News d’Europe : et chez toi, comment se passe le déconfinement ?

, par Alexiane T-B

News d'Europe : et chez toi, comment se passe le déconfinement ?
Photo : licence Pixabay

Le 7 mai dernier, Édouard Philippe a présenté le plan de déconfinement en France, basé sur une carte présentant deux groupes de régions, rouges ou vertes. Or, ce n’est pas une mesure aux conséquences purement nationales, mais européennes également. En effet, les scientifiques soulignent que les modalités de déconfinement influent sur la circulation du virus au sein des populations. Les vacances d’été approchant, je pars du principe qu’il y aura des flux de voyageurs significatifs, au moins entre les pays voisins.

Quelles sont les mesures prises au sein de l’Union ? Quel est le ressenti des Européens ?

Petit point des mesures prises au sein de l’Union

Tout d’abord, les premières mesures prises pour amorcer un déconfinement concernent la jeunesse et les commerces. Le but est clairement affiché : d’une part, éviter une déscolarisation et une déconnexion trop longue des élèves, dont une conséquence serait le creusement des inégalités. D’autre part, relancer une activité économique nécessaire à la croissance des pays.

Dès le 15 avril, le Danemark a entamé son déconfinement progressif, marqué par la réouverture des écoles primaires, puis des collèges et lycées le 11 mai. Comptant sur la responsabilité des élèves et des parents, le port du masque n’a pas été imposé. A contrario, les mesures barrières ont été présentées comme le pilier de la réussite du déconfinement. Avec un peu plus de 11 100 cas confirmés et 554 morts, le petit pays scandinave a réussi à protéger sa population : pas question de subir une deuxième vague pour la première ministre, Mette Frederiksen.

Au 15 mai, le bilan est très positif : les écoles n’ont pas été vectrices de nouveaux cas de contamination. De plus, les élèves se sont parfaitement adaptés aux nouvelles conditions de distanciation sociale : les jeux collectifs étaient largement édulcorés, tandis que les bureaux étaient espacés de deux mètres.

Notons que la France a suivi la voie du Danemark, en ré-ouvrant d’abord les écoles primaires, et en conditionnant l’ouverture des collèges le 18 mai aux régions en vert.

Autre mesure phare, la réouverture des commerces. Alors que certains pays n’avait pas interdit leur fermeture, comme la Suède, l’Autriche a été pionnière : dès la mi-avril, les magasins de vêtements, ou encore de bricolage ont pu accueillir leurs premiers clients. Le gouvernement a déclaré que chaque semaine de confinement coûtait 0,53 point de pourcentage de PIB. La priorité était donc affirmée : continuer à sauver des vies, en imposant à la population de ne sortir qu’en cas de nécessité et de respecter les distanciations sociales, tout en sauvant l’économie d’une chute d’activité trop intense. Cette cohabitation de mesures a tout de même provoqué une légère confusion. Les Autrichiens, incités à sortir de chez eux à la vue de la réouverture des commerces, pouvaient tout de même se voir infligé une amende s’ils ne respectaient pas les distances réglementaires, en faisant la queue pour ces mêmes magasins. La situation s’est clarifiée depuis, et trois semaines sont passées : l’épidémie ne semble pas s’intensifier.

Dès le 20 avril, l’Allemagne a également rouvert ses commerces, avec différentes modalités selon les Bundesländer, fédéralisme oblige, malgré la crainte d’une deuxième vague dans certains arrondissements du pays. Enfin, le 4 mai a vu les pays baltes et latins amorcer une réouverture de commerces prudente. Par exemple, en Espagne, la décentralisation du pouvoir a permis aux régions les moins touchées, comme les Canaries, de déconfiner leurs bars et restaurants. La Belgique a aussi autorisé la réouverture, malgré son triste record, celui de posséder le plus fort taux de mortalité dû au covid-19 (69,9 décès pour 100 000 habitants, contre 38 pour la France, selon Toute l’Europe).

Des mesures diverses ayant attrait à tous les aspects de la vie de la population...parfois originales

La question des transports est également la clé pour un déconfinement réussi, c’est-à-dire sans créer de nouveaux foyers épidémiques. De ce côté-ci, les mesures sont assez similaires aux pays de l’UE. Parmi elles figurent le port du masque obligatoire, parfois fournis gratuitement ou contre une modique somme, si les habitants ne peuvent s’en procurer, dans les stations de métro notamment. Les contenants de gel hydroalcooliques sont désormais devenus communs et ne dénotent plus dans le paysage. Enfin, les designers ont été mis à contribution et ont délivré de jolis mais efficaces stickers. Ceux-ci sont collés sur le sol, ou sur les sièges, et indiquent les distances à respecter entre les usagers. Pratiques, visuels et informatifs : ils sont généralement respectés.

Autre mesure intéressante et originale : la république tchèque se déconfine en mettant l’accent sur une politique de tests massive, conditionnant ainsi la relance de son économie. Le Gouvernement souhaite tester 9,3 habitants sur 1000 chaque jour, en moyenne. Cette politique volontariste accompagne un déconfinement très progressif. Premièrement, le 9 avril, les magasins de cycle, construction, d’informatique et de réparation ont pu ouvrir leurs portes de nouveau. Deuxièmement, deux et trois semaines plus tard, certains commerces non-alimentaires et les institutions ont de nouveau ouvert leurs portes.

Cependant, certains pays de l’Union Européenne n’ont pas encore décidé de déconfiner. C’est notamment le cas de la Bulgarie, ayant totalement bloqué l’accès à sa capitale. C’est le seul pays à avoir mis en place une telle restriction de mouvements, sans annoncer de date pour sa levée.

Paroles d’Européens déconfinés et stressés… (ou pas)

Terminons par quelques témoignages d’étudiants actuellement en mobilité dans des pays de l’Union Européenne, ou originaire des pays en question. Deux types de ressentis se distinguent : ceux pour qui le déconfinement ne marque pas un profond changement, ou l’inverse.

Parmi les premiers, des étudiants vivant en Allemagne et en Lettonie saluent les efforts du gouvernement pour proposer des mesures cohérentes et s’efforçant de protéger l’intégralité de la population, mais surtout les plus vulnérables. Ils sont également heureux de voir que la vie commence à reprendre un cours plus familier, sans évoquer un “retour à la normale”. Ils soulignent que le confinement n’a pas été aussi strict qu’en France ; or, la définition de la normalité a de toute façon changé. La Lettonie avait par exemple limité les interactions en extérieur à deux personnes, se tenant à deux mètres. Cette règle est progressivement assouplie.

Parmi le second groupe de pays, le confinement et le déconfinement sont vécus comme plus stressants. La question de la seconde vague revient pour des étudiants vivants en Belgique, en Italie, en Espagne, ou encore au Royaume-Uni, au vu des tristes données sur le nombre de cas et de morts. En Pologne, certains s’interrogent sur la véracité des chiffres fournis par le gouvernement mais souligne que le déconfinement est lié à un enjeu politique, celui d’organiser les élections présidentielles au plus vite. En Belgique, en Espagne et en Italie, le déconfinement est très progressif, impliquant peu de changements dans la vie des étudiants. Le télétravail et les cours à distance étant la norme, ils sont nombreux à confier qu’ils ne ressentent pas une différence significative entre le confinement et le déconfinement. Certains plaisirs, comme d’aller boire un verre entre amis ou s’acheter de nouveaux habits sont encore interdits. En Espagne, des restrictions de circulation, à l’instar des plages horaires attribuées à des catégories précises de la population, s’appliquent encore.

Enfin, certains soulignent aussi une insouciance manifeste chez certains Autrichiens, Italiens ou Français, quant au port du masque. Il n’est pas obligatoire dans l’espace public pour ce dernier ; or, les bénéfices ne sont pas choses acquises pour certaines personnes, n’hésitant pas découvrir le nez ou la bouche pour manger, boire ou parler à un interlocuteur.

Une chose est sûre : l’avenir est encore incertain, et de nombreuses questions subsistent, notamment la fameuse définition d’une nouvelle “normalité.

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