Une compétition en constante évolution
L’Euro féminin a vu le jour en 1984 sous le nom de “Compétition européenne de l’UEFA pour les équipes féminines représentatives” : c’est la Suède qui avait remporté cette première édition. Ce n’est qu’à partir de 1991 qu’il prend officiellement le nom de “championnat d’Europe”, soulignant le tout nouveau caractère intégrée de cette compétition souvent décriée. Le tournoi s’est d’abord tenu tous les deux ans, avant de s’aligner sur un rythme quadriennal dès 1997. Le format a également évolué puisque de 8 nations il est passé à 12 en 2009, puis à 16 en 2017. De ces équipes, l’Allemagne reste la reine incontestée de l’Euro. Sur les 13 championnats, le pays s’est imposé à huit reprises (1989, 1991, 1995, 1997, 2001, 2005, 2009, 2013), un record absolu. Pourtant, les célébrations n’ont pas toujours été à la hauteur de ce palmarès important. Lors de leur victoire en 1989 à domicile, les joueuses allemandes n’ont reçu pour seule récompense qu’un service à café de chez Villeroy & Boch ainsi que des fleurs.
La médiatisation, levier fondamental du développement
Depuis les années 2000, la médiatisation du football féminin a connu une croissance exponentielle. Si les premières éditions étaient à peine diffusées, aujourd’hui, les matchs de l’Euro féminin attirent des millions de téléspectateurs en Europe. En 2022, la finale entre l’Angleterre et l’Allemagne a battu un record d’audience avec 17,4 millions de téléspectateurs enregistrés par la BBC, prouvant donc un intérêt croissant du public et l’importance de donner une vraie place au sport féminin à l’écran. Pourtant, les combats restent d’actualité. En témoigne la polémique survenue en France lors de l’Euro 2025, quand TF1 avait initialement prévu de diffuser un match masculin PSG - Chelsea à la place d’un match décisif des Bleues. Devant la réaction du public, la chaîne française a finalement conclu un accord permettant à France 2 de diffuser la rencontre. (Verdelet, 2025)
La pression devant l’importance du football féminin reste écrasante, Ada Hegerberg, attaquante de l’Olympique lyonnais a évoqué le développement de la pratique du football fémnin, elle déclare lors de la ligue des champions : « Nous avons la responsabilité de proposer de beaux matchs ». (Le Monde) De même, Nadine Kessler, responsable du football féminin à l’UEFA, allait dans le même sens en 2024 : « Le football féminin européen n’a jamais occupé une aussi bonne position ». (UEFA, 2024)
Un impact économique et social réel pour la Suisse
L’organisation de cet Euro féminin 2025 représente également une opportunité économique pour la Suisse, notamment pour les villes hôtes comme Zurich, Bâle ou Genève. Entre les fans étrangers, les médias internationaux et les sponsors, le tournoi devrait générer des retombées positives dans le secteur du tourisme, de l’hôtellerie et de la restauration. Les stades affichent complet à chaque tour, les supporters s’arrachent les produits dérivés, et les commerçants locaux saluent l’ambiance festive et familiale qui accompagne cet événement unique.
Avec un programme de rénovation lancé par la fondation du stade de Genève, 4,1 millions de francs vont être investis pour moderniser les infrastructures. La ville de Genève participera aussi avec 2,1 millions pour l’organisation, ce qui permettra de financer l’évènement et organiser le village du sport. Quant à l’association suisse de football (ASF), s’engage à « développer son football féminin », un mantra pour Dominique Blanc, (Le Monde) président depuis six ans. Ces investissements démontrent l’importance croissante du jeu féminin conquérant le terrain. Tout comme l’espace économique nécessaire au déroulement de ces tournois et au progrès lent de la reconnaissance du sport féminin comme l’égal de celui des hommes.
Une 14ème édition pleine de surprises et d’émotions
Cette édition ne déroge pas à la règle : l’intensité est au rendez-vous, avec plusieurs cartons rouges distribués pendant les phases éliminatoires. Lors d’un quart de finale tendu, l’équipe d’Allemagne a été réduite à dix joueuses après un incident où Kathrin Hendrich, une joueuse allemande, a tiré les cheveux de son adversaire, écopant immédiatement d’un carton rouge.
Côté favoris, l’Espagne fait figure de grande prétendante au titre. Championnes du monde en 2023, elles ont également remporté la première Ligue des Nations féminine en 2024, confirmant leur hégémonie chez les femmes comme chez les hommes. L’Angleterre, détentrice du titre depuis sa victoire à domicile en 2022, reste également très attendue. Les fans espèrent de nouveau pouvoir chanter le mythique “Football is staying home”. La France, bien que sortie en quarts de finale, avait impressionné en phase de groupes, notamment en battant l’Angleterre lors du premier match. Les Italiennes, quant à elles, créent la surprise en atteignant les demi-finales pour la première fois, bien qu’elles n’aient encore jamais remporté le tournoi.
La grande finale aura lieu ce dimanche 27 juillet 2025 au Letzigrund Stadium de Zurich, dans une ambiance qui promet d’être électrique. Reste à savoir qui succédera à l’Angleterre et qui pourra s’emparer du titre de championne d’Europe. Une chose est sûre : cette édition marque déjà l’histoire du football féminin européen et, espérons-le, l’histoire du football en général.

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