Fondamentale. C’est en un mot la façon dont l’éducation musicale est considérée par les responsables finlandais. En effet, ils font figure de modèle en termes de programme pédagogique dans ce domaine. Dès le primaire, la musique est placée au cœur du développement de l’enfant. Étant obligatoire pendant huit ans, les élèves apprennent à lire et à écrire la musique, à chanter et s’initient à la pratique instrumentale tout en se constituant une culture musicale solide et variée. Les professeurs des écoles doivent d’ailleurs avoir des compétences dans ce domaine, au même titre qu’en histoire-géographie ou en mathématiques. Par ailleurs, en plus de l’éducation musicale inclue au sein du système éducatif, les élèves sont vivement encouragés à pratiquer en dehors de l’établissement une activité musicale, au même titre qu’une activité sportive.
Pour le leur permettre, la classe se termine le plus souvent entre 14h et 15h, ce qui leur laisse une plage horaire considérable pour s’essayer à ces activités, sources indéniables de développement intellectuel et psychologique dans la pensée finlandaise.
À l’inverse, d’autres pays appliquent une politique bien différente. C’est par exemple le cas de l’Espagne où l’accès à l’éducation musicale est en chute libre. Depuis 2013, les responsables espagnols ont délégué la gestion de l’éducation musicale aux communautés autonomes, ainsi que le financement de celle-ci. Depuis, on observe la suppression de cet enseignement dans de nombreux programmes scolaires, résultat d’un manque de moyens pour la financer, mais également d’un manque de volonté de la part des politiques du pays, considérant l’éducation musicale comme relevant plus de la distraction que de l’enseignement. Ainsi, la majorité des élèves espagnols n’a plus accès à une culture musicale, alors même que l’Espagne a vu naître bon nombre de monuments de la musique. De l’autre côté de la frontière, en France, il existe une distinction relativement marquée entre la volonté de développement exprimée dans le discours politique et la réalité. Depuis des années, les professionnels du secteur mettent en avant le manque de personnel et de moyens accordés à cette matière ainsi que le manque de considération d’une partie des parents, des enfants et du ministère de l’Éducation nationale. Ainsi, cet enseignement que doivent en principe suivre les élèves de l’enfance à l’adolescence ne peut pas être assuré partout.
Bien que le Gouvernement veuille envoyer des signaux positifs, les résultats se font attendre et le constat est pour l’instant le même qu’il y a 10 ans : des disparités importantes entre l’Ile-de-France ainsi que les grandes métropoles, où de nombreux projets peuvent voir le jour du fait de l’attractivité de ces lieux pour les enseignants et de l’abondance des lieux culturels (opéras, théâtres, salles de spectacle, grands conservatoires…) et les communes de moindre importance, implantées dans des territoires peu dotés en équipements culturels.
Ces différentes conceptions de l’éducation musicale mettent en exergue des modèles relativement imparfaits comme en Espagne et en France, où cet enseignement souffre d’un criant manque de considération, de financement, mais surtout de politiques volontaristes pour un développement de cette matière, pourtant considérée comme primordiale dans certains pays. L’importance de l’éducation musicale dans le développement intellectuel et sensoriel de l’enfant et de l’adolescent n’étant depuis longtemps plus à prouver, comment les pays européens peu performants dans ce domaine peuvent-ils s’améliorer ?
Les pays modèles comme la Finlande ont un point commun : chaque jour, les cours se terminent tôt pour encourager les élèves à continuer leur apprentissage musical dans le cadre périscolaire. Ces élèves n’étant pas moins bons que leurs camarades européens (parfois même meilleurs), pourquoi ne pas s’inspirer de ces modèles qui fonctionnent pour qu’enfin, les élèves de toute l’Europe puissent accéder à une réelle culture musicale, trop souvent considérée comme inutile ou inaccessible par une grande partie de la population.
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