L’avortement en Europe

, par La Rédaction du Taurillon

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L'avortement en Europe

De plus en plus, en France et en Europe, on évoque les « racines chrétiennes » de notre vieux continent. Racines chrétiennes qui sont souvent montrées comme ayant enrichi culturellement nos pays, mettant de côté les aspects plus contraignants de la religion : les difficultés liées au droit à l’IVG en sont des témoins plus qu’éloquents.

En effet, on remarque des inégalités flagrantes en ce qui concerne l’accession à l’IVG, souvent reliées au poids de la religion.

Cartographie européenne des législations de l’interruption volontaire de grossesse


Afficher Législation de l’interruption volontaire de grossesse en Europe sur une carte plus grande

Avorter en Europe : entre délais permissifs et prohibition totale

Il n’existe aucune harmonie européenne, malgré de vaines volontés de la part de Bruxelles, en ce qui concerne le délai autorisant l’interruption volontaire de grossesse. La plupart des lois en la matière ont fleuri pendant les années 1970 en Europe de l’Ouest.

L’Est de l’Europe, la Roumanie exceptée, était soumise au régime de l’URSS : avortement légal jusqu’à 12 semaines d’aménorrhée (absence de menstruations). Aujourd’hui, la plupart des pays européens autorisent l’avortement d’après la seule volonté de la femme, entre 10 et 24 semaines depuis les dernières menstruations.

Certains pays résistent, d’une certaine manière, à ce qui est considéré aujourd’hui comme un progrès certain pour les droits des femmes, au premier rang desquels on trouve la Pologne, l’Irlande et Malte. Dans ces trois pays, l’imprégnation de l’Église catholique est certaine et pourrait expliquer cette interdiction : la loi polonaise mettant en place cette prohibition date de 1989, chute du régime soviétique.

Malte fait partie de ces pays qui ont encore une religion d’État, le catholicisme romain. Enfin, l’Irlande est un pays très catholique, qui a même fait inscrire dans sa Constitution en 1983 un article pour la protection de la vie de l’embryon, sauf en cas de danger de mort pour la mère. Par ailleurs, Chypre n’autorise l’avortement qu’en cas de viol ou de danger certain pour la mère ou l’embryon.

En 2005, lors de leur adhésion à l’Union européenne, la Pologne et Malte avaient même tenté de faire inscrire dans le traité d’accession signé avec les Quinze une déclaration rendant immuable l’interdiction, chez eux, de l’avortement. Les autres pays ont refusé.

Un accès à l’avortement malgré tout semé d’embûches

Malgré toutes ces lois facilitant l’accès à l’avortement, il reste difficile, dans les faits, d’accéder à l’avortement. L’éducation à la sexualité est souvent insuffisante et l’accompagnement psychologique avant et après un avortement (qui n’est pas un acte anodin) n’est pas monnaie courante.

En France, le rendez-vous avec un psychiatre avant l’avortement dépend des centres IVG et des hôpitaux et l’accompagnement post-IVG n’offre bien souvent qu’un service dans le lieu même de l’acte. La majorité des soignants s’accorde pour dire qu’il faudrait un suivi plus poussé pour prévenir le traumatisme post-abortif.

Par ailleurs, en octobre 2010, le Conseil de l’Europe a voulu réglementer le droit à l’objection de conscience, provoquant une levée de boucliers de la part des associations pour la vie et chrétiennes, notamment.

Finalement, le projet a été abandonné. Il n’en reste pas moins qu’à l’heure actuelle de moins en moins de soignants sont attirés par les services d’IVG, ce qui remet clairement en cause, de manière concrète, la possibilité de recourir à une IVG dans les délais légaux. En effet, si aucun médecin ne peut pratiquer l’opération ou prescrire la pilule abortive (jusqu’à 7 semaines d’aménorrhée), avorter peut devenir un parcours de la combattante.

L’espace Schengen de l’avortement

En effet, lorsque le délai est dépassé dans son pays, une femme peut profiter des frontières ouvertes et aller avorter à l’étranger. Ainsi, environ 20 000 Irlandaises viennent chaque année au Royaume-Uni pour bénéficier d’un avortement.

En France, c’est souvent en Espagne que vont les femmes en détresse qui ont dépassé les 12 semaines autorisées depuis l’amendement à la loi Veil de 2001. L’Espagne a, depuis 2010, une loi autorisant l’avortement sans aucun délai. Cependant, il faut quand même un voire plusieurs avis médicaux pour avorter quand la grossesse est avancée.

L’Union européenne n’a aucune compétence pour légiférer sur une harmonisation autour des lois sur l’avortement. Pourtant, dans une résolution du 3 juillet 2002, le Parlement européen recommande la légalisation aux États membres. Les « racines chrétiennes » de l’Union européenne ne semblent pas pouvoir empêcher le recul des législations favorables à l’interruption volontaire de grossesse.

Comparatif de Toute l’Europe : le droit à l’avortement dans les Etats membres Données de l’ONU : Lois sur l’avortement dans les différents pays

Photo : « Tear » par Gideon van der Stelt, certains droits réservés

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