrepartie des règles de transparence et de démocratie interne. Cela modifierait également de financement, qui serait pris en grande partie en charge par le budget européen, garantissant ainsi une certaine indépendance pour ces partis. La Commission a donc une politique claire visant à promouvoir l’émergence de tels partis. D’autre part, la création de partis, proprement européen, présenterait un avantage indéniable concernant l’adhésion. Cela représente en effet la possibilité d´adhérer directement à un parti politique européen, sans être membre au préalable d´un parti national comme c´est le cas actuellement. Et encore une fois, ce sont avant tout des avancées vers la création d’une sphère publique européenne, via le développement du débat politique au niveau européen.

L´UE a besoin de sa propre sphère politique pour renforcer sa légitimité. A des enjeux supranationaux et des élections supranationales, doit également correspondre un système politique supranational Celui actuel est encore trop frileux pour prendre à bras le corps les enjeux futurs de l´UE. Un débat politique est nécessaire, pour voir un panel d’avis s´exprimer, mais aussi pour construire une Europe en accord avec les souhaits des citoyens européens.

Des avancées pour les prochaines élections

Ne jouons pas les oiseaux de mauvais augure et soulignons les éléments positifs déjà entrepris concernant ce thème, et notamment dans la perspective des prochaines élections.

La plupart des fédérations politiques européennes ont pris en compte pour les élections à venir, la nécessité de politiser le débat. De fait, elles ont notamment retenu l’idée de nommer des têtes de liste pour clarifier les candidats potentiels au poste de président de la commission européenne. La fédération des partis socialistes l’a entrepris, le groupe politique des verts européens également, puisqu’il organise même une primaire via internet, accessible à tous les citoyens européens. Certes les partis pan européens ne sont pas encore la norme, et le débat s’exercera certainement encore une fois sur un agenda national, mais la politisation du débat est en marche, et quelques partis supranationaux, bien que peu connus, ont vu le jour, tel que le « Parti Fédéraliste Européen », créé en 2011.

Le débat autour des candidats au poste de président de la Commission peut donc sembler représenter une première étape dans la création de parties paneuropéens, et surtout, dans l’émergence d’un réel débat politique. Les élections européennes ne doivent en aucun cas rester des élections de second plan. Les partis paneuropéens peuvent être à l’avenir un moyen efficient d´augmenter l´intérêt des citoyens, et pourquoi pas, de voir l´émergence d´une sphère publique européenne ; concernée par les mêmes thèmes et débattant de concert.

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