MémoriElles européennes : Maria Callas

, par Christian Gibbons, traduit par Noémie Chemla

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MémoriElles européennes : Maria Callas
Maria Callas performing in Amsterdam. Photo credit : Joop van Bilsen / Anefo

L’histoire ne se caractérise pas tant par un enchaînement de faits, mais plutôt par la manière dont nous en avons gardé la trace et comment nous l’interprétons. La compréhension socialement construite que nous avons du monde de l’époque et du monde actuel façonne ce dont nous nous souvenons, et la manière dont nous nous en souvenons.

Comme l’histoire des femmes de notre continent est souvent écrasée par le poids des structures patriarcales persistantes, il n’est pas rare que la contribution des femmes à la science, à l’art, à la politique et aux autres domaines, soit au mieux négligée ou, au pire, oubliée.

L’article qui suit s’inscrit dans notre série « Les MémoriElles européennes », qui présente la vie inspirante de femmes qui ont servi l’Europe. Par le biais de cette série, nous espérons contribuer à corriger le déséquilibre créé par ce prisme collectif au travers duquel nous comprenons l’histoire, et à informer aussi bien notre rédaction que nos lecteurs sur les accomplissements et les innovations des femmes d’Europe.

Née de parents grecs immigrés aux États-Unis, Maria Callas est devenue l’incarnation mythique d’une forme d’art très européen : l’opéra. Avec d’autres cantatrices comme Beverly Sills, Cecilia Bartolli, et Montserrat Caballé, elle contribua à faire renaître le « bel canto », style d’opéra florissant sur le Vieux Continent aux 18e et 19e siècles, et devint l’une des sopranos les plus célèbres du 20e siècle.

Tiraillée tout au long de sa vie entre les États-Unis, l’Italie et la Grèce, Maria Callas renonça finalement à sa citoyenneté américaine en 1966, prenant la nationalité grecque pour mettre fin à son mariage avec l’industriel italien Giovanni Menghini. Pour le meilleur comme pour le pire, sa vie amoureuse est souvent considérée comme légendaire, surtout sa liaison avec le magnat des affaires grec Aristote Onassis. Sans doute à cause de son succès, Maria Callas eut une relation compliquée, voire antagoniste, avec la presse, qui jasait à n’en plus finir sur sa vie professionnelle et personnelle. Pour les amateurs d’opéra, cette cantatrice était « la Divina Assoluta », alors qu’aux yeux du grand public, elle n’était qu’une diva capricieuse. À la fin de sa carrière en 1965, progressivement, elle ne fut plus ni l’une ni l’autre, sa voix s’éraillant considérablement. Maria Callas passa enfin les douze dernières années de sa vie en recluse dans son appartement parisien. « Comme j’ai perdu ma voix, je veux mourir », aurait-elle dit. « Sans ma voix, que suis-je ? Rien ».

Et pourtant, jamais sa voix ne fut oubliée. De nature perfectionniste, Maria Callas avait également un talent incommensurable, presque incompréhensible. « Maria, vous êtes un monstre », lui dit un jour le compositeur Victor de Sabata, admirateur de longue date. « Vous n’êtes ni artiste, ni femme, ni être humain. Vous êtes un monstre ». D’autres furent même encore plus directs : la célèbre soprano Elizabeth Schwarzkopf l’a un jour qualifiée de « miracle », tandis que le compositeur Leonard Bernstein la considérait comme étant la « Bible de l’opéra ». Après sa mort, la Divina Assoluta devint une référence en termes de comparaison, et sa vie a fait l’objet de pièces de théâtre et de films. Ses performances dans les opéras Tosca de Puccini, Norma de Bellini, et Carmen de Bizet sont souvent considérées comme se rapprochant de la perfection, et elle demeure l’une des voix les plus vendues de la musique classique.

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