Tout les chiffres cités dans cet article sont des estimations publiés à 22h et non les résultats définitifs. Nous nous appuyons donc sur :
- 211 sièges pour le Parti Populaire Européen
- 193 sièges pour le Parti Socialiste Européen
- 74 sièges pour l’Alliance des Libéraux Démocrate Européen
- 58 sièges pour les Verts
- 47 députés Gauche Unitaire Européenne
- 39 sièges pour le groupe conservateur européen
- 33 sièges pour Europe liberté démocratie
- 96 autres.
Une montée européenne des extrêmes
Si c’est pour la France que le chiffre est le plus flagrant avec ¼ des votants qui s’est prononcé en faveur du Front national, la montée de l’extrémisme est malheureusement un phénomène européen. Avec 10 % en Grèce, 13 % en Finlande, 15 % en Hongrie, 20 % en Autriche et 22 % au Royaume-Uni les partis affiliés à l’extrême droite font un score historique. Les raisons de cette montée sont multiples. Crise économique, sociale et, en fin de compte, crise d’identité. Les partis populistes ont surfé sur la peur du peuple européen et la critique de la gestion de crise. Par un discours simpliste et éminemment réducteur de retour en arrière, ils ont su capter l’attention de la population. Force est aussi de constater qu’ils ont fait campagne sur l’Europe, ou plutôt sur son rejet, contrairement à nombre de parti modérés.
Cette montée est particulièrement inquiétante car elle est révélatrice d’un mal-être européen. Le peuple européen a encore du mal à trouver sa place dans la mondialisation et dans l’avenir. Il doute et choisi aujourd’hui un retour en arrière plutôt qu’un saut vers l’avant. De façon plus prosaïque, ce score pose problème quant au fonctionnement du Parlement Européen. Avec environ 100 députés non affiliés, le processus législatif risque de se voir au mieux ralenti, au pire anéanti. Le mieux étant d’espérer que les députés europhobes nouvellement élus suivent les pas de leurs aînés et ne retiennent de Strasbourg et Bruxelles que la paye. Au delà de la question de la possible paralysie du Parlement, se pose celle de la composition de la majorité.
Une majorité introuvable ? :
Nous l’avons dit, la nouveauté de cette élection était la désignation par les principaux partis de candidat à la présidence de la Commission. La principale préoccupation est que le candidat choisi devra asseoir sa légitimité sur une majorité acquise à sa cause. Mais aujourd’hui, aucune majorité ne se profile à l’horizon.
Possibilité une : Coalition à droite en faveur de JC. Juncker
Jean Claude Juncker a d’ores et déjà annoncé que son parti étant arrivé en tête, il est légitime à la présidence de la Commission. Le PPE ne pourra cependant obtenir une majorité seul. Même une alliance peu probable qui s’étendrait de l’EFD à l’ALDE ne permettrait pas une majorité absolue.
Possibilité deux : Coalition à gauche en faveur de M. Schulz
C’est la même situation à gauche de l’hémicycle. Même une grande réunion, aussi peu probable qui irait des GUE à l’ALDE, ne permettrait pas une majorité absolue.
Possibilité trois : Grande coalition en faveur de JC. Juncker
Une possibilité qui permettrait de résoudre cette absence de majorité serait la constitution d’une grande coalition entre la gauche et le droite comme cela peut exister en Allemagne. Si l’on suit jusqu’au bout l’analyse allemande, c’est le candidat du parti arrivé en tête qui doit alors prendre la tête de la grande coalition. Il s’agirait dans ce cas là de M. Juncker. Encore faut-il un véritable accord de coalition entre les deux principales forces politiques et, dans tous les cas, ce ne sera qu’une majorité de gestion dont il est peu probable qu’elle soit réellement dynamique.
Possibilité quatre : grande coalition au profit d’un candidat désigné par le Conseil de l’Union
C’est peut être le scénario le plus probable et sans doute le plus problématique pour la démocratie européenne. Le conseil de l’Union se poserait en faiseur de roi et imposerait un candidat de « compromis » laissant au Parlement Européen le soin de s’entendre sur les diverses législations. Cela remettrait en cause la campagne menée par les divers candidats à la présidence et mettrait un coup de plomb dans l’aile de la démocratie naissante. Cela ne doit pas être accepté par les fédéralistes et les chefs d’États et de gouvernements doivent prendre leurs responsabilités.
Finalement, les résultats de ce soir sont particulièrement insatisfaisants. Mobilisons nous pour les enjeux de demain, en premier lieu, par la défense de l’investiture d’un candidat annoncé à la présidence de la Commission.
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