Euractiv : Si les Britanniques se décident à quitter l’Union européenne, comment l’Union européenne devra-t-elle y réagir ?
Jo Leinen : Cela serait un grand choc et une grande détonation, sans aucun doute. Ce serait la première fois qu’un Etat-membre quitte l’Union européenne. C’est pourquoi il n’existe pas de scénario pour le jour d’après. Bien sûr, on peut imaginer les réactions. Je pense que des pays comme l’Allemagne et la France devraient prendre l’initiative afin d’envoyer un message que, malgré le retrait de la Grande-Bretagne, l’intégration continue et qu’à l’avenir on prête encore plus attention aux soucis des citoyens.
Nigel Farage, leader du parti du Brexit, UKIP, a récemment prétendu qu’un retrait britannique pourrait déclencher un effet domino, et serait ainsi le début de la fin de l’Union. Est-ce que vous partagez ces craintes ?
Non. Je peux aussi imaginer une réaction contraire, c’est-à-dire que le choc permette de nous serrer les coudes. La Grande-Bretagne a une position particulière ; il n’y a aucun pays parmi les autres qui pourrait aussi facilement envisager le retrait que les Britanniques. Bien sûr, il y aura autre part des débats très intenses concernant le sens ou les absurdités de l’Union européenne, mais je pense qu’il y aurait d’avantage un rapprochement qu’une distanciation.
Comment la Grande-Bretagne devrait s’y prendre avec l’Union européenne ? Beaucoup de partisans du Brexit préfèrent rester dans le marché commun européen. Mais, il y a quelques jours le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble (CDU) a déclaré qu’il ne croyait pas en un tel modèle : Selon lui, la Grande-Bretagne doit faire le choix entre « dedans et dehors »
En tout cas, on ne peut pas inventer un régime spécial pour la Grande-Bretagne. Au contraire, le retrait aura un coût pour le pays ; les Britanniques devront en payer le prix s’ils quittent l’Union européenne. Il est sûr que nous aurons encore besoin des relations avec le Royaume-Uni qui est un pays voisin ayant été membre de l’Union européenne pendant 40 ans. Cela ne sera pas la voie la plus facile : Quel serait le statut auquel aspire la Grande-Bretagne, lequel serait celui que les 27 pays voudront bien lui accorder ? A la fin, il faut que le traité sur le retrait et le voisinage soit accepté par tous les Etats membres et le Parlement européen. Encore maintenant, il n’est pas du tout sûr du résultat que l’on peut espérer.
Le modèle norvégien serait probablement le meilleur : La Grande-Bretagne entrerait dans la Zone Economique Européenne et participerait au marché intérieur, mais elle devrait continuer à verser une contribution au budget européen, comme le Norvège le fait. Et, bien sûr, la Grande-Bretagne devrait se soumettre aux règles du marché intérieur, y compris la libre-circulation des personnes. Cela sera probablement un point crucial pendant les négociations.
Interview réalisée par Manuel Müller d’EurActiv.
1. Le 23 juin 2016 à 20:35, par Jean-Luc Lefèvre En réponse à : « Les Britanniques devront en payer le prix s’ils quittent l’Union européenne »
Un seul est compétent pour s’exprimer à propos du Brexit, un spécialiste reconnu de la théorie des jeux : VAROUFAKIS ! Jusqu’ici, depuis THATCHER, le Royaume Uni a toujours su tirer la couverture à lui avec un « non zero sum game », ses gains ayant toujours été supérieurs aux pertes du projet fédéral européen. Pour la première fois, comme au Moyen Age, le jeu de l’ « échiquier renversé » va se retourner contre la perfide Albion. Ce sera toujours un « non zero sum game », mais avec un Royaume Uni qui y perdra plus que l’Union européenne : son unité (dont le façadisme va éclater bau grand jour), ses bases de sous-marins nucléaires en Ecosse...CAMERON ? Le champion des losers !
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