La Bulgarie bloque l’adhésion de la Macédoine du Nord … Quelle prochaine étape ?

, par Laurant Osmani

La Bulgarie bloque l'adhésion de la Macédoine du Nord … Quelle prochaine étape ?
Charles Michel, Président du Conseil européen et Stevo Pendarovski, Président de la Macédoine du Nord lors d’une rencontre en janvier 2020. Photo : European Union

La Macédoine du Nord, petit pays d’un peu plus de 2 millions d’habitants situé dans les Balkans occidentaux, demeure à nouveau face à une porte fermée. Candidate à l’Union Européenne depuis 2004, elle fait face à l’opposition de la Bulgarie. Sofia justifie son veto au démarrage des négociations par « un différend historique ».

Focus sur la Commission Européenne et l’adhésion des Balkans occidentaux

Pour l’Union européenne, l’élargissement est un investissement pour la paix, la sécurité et la croissance économique. La Commission souligne que l’adhésion des Balkans occidentaux est dans l’intérêt de l’Union. C’est dans ce sens qu’à partir de février 2020 elle a mis en avant des propositions pour consolider le processus d’adhésion.

C’est à partir de mars 2020 que les membres du Conseil européen ont accepté la décision du Conseil des affaires générales d’ouvrir des négociations d’adhésion avec la République d’Albanie et avec la République de Macédoine du Nord aboutissant à un sommet UE-Balkans en mai 2020. C’est à cette occasion que les dirigeants européens ont confirmé que l’Union Européenne est résolue à accroître ses échanges avec la région et ont accueilli avec allégresse l’engagement des partenaires des Balkans occidentaux de mener les réformes nécessaires de manière « approfondie et vigoureuse. »

Plus récemment la Commission européenne a mis en avant à travers une communication sur la politique d’élargissement de l’Union Européenne, un bilan avec notamment l’évaluation et la définition des réformes à mener en priorité par les pays candidats à l’Union Européenne. Ce bilan est accompagné d’un plan économique et d’investissement pour soutenir les Balkans Occidentaux.

La Macédoine du nord se voit écartée par sa voisine : la Bulgarie

Malgré une forme d’enthousiasme européen à l’adhésion des Balkans occidentaux, la Bulgarie a annoncé qu’elle bloquerait le chemin de la Macédoine du Nord vers l’Union Européenne.

Lors d’un entretien pour Euractiv Bulgarie datant du lundi 4 mai, Andrey Kovatchev, eurodéputé bulgare et chef du parti conservateur GERB du Premier ministre Boyko Borrissov au Parlement européen a déclaré : « Si la commission mixte sur l’histoire ne reprend pas ses travaux d’ici juin et si les autorités de Skopje continuent à falsifier l’histoire, la Bulgarie n’acceptera pas d’entamer les pourparlers de pré-adhésion avec la Macédoine du Nord ».

Et pourtant ce pays ancré au cœur des Balkans a multiplié les efforts pour satisfaire l’Union européenne. D’abord concernant son différend historique avec la Grèce. En effet depuis l’indépendance de la Macédoine du Nord en 1991, la Grèce s’opposait à ce qu’il garde le nom de « Macédoine », voyant dans son utilisation des visées territoriales sur sa province septentrionale homonyme. Ensuite en réformant son système judiciaire « A ce titre, la Macédoine du Nord est un modèle à suivre dans les Balkans occidentaux », signale l’eurodéputé autrichien Andreas Schieder (S&D), président de la délégation Macédoine du Nord du Parlement.

Mais pourquoi la Macédoine du Nord se retrouve bloquée par la Bulgarie ?

Il y a tout d’abord un enjeu électoral en Bulgarie. Les exigences bulgares envers la Macédoine du Nord concernent essentiellement des questions d’identité et d’histoire. Elles reflètent le besoin pour le gouvernement de Boïko Borissov d’adopter une position fermement nationaliste, née de l’influence de la coalition entre le parti du Premier ministre bulgare « Les citoyens pour le développement européen de la Bulgarie (GERB) » et la formation nationaliste « Les Patriotes unis ».

Le rappel de conflits historiques, porteurs de forts enjeux émotionnels, est dans les Balkans une technique assez courante pour gagner des points en amont d’élections. Or 2021 est précisément une année électorale pour la Bulgarie. Selon Venessela Tcherneva la « crise politique en Bulgarie et l’instabilité de la coalition », ont ainsi poussé Sofia à relayer les revendications de l’extrême droite.

Par ailleurs, selon la Bulgarie, les Macédoniens seraient des Bulgares croyant avoir une identité distincte. De même le concept de la langue macédonienne serait erroné : il s’agirait d’un dialecte Bulgare.

Enfin, il y a la question de l’héritage de Gotsé Deltchev (1872-1903), héro de l’ère ottomane qui enseigna dans une école bulgare située dans l’actuelle Macédoine du Nord, engagé ensuite dans la lutte contre les Ottomans, se retrouve aujourd’hui disputé entre les deux nations : dans les deux pays on trouve des statues, des écoles, ou bien encore des villes portant son nom.

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