La présidence allemande s’est terminée fin décembre sur plusieurs succès, comme la conclusion d’un accord post-Brexit ou encore la validation du plan de relance. Le Portugal, qui sera à la tête du Conseil de l’Union européenne jusqu’à l’été 2021, semblait donc avoir des projets plus maigres et moins consistants. Toutefois, comme le souligne son Premier ministre, Antonio Costa : “L’étape qui suit n’est pas moins exigeante”. D’autant que le pays de Fernando Pessoa entend bien monter à l’Europe entière qu’il n’est pas le “petit” pays qu’il laisse croire, et qu’il est tout au contraire un pays vaillant et résilient.
2008 le début du cauchemar
En 2008, la crise des subprimes américains finit par toucher également le Vieux continent. Le Portugal fait partie des principales victimes. Avec une dette publique autour de 100%(77,4% du PIB en 2009 et 93% en 2010), la confiance n’est plus là et les taux d’emprunt sont alors réévalués. Il lui faudra donc avoir recours à un emprunt de 78 milliards d’euros auprès du FMI, de la BCE et de l’UE et mettre en place un plan d’austérité en 2011. Lisbonne n’est alors pas très loin d’Athènes sur l’échelle des catastrophes. Les salaires sont drastiquement abaissés, les impôts augmentent considérablement, les familles se serrent la ceinture. L’austérité est sévère et comme il fallait s’y attendre, le niveau de vie des Portugais, dès 2012, chute de 6%.
Une rigueur efficace
Mais si certains en Europe le voyaient déjà rejoindre la Grèce au piquet et porter le bonnet d’âne, il n’en fut rien. Lisbonne a redressé la barre en misant sur son principal atout : son climat accueillant et doux. Le gouvernement d’alors a mis en place un système attractif de réduction d’impôts pour les étrangers souhaitant investir dans la pierre portugaise. Cela a largement profité au pays, puisque de nombreux Européens ont acheté des villas ou des appartements, permettant par conséquent de relancer petit à petit l’économie. En 2013, Lisbonne remboursait même une obligation de 5,9 milliards d’euros, ce qui lui permettait de réduire de 3 points le pourcentage d’endettement du pays. En 2028, le pays, finalement pas si “petit”, économisait 100 millions d’euros en remboursant plus vite que prévu sa dette au FMI. Le Portugal a réglé en une seule fois sa dette de 28 milliards d’euros, intérêts compris, quatre an plus tôt que prévu. Un record !
Un gouvernement de coalition solide relance l’économie
En 2015, si les résultats des élections législatives donnaient comme gagnant le candidat de centre-droit, ce sont finalement les socialistes qui s’installent au pouvoir par une alliance avec l’extrême-gauche. Antonio Costa prend alors la tête du gouvernement avec comme promesse principale la fin de l’austérité. Tout le monde avait peur, à commencer par la Commission européenne, mais ce couple étrange arrive cependant à relancer l’économie d’un pays en souffrance.
Le gouvernement Costa a augmenté le salaire minimum et les petites pensions, donné des aides pour le chauffage, et baissé un peu la TVA. Les fonctionnaires et les retraités ont retrouvé, quant à eux, les deux mois de paie qui leur manquaient.
Le commerce, privé et public, ont aussi été impactés positivement par le tourisme et la reprise économique. Les services de l’Etat ont été modernisés et des privatisation ont été placé au centre de la relance. Toutes ces mesures encouragent les Portugais à reprendre les achats et à faire des crédits. La machine s’engraine à nouveau : la crise n’est désormais qu’un mauvais souvenir. A l’export, les secteurs du textile, de l’agroalimentaire, de la fabrication du meuble et de la mécanique tirent eux-aussi bon parti des modernisations. Aujourd’hui, le Portugal est un champion de l’export, dans la mesure où cela représente 40 % de son PIB.
Bien évidemment, les salaires minimum et les retraites sont encore très bas, en comparaison avec les “grands” pays de l’UE, mais son élan de croissance semble ne plus s’arrêter.
Le tourisme, clé financière du pays
Depuis quelques années maintenant, le succès du secteur touristique au Portugal ne se dément pas. Depuis plusieurs années désormais le pays est considéré comme « Meilleure destination touristique » par les World Travel Awards et les grandes villes sont de plus en plus visitées et appréciées par des touristes venant de tous les coins du globe. La nomination en 2020 de Lisbonne comme capitale verte européenne, a également participé au succès de la ville et a permis d’attirer de nouveaux touristes, tournés vers l’écologie et soucieux d’un tourisme plus “vert”.
Le gouvernement portugais a fait de cette opportunité une force et ainsi de nombreux programmes d’aide et de soutien financier ont été créés afin de promouvoir et de renforcer l’offre touristique nationale. Le projet “All for All”, lancé en 2016 dans le but de créer des itinéraires accessibles dans tout le pays et pour le plus grand nombre, fait partie de ces projets qui doivent donner envie à un maximum de personnes de se rendre au Portugal. Cet effort a fait du pays l’un des plus accessible et l’un des plus apprécié par les personnes en situation de handicap. Dans l’ensemble le gouvernement portugais cherche à réduire les asymétries régionales et à faire bénéficier les régions moins favorisées des retombées économiques du tourisme, ceci en diversifiant les destinations et types de séjours proposés.
En août 2019 on prévoyait un record de 24 millions de visiteurs, soit une hausse de 6,5 %. Ce chiffre a été forcément revu à la baisse en 2020, à cause de la pandémie de la Covid-19. Mais malgré tout, le secteur des voyages et du tourisme a enregistré l’un des taux de croissance les plus élevés d’Europe et a créé un emploi sur cinq dans le pays. La plus grande partie des touristes viennent de l’UE ce qui montre que le pays attire fortement ses voisins de part ses prix avantageux et un cadre de rêve. Lisbonne, capitale du pays, est bien souvent la destination phare des touristes.
En prenant la tête du Conseil de l’Europe jusqu’en juillet, le Portugal coordonnera la stratégie de vaccination des Européens. Il devra également veiller à la bonne mise en place des plans de relance nationaux. Lisbonne devra continuer de concerter les mesures sanitaires des 27, qui réagissent en ordre dispersé à chaque vague de l’épidémie malgré les progrès réalisés depuis l’arrivée du coronavirus. Et sa présidence ne sera pas de tout repos, puisqu’une nouvelle crise financière plane sur l’Europe toute entière.
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