Ligue des Nations : la belle idée de l’Uefa qui refait vibrer le football en Europe

, par Jérôme Flury

Ligue des Nations : la belle idée de l'Uefa qui refait vibrer le football en Europe
Illustration du Trophée et photo du stade de France lors de l’affiche de la compétition entre la France et les Pays-Bas. Montage avec images de Joaquin Ackerman et Darthvadrouw, Wikimedia Commons.

L’idée pouvait sembler intéressante ou farfelue : créer un championnat de pays, avec des groupes de divisions, des montées, des descentes, un champion… Mais force est de constater que, moins de deux ans après son lancement en 2018, cette compétition singulière de la Ligue des Nations semble avoir été une belle idée de l’UEFA pour dynamiser le football européen.

Qui aurait pensé il y a quelques années encore que la Macédoine du Nord allait décrocher son billet pour l’Euro face à la Géorgie, deux sélections qui n’y ont pourtant jamais pris part ? Qui aurait cru que même Saint-Marin pouvait à nouveau rêver en signant deux matchs nuls d’affilée pour la première fois de son histoire ? Qui aurait pensé que le Portugal, qui n’avait jamais rien remporté par le passé, allait réaliser un formidable doublé Euro - Ligue des Nations en 2019 ? Oui, “Ligue des Nations”, du nom d’une nouvelle compétition inventée par l’UEFA (Union européenne de football association) qui a redonné de l’intérêt à certaines rencontres footballistiques sur le continent.

Pourtant, au départ, certains étaient sceptiques. Derrière cette volonté de redynamiser les années sans tournoi entre pays, se cachaient surtout de gros enjeux financiers. “À quoi sert la Ligue des Nations ?”, s’interrogeait même la Dépêche. L’idée de départ peut sembler simple : les plus grosses sélections joueront face aux plus grosses, les moins bien classées partiront face aux moins bien classées et d’année en année, un système de montées-descentes permettra aux bons élèves de rejoindre la classe du dessus tandis que les moins bons effectueront une rétrogradation. Quatre divisions ont été mises en place, chacune ne regroupant pas le même nombre d’équipes. Ainsi, alors qu’auparavant les matchs amicaux entre pays n’avaient que peu d’intérêt, cette fois, entre les qualifications aux Coupes du monde et aux championnats d’Europe, cette Ligue des nations offre de nouvelles rencontres à enjeu. Et, alors que la deuxième édition s’apprête à entrer dans sa phase finale, il faut reconnaître que l’UEFA semble avoir eu une riche idée. Au sens propre comme figuré.

Les petits pays ont aussi le droit de rêver

Alors qu’habituellement, les “petites” nations se retrouvent régulièrement malmenées dans leurs groupes de qualification pour les compétitions internationales, elles sont cette fois entre elles et ont donc de plus grandes chances de ramener un résultat. Ainsi, le jeune Gibraltar, qui a disputé son premier match officiel en 2013, a terminé 1er de son groupe en 4e division, demeurant invaincu face à Saint-Marin et le Liechtenstein et est donc promu dans la division supérieure. Une émotion sans doute forte pour les joueurs de ce pays, le plus petit parmi ceux affiliés à l’UEFA.

Et ces sélections peuvent enfin obtenir de beaux résultats officiels, tant sur le plan collectif que sur le plan individuel. Un Maltais, Luke Gambin, se retrouve ainsi meilleur passeur de la Ligue des Nations 2020-2021, aux côtés du monténégrin Sead Hakšabanović, ou encore de l’Arménien Tygran Barseghyan, avec trois passes décisives chacun, comme les stars italienne Lorenzo Insigne et belge Kevin De Bruyne. Et avec 4 buts, Klæmint Olsen, l’attaquant des Îles Féroés, également 1er de leur groupe en 4e division, fait partie des meilleurs buteurs de la compétition.

Un intérêt sportif réel

Alors certes, cela rajoute encore des matchs à enjeu dans des calendriers souvent dantesques pour les professionnels. Mais il est vrai que face à certains matchs amicaux parfois discutables d’un point de vue sportif et qui pouvaient aussi causer des blessures, ces nouvelles rencontres, face à des adversaires de même valeur, permettent de tirer sans doute plus d’enseignements pour les sélectionneurs.

C’était encore visible il y a quelques jours à peine. Les Français ont chuté face à la Finlande le 11 novembre, passant à côté de ce match qui n’était qu’amical, avant de proposer un tout autre jeu et un visage radicalement différent trois jours plus tard, sur la pelouse des tenants du titre portugais pour arracher leur ticket pour la phase finale de la Ligue des Nations. L’envie n’était pas la même peut-être parce que l’enjeu ne l’était pas non plus.

“C’est une très belle compétition, on l’a vu à travers les poules de qualification où il y a eu des matchs de très très haut niveau, c’est un plus d’avoir cet objectif après l’Euro”, estimait le sélectionneur Didier Deschamps le 3 décembre 2020. Des beaux matchs, de solides adversaires… Les tout récents champions du monde avaient chuté le 16 septembre 2018 face aux Pays-Bas, manquant la qualification pour les demi-finales de la première édition du tournoi.

Carte des participants, Gareth Jennings / Wikimedia Commons

Le dernier carré de la Ligue des nations, épisode 1, opposait Suisse, Angleterre, Pays-Bas et Portugal. Aucun de ces quatre adversaires n’est parvenu à se qualifier pour la phase finale deux ans plus tard ! Celles-ci opposeront en effet la France et la Belgique, les deux meilleures sélections au classement Fifa pour un remake de la demi-finale de la Coupe du monde 2018, et l’Italie et l’Espagne, qui a notamment infligé un 6-0 à l’Allemagne au mois de novembre.

Après la Coupe du monde, mise en place en 1928 sous l’impulsion de Jules Rimet, après la Ligue des champions, imaginée par les journalistes Gabriel Hanot et Jacques Ferran en 1955, après le championnat d’Europe des sélections, pensée par Henri Delaunay, la Ligue des Nations a aussi été développée sous l’impulsion d’un Français, Michel Platini. La compétition a été voulue comme biennale, avec une première phase de matchs de classement, et les phases finales se déroulant l’année suivante. L’édition 2020-2021 connaîtra son dénouement quelques semaines après le championnat d’Europe qui reste bien au-dessus en termes de prestige. Mais il n’empêche, le sélectionneur français apprécie. “C’est agréable de savoir qu’au mois d’octobre 2021 on aura cette confrontation-là”

De petites nations qui brillent, de grosses équipes qui se livrent des affrontements de haute volée et des matchs qui rapportent plus de points au classement FIFA que des rencontres amicales, des gains financiers aussi qui sont évidemment tout autres… L’UEFA semble avoir visé juste même si la pandémie mondiale fragilise toutes les disciplines et organisations sportives et le football tout particulièrement. L’instance a par ailleurs annoncé la création d’une nouvelle compétition, à destination des clubs cette fois, la « Europa Conference League », qui connaîtra sa première édition en 2021.

En tout cas, pour ce qui concerne la Ligue des Nations, rendez-vous pour les affiches de la phase finale les 6-7 et 10 octobre 2021, dans une année qui promet d’être très foot avec les Jeux Olympiques mais surtout l’Euro 2020, qui a été reporté à l’été 2021 et auquel l’UEFA tient plus que tout.

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