“Мила Родино” (Mila Rodino) : histoire du drapeau de la Bulgarie

, par Yané Christov

“Мила Родино” (Mila Rodino) : histoire du drapeau de la Bulgarie
Source : Stocklib

“Chère patrie” peut-on souvent entendre dans les montagnes des Balkans. L’amour de cette patrie si chère aux yeux des Bulgares se retrouve aussi sur les couleurs de leur drapeau. Blanc pour la paix, l’amour et la liberté, vert pour la fertilité des terres et rouge pour le courage de son peuple. Inscrit dans la constitution de cette république peuplée d’un peu moins de 7 millions d’habitants, le drapeau bulgare se compose de 3 bandes de couleurs horizontales de largeur égale. Symbole de résilience d’un peuple successivement sous joug ottoman puis communiste, le drapeau de la Bulgarie nous livre le témoignage d’une histoire riche, bien que méconnue, remontant au IXème siècle après J.C. Découvrez-la au travers de son drapeau en ce jour de fête nationale !

C’est durant le premier Royaume bulgare et le règne du Tsar Boris Ier que le premier drapeau bulgare est né. En 864, Boris I christianise le territoire bulgare, passant du statut de Khan à celui de Tsar. 2 ans plus tard, le pape Nicolas Ier conseille au Tsar de changer son étendard, qui était jusque-là une queue de cheval, pour utiliser la sainte croix et symboliser la nouvelle religion bulgare. C’est ainsi qu’apparaît le premier drapeau : une croix dorée sur fond rouge. Toutefois, on retrouve lors des batailles plusieurs variantes comme par exemple une bannière rouge avec des bords noirs ou encore une bannière blanche accompagnée d’un croissant et d’une étoile.

En conflit avec l’Empire byzantin, le Royaume bulgare se retrouve intégré à ce même Empire entre 1018 et 1185. Pendant cette période, il est très probable que le drapeau du territoire bulgare ait été celui de l’empire byzantin, une croix “tétragrammatique” sur fond rouge avec, aux quatres extrémités, des lettres B dorées.

Mais le Royaume bulgare retrouve son indépendance : en 1185 le second Royaume voit le jour. Plusieurs cartographies européennes de l’époque mettent en évidence des drapeaux bien différents. En 1325, le cartographe majorquin Angelino Dalorto est l’auteur d’un portulan (sorte de carte de navigation) de l’Europe. Sur cette carte figure le Royaume bulgare, accompagné d’une bannière blanche avec en son centre un symbole rouge ressemblant à un E renversé, qui est en réalité le symbole de la ville de Veliko Tarnovo. Ce même signe, rouge sur fond jaune cette fois-ci, se trouve sur le portulan du cartographe majorquin Guillem Soler en 1385. Ce symbole appartient à la dynastie des Shishmanides, qui a régné sur le second empire bulgare de 1323 à 1422, avant que ce dernier ne soit conquis par l’Empire ottoman. Ce symbole pourrait représenter la lettre cyrillique « ш » (prononcée “sh”), première lettre du nom Шишман (Shishman).

Puis, pendant près de 500 ans, le territoire bulgare est sous le joug de l’Empire ottoman. La rébellion s’organise à la moitié du XIXème siècle et plusieurs drapeaux apparaissent. En 1862, la Serbie repousse la dernière garnison ottomane de leur pays. Une petite légion bulgare menée par Georgi Rakovski prend part au combat. Un drapeau aux couleurs vert, blanc et rouge disposées horizontalement dans cet ordre fut utilisé pour la première fois. Rakovski créera plus tard, en 1866, le Comité central révolutionnaire bulgare, un mouvement qui avait comme objectif de promouvoir les idées révolutionnaires et de fournir une assistance à la préparation politique et idéologique de la révolution nationale bulgare. En 1876, profitant de la guerre serbo-ottomane, plusieurs révolutionnaires bulgares se réunissent dans la forêt entre les localités de Panagiurishte et Koprivshtitsa afin de préparer une série de soulèvements à Veliko Tarnovo, Vratsa, Silven et Plovdiv. Cet événement, aussi nommé “soulèvement d’avril” se solde par une répression sanglante de la part de l’Empire ottoman, provoquant l’indignation de l’Occident. Le drapeau utilisé par les révolutionnaires est le premier dont les couleurs sont dans l’ordre actuel : blanc, vert, rouge. avec un lion en son centre et l’inscription “България” (Bulgarie).

Le drapeau bulgare trouve sa forme définitive à la libération de l’empire ottoman et est inscrit dans la Constitution de 1879 qui précise à l’article 23 que « le drapeau national bulgare est un drapeau tricolore composé de couleurs blanche, verte et rouge, placées horizontalement ».

Un demi-siècle plus tard, l’influence communiste se répand en Europe. La Bulgarie n’y échappe pas et devient, à son tour, une République populaire en 1946. Entre cette date et 1990, le drapeau national, toujours composé des mêmes couleurs, porte dans le coin l’héraldique socialiste. Celui-ci est modifié à plusieurs reprises en 1948, 1967 et 1971. La dernière version de cette héraldique dépeint un lion blanc sur fond bleu ciel, entouré de deux épis de blé. Au-dessus du lion se trouve une étoile rouge et en-dessous sont placés deux rubans. Le premier est aux couleurs du drapeau bulgare et le deuxième porte deux dates : 681 et 1944, respectivement la date du premier Royaume bulgare et celle du coup d’État communiste.

A la chute du régime communiste, une nouvelle constitution est adoptée le 12 juillet 1991. Elle modifie le texte codifiant l’apparence du drapeau et fait supprimer le blason. Ainsi l’article 166 dispose que “le drapeau de la République de Bulgarie est tricolore : blanc, vert et rouge, en bandes horizontales, du haut vers le bas”.

Fun fact : le drapeau bulgare n’a jamais été capturé au combat.

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