Chère Europe. Tu suscites chez des gens comme moi des sentiments profondément mitigés. Je dédie une très grande partie de mon temps à te défendre et à faire en sorte que ton action et ta raison d’être soit connues et comprises par la majorité des citoyens en France. Et pourtant, tes nombreux défauts et ton ambition fluctuante peuvent parfois être désespérantes.
Ces dernières années pourtant, tu commences à comprendre que le principal enjeu du XXIème siècle n’est pas d’ordre purement économique ou sécuritaire, mais bien environnemental et climatique. Tous les indicateurs sont en effet rouges : les températures planétaires moyennes n’ont jamais été aussi hautes, la biodiversité est en train de s’effondrer et certaines régions vont connaître un stress hydrique considérable, occasionnant des mouvements massifs de populations et de réfugiés.
Sous Jean-Claude Juncker déjà, tu avais fait preuve d’une certaine innovation dans les domaines environnemental et climatique en incluant les citoyens dans la stratégie de l’Union de l’énergie en 2015. Avec Ursula von der Leyen, cet objectif a passé un cap avec le Pacte vert pour l’Europe en décembre 2019 avec l’objectif central d’atteindre la neutralité climatique en 2050, soit d’ici moins de 30 ans, le tout en changeant l’ensemble de notre modèle économique.
Pourtant, les résistances sont pléthores, aussi bien du côté des Etats membres que des citoyens. En Europe centrale notamment, les réticences vis-à-vis de la transition énergétique et climatique se sont accentuées avec la pandémie de COVID-19. De nombreuses personnalités de la classe politique ont en effet explicitement considéré que la lutte contre la pandémie devait se faire au détriment de la mise en place du Pacte vert. En outre, de nombreux citoyens sont dépendants à des activités polluantes, comme l’extraction de minerais. Les dimensions sociales, sanitaires et climatiques sont pourtant intrinsèquement liées et il est nécessaire que tu mettes en avant cet argument.
De la même manière, les fonds avancés pour mener à bien cette stratégie ambitieuse ne sont à la hauteur pour le moment. La Banque européenne d’investissement, « ta » banque du climat désignée, a décidé voilà presque deux ans de renoncer aux énergies fossiles dans ses investissements et de se concentrer sur les énergies propres, le tout en investissant près de 1000 milliards d’euros d’ici 2030. Le plan de relance Next Generation EU que tu as décidé l’année dernière doit atteindre 750 milliards, dont 390 milliards d’euros d’emprunts communs, une première à cette échelle dans ton histoire.
Pour autant, ton budget structurel reste famélique, tes ressources propres insignifiantes et ton budget structurel inexistant. De nombreux députés de ton parlement européen te le disent, il faut des moyens beaucoup plus importants et durables, notamment dans les technologies énergétiques et l’efficacité énergétique. Malgré le plan de relance contre la pandémie de coronavirus, l’argent européen pour financer les politiques d’avenir mentionnées restent assez faibles et soumis au bon vouloir des États membres. D’où l’importance que tu mettes en place une importante ressource propre sous forme, par exemple, d’un mécanisme d’ajustement carbone aux frontières du marché unique.
La conférence sur l’avenir de l’Europe débute ce mois-ci. Celle-ci revêt une importance cardinale pour ton avenir et ta survie au XXIème siècle. Tout comme la lutte contre les changements climatiques et environnementaux est primordiale pour notre survie à tous. Dans ce cas, tu sais ce qu’il te reste à faire.
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