Manchester City : un colosse aux futurs pieds d’argile ?

, par Volkan Ozkanal

Manchester City : un colosse aux futurs pieds d'argile ?
L’Etihad Stadium de Manchester City va être privé des frissons des grandes rencontres européennes durant deux ans. Image : wendy1704 / Pixabay

Le club anglais de Manchester City a récemment été épinglé par l’UEFA dans le cadre du « fair-play financier ». Les dépenses non mesurées du club l’ont conduit à être exclu des compétitions européennes pour deux ans.

Coup de tonnerre dans le landernau footballistique : le club anglais de Manchester City est exclu, pour deux saisons de toutes compétitions à l’échelle européenne, par l’Union des associations européennes de football (UEFA). La raison ? Le non-respect du fameux « fair-play financier ». Une nouvelle qui tombe mal pour le champion d’Angleterre et qui démontre surtout que cette règle d’assainissement des comptes peut impacter n’importe quelle équipe.

Lorsque l’on parle football, la ville de Manchester a une histoire à part. Si, dans les années 90, le club rival de Manchester United faisait la pluie et le beau temps dans le championnat anglais, ces dernières saisons, les « Citizens » (surnom des joueurs de Manchester City, NDLR) sont davantage sur le devant de la scène. Double champion d’Angleterre en titre, City compte dans ses rangs quelques-uns des meilleurs manieurs de ballons de la galaxie football.

Entraînée par le Catalan multi-titré Pep Guardiola, l’équipe est composée de stars. Entre le Portugais Bernardo Silva, le Belge Kevin de Bruyne, l’Anglais Raheem Sterling, l’Argentin Sergio Agüero, l’Espagnol David Silva ou encore le gardien Brésilien Ederson Moraes, toute une flopée d’internationaux représente l’effectif du club du président émirati Khaldoon Al Mubarak.

Équilibre financier VS dépenses non contrôlées

Pourtant, malgré la richesse du club, l’UEFA a sanctionné City de manière très lourde. Une amende de 30 millions d’euros mais surtout deux saisons hors des compétitions européennes en raison de « graves violations des règles du fair-play financier » (FPF) et de contrats de sponsoring supposés « surévalués » par le club. Créé il y a une dizaine d’années et portée par l’ancien président de l’UEFA, Michel Platini, le « FPF » avait pour objectifs d’assainir la gestion financière des clubs lourdement endettés. A travers la mise en place d’instances de contrôle financier permettant la vérification des comptes des clubs.

Cette volonté de gestion de l’équilibre financier permettait de mieux appréhender les surfaces financières de clubs axés sur la dépense, notamment du fait de l’arrivée de capitaux étrangers (comme c’est le cas au Paris Saint-Germain ou au Milan AC…). Dans un monde footballistique permettant l’arrivée de nombreux acteurs, parfois dans un but extra-sportif, cette politique devait permettre aux clubs de mieux contrôler leurs dépenses et ne pas creuser les dettes des clubs.

Au fil des saisons, certains clubs ont donc été sanctionnés d’amendes voire d’interdictions de recruter. Le « fair-play financier » étant une sorte d’Épée de Damoclès au-dessus des dirigeants qui empêchaient certaines extravagances. Mais, pour la première fois, l’UEFA a mis ses menaces à exécution en sanctionnant de manière sportive un club de premier plan. Une exclusion qui tombe mal sportivement mais surtout moralement.

Fuite en avant programmée ou resserrage ?

Manchester City est actuellement à la lutte pour conserver sa deuxième place dans le championnat anglais, une position qualificative pour la prochaine édition de la Ligue des Champions (LDC) que le club ne pourra donc pas… disputer l’an prochain mais surtout bien placés pour se qualifier en quarts de finale de l’actuelle LDC après sa victoire contre le club espagnol du Real Madrid le 26 février, Manchester City se trouve à un carrefour.

D’un côté, le club a immédiatement fait appel de la décision de l’UEFA auprès du Tribunal arbitral du sport (TAS). En engageant également des ténors du barreau afin de plaider la cause du club, City tentera le tout pour le tout pour se défendre des accusations portées à son encontre. Dans un climat étrange et avec des joueurs qui se poseront beaucoup de questions quant à leur avenir chez les « Blues ».

Côté terrain, pour le moment, l’équipe fait bloc autour de son entraîneur qui a clairement dit qu’il ne quittera pas Manchester City malgré cette décision. La réalité est moins claire. D’autres clubs sont en embuscade pour récupérer, si la sanction est confirmée, B. Silva, De Bruyne et les autres. Le titre de Champion d’Angleterre étant perdu au profit de Liverpool, le club devra se concentrer sur la qualification en Ligue des Champions.

Si la sanction est confirmée, quid des autres clubs ?

Cependant, au-delà de Manchester City, la décision de l’UEFA risque également d’inquiéter les autres clubs dépensiers du continent européen. Sauf peut-être les Allemands, qui ont moins de problèmes de gouvernance budgétaire en raison de la règle des « 50+1 ». Une règle qui empêche les actionnaires d’être majoritaires dans un club avec un droit de regard des supporteurs, le reste est à l’avenant. Une règle d’ailleurs remise en question ces dernières semaines outre-Rhin.

En France, la Direction du Paris SG devrait suivre avec attention les déboires de leurs « ennemis » émiratis. Un danger potentiel pour les parisiens à travers notamment le sponsoring et les contrats des deux vedettes de l’équipe, le Français Kylian Mbappé et le Brésilien Neymar JR. Les Parisiens ayant souvent eu maille à partir avec la menace de sanctions de l’UEFA, nul doute que Doha aura un œil avisé sur le dossier.

C’est finalement tout le football européen qui risque de trembler sur le plan financier avec d’éventuelles sanctions touchant certains clubs. En Espagne, le Real Madrid et le FC Barcelone notamment sont très endettés via un football local où les dettes atteignent des sommes faramineuses. Seule lueur d’espoir dans ce marasme, le président actuel de l’UEFA, le Slovène Aleksander Ceferin a lâché un peu de lest récemment en évoquant le « besoin d’adapter le fair-play financier à son époque ». Ce qui peut signifier tout et son contraire mais offrirait, peut-être, un peu d’espoir aux clubs dans l’œil du cyclone financier.

Le « blues » des « Sky Blues »

Quoiqu’il en soit, la fin de saison risque d’être assez intense pour Manchester City. En football, on évalue souvent la capacité d’un club à rebondir et aller de l’avant contre vents et marées. Les difficultés soudant un groupe vers un objectif commun malgré les avanies. Cette saison, pour sa - peut-être - dernière Coupe d’Europe avant longtemps, City voudra bien figurer et montrer que cette nouvelle n’a pas entamé le moral des troupes.

La question est de savoir si les « Sky Blues » auront le « blues » et se laisseront aller vers l’individualisme pour des joueurs pouvant se comporter en « mercenaires » et quitter le navire ? Ou bien, l’effectif de Guardiola fera-t-il un pied de nez à l’UEFA en se qualifiant et en devenant Champion d’Europe en mai prochain ? L’éventualité de la question n’est pas à prendre à la légère pour un groupe qui n’aura rien à perdre et qui devra surtout éviter de perdre pour ne pas cogiter trop longtemps sur ces sanctions.

C’est tout le sel de cette fin de saison qui sera animée aussi bien sur le terrain qu’en dehors et si d’aventure Manchester City remporte la Ligue des Champions, ce serait avec un drôle de goût. Dans tous les cas, la décision de l’UEFA a sonné comme une alarme et rappelé que le football et la finance sont extrêmement liés. Pour le meilleur ou pour le pire, reste à savoir d’ici quelques semaines, de quelle côté de la barrière sera Manchester City et par ricochet tous les clubs européens.

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