L’Europe, de la léthargie à l’agonie

, par Hervé Moritz

L'Europe, de la léthargie à l'agonie
Angela Merkel, François Hollande et Matteo Renzi se sont recueillis le 22 août dernier sur la tombe d’Altiero Spinelli à Ventotene. - Hervé Moritz

Il y a quelques jours, sur la petite île de Ventotene au large de Naples, Matteo Renzi, Angela Merkel et François Hollande se rencontraient pour trouver une position commune sur les négociations du Brexit avant le sommet des 27 à Bratislava en septembre. Si certains observateurs y ont vu un espoir nouveau de relance du projet européen, il n’en fut rien.

Ce que représente Ventotene

Le choix de cette petite île, inconnue des touristes, n’est pas anodin. Sous le régime de Mussolini, l’ancien communiste italien, militant antifasciste et penseur du fédéralisme, Altiero Spinelli y était détenu en compagnie d’autres opposants, de diverses tendances politiques, entre 1939 et 1943. C’est sur cette île qu’il écrit, avec Ernest Rossi, le Manifeste pour une Europe libre et unie, un projet européen concret, démocratique et populaire, unifiant l’Europe au-delà des nations, un projet qui sera le fondement idéologique des mouvements fédéralistes d’après-guerre, issus de la Résistance.

Si Hollande et Merkel ont répondu à l’invitation de Matteo Renzi, ont accepté de venir se recueillir sur la tombe de ce père fondateur, c’est parce que l’Europe aime les symboles. Or, nous n’avons pas besoin de poignées de main, ou de discours larmoyants et creux, nous avons besoin de valeurs et d’actions.

Un dialogue de sourds

La rencontre devait annoncer les grands axes de refondation de l’Europe, d’une Europe plus resserrée et plus intégrée. Mais à l’issue de la conférence de presse, chacun a insisté sur ses priorités. Hollande sur la défense et la sécurité, Renzi sur une solution nécessaire à la crise migratoire et Merkel sur la discipline budgétaire des Etats de l’euro. Chacun a mis de l’eau dans son vin sans pour autant prendre un virage à 180°.

Si les dirigeants ne se mouillent pas, c’est parce qu’ils sont paralysés jusqu’aux prochaines élections électorales. Pour Renzi, un référendum sur sa réforme institutionnelle pour lui faire perdre son siège de premier ministre à l’automne en cas de défaite. La campagne des présidentielles a déjà commencé et Hollande prépare sa possible candidature. Quant à Merkel, elle doit retrouver le soutien de sa coalition divisée sur sa politique d’accueil des réfugiés avant les élections législatives de novembre 2017. En d’autres termes, aucune avancée significative n’est à envisager avant cette dernière échéance.

Et c’est sans compter les négociations sur le Brexit. Depuis le 23 juin et la consultation des Britanniques sur le sort du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, les choses n’ont pas avancé. Le gouvernement de Theresa May, première ministre britannique, ne devrait pas engager la procédure de sortie et de négociation avant 2019, anesthésiant jusque-là une Europe déjà bien amorphe.

Vos commentaires
  • Le 6 septembre 2016 à 15:11, par berger salvatore En réponse à : L’Europe, de la léthargie à l’agonie

    La procédure de départ, si elle est effectivement enclenché par Theresa May, le sera en 2017, à l’issue des élections françaises et allemandes. C’est la sortie du RU qui sera effective en 2019, car l’article 50 TUE, si activé en 2017, ne prévoit que deux ans de négociations.

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