De négociant de cognac à défenseur de la paix européenne
Jean Monnet est né en 1888, à Cognac (ville du sud-ouest connue pour son vin du même nom). Contrairement à la plupart des hauts fonctionnaires français du XXe siècle, il n’a pas étudié la politique : à l’âge de 16 ans, il interrompt ses études pour aider l’entreprise familiale (la distillation et la distribution de cognac), qu’il développe aux États-Unis et au Royaume-Uni, lui donnant une vision précise du monde anglo-saxon.
La Première Guerre mondiale a été un tournant, non seulement pour l’Europe elle-même, mais aussi pour Monnet : il était convaincu que, pour gagner la guerre, les Français devaient coopérer avec les Britanniques et les Américains. Il a fortement poussé cette conviction, jusqu’à ce que le gouvernement français soit d’accord avec lui : en 1916, il est chargé de coordonner les ressources alliées. Les Alliés le remercient pour sa contribution en le nommant Secrétaire général adjoint de la Société des Nations en 1919 (le deuxième poste le plus important de l’organisation). Dans cette institution, il a contribué à consolider sa position et a prôné une coopération européenne accrue afin de garantir la paix.
L’entre-deux-guerres
En 1922, Jean Monnet démissionne de la Société des Nations et retourne aider l’entreprise familiale, qui était menacée par la prohibition aux États-Unis (1919-1933). Il gère l’entreprise familiale pendant 5 ans, visitant de nombreux pays et acquérant une meilleure compréhension du monde anglo-saxon. En 1927, il est revenu en politique en tant que financier international : ainsi, Jean Monnet a joué un rôle clé dans la stabilisation de certaines monnaies d’Europe de l’Est (comme le zloty en Pologne ou le leu en Roumanie), déjà affaiblies par la Première Guerre mondiale puis par la Grande Dépression. De 1932 à 1936, il a également travaillé en Chine, où il a contribué à la croissance du pays en attirant des investissements occidentaux.
La Seconde Guerre mondiale, défendre la paix et la liberté dans des temps troublés
L’invasion de la ville libre de Dantzig et de la Pologne par l’Allemagne le 1er septembre mobilise de nombreux européens, y compris Jean Monnet. Un mois après le début de la guerre, le gouvernement français lui demande de coordonner les ressources alliées avec Londres. Cependant, il n’a pas le temps de développer cette coopération car le 10 mai 1940, l’Allemagne envahit la France : pour éviter la défaite, Jean Monnet et Winston Churchill (puis Charles de Gaulle) proposent la création d’une Union franco-britannique, une fédération avec un gouvernement commun responsable de la diplomatie et de la défense.
Malheureusement, cette initiative, qui aurait pu changer le cours de la Seconde Guerre mondiale, échoue car la classe politique française était déjà résignée à la reddition. La suite est connue : un armistice est signé avec les nazis et le régime de Vichy, un régime collaborationniste, prend le pouvoir en France. Bien que la France soit sortie de la guerre, Jean Monnet est fermement convaincu de la victoire des Alliés et décide de poursuivre son travail contre le régime nazi. À Washington, il plaide pour l’entrée des États-Unis dans la guerre puis participe au Programme de la Victoire, un plan de coordination entre les États-Unis et le Royaume-Uni pour améliorer la production d’armements : son rôle dans la guerre a été décisif, Keynes estima même qu’il avait raccourci la guerre d’un an.
Reconstruire la France après la guerre
Malgré la joie de la libération, la Seconde Guerre mondiale a plongé la France dans une grave crise économique. Monnet participe activement à la reconstruction de la nation française. Malgré quelques désaccords avec De Gaulle, les deux hommes ont compris qu’ils se complétaient : en 1946, De Gaulle a nommé Monnet Commissaire au Plan français, une commission chargée de reconstruire l’économie française. En tant que Commissaire européen, grâce à sa connaissance des États-Unis, il contribue à la signature de l’accord Blum-Byrnes, qui accorde 2 milliards de dollars de réduction de la dette pour la France. Il a également géré les fonds du Plan Marshall.
Malgré de grandes réalisations économiques en tant que commissaire français, Jean Monnet comprend que l’Allemagne est la clé du développement économique français et européen. De plus, il est convaincu qu’il est nécessaire de coopérer avec le gouvernement allemand afin de créer un continent pacifique et éviter de répéter les horreurs des guerres mondiales précédentes. Ainsi, en 1950, il fait une proposition révolutionnaire au ministre français des Affaires étrangères, Robert Schuman : créer une union franco-allemande pour coordonner la production de charbon et d’acier (matériaux nécessaires à la fabrication d’armements) et promouvoir la coopération politique et économique. Le 9 mai de la même année, Robert Schuman propose la création de cette union, la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier), qui réunit la France, l’Allemagne, l’Italie, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas : le projet européen est né.
Façonner le projet européen
En 1952, Jean Monnet devient le premier président de la CECA et contribue à la renforcer jusqu’en 1955. Dans le même temps, il fait campagne pour la création d’une armée européenne, la Communauté européenne de défense, mais malgré un accord entre les chefs d’État européens en 1952, le projet est finalement rejeté et Jean Monnet démissionne donc de la CECA en 1955. La même année, à la fin de son mandat, il fonde le Comité d’action pour les États-Unis d’Europe, composé de plusieurs syndicats et partis politiques représentant 10 millions de personnes. Cette organisation défend une approche gradualiste (étape par étape) du fédéralisme européen : elle a contribué à de nombreuses avancées européennes telles que les traités de Rome, le Système monétaire européen ou l’élection directe du Parlement européen.
En 1979, Jean Monnet est décédé dans sa ville natale, Bazoches-sur-Guyonne : ses funérailles ont été suivies par d’importants dirigeants européens tels que Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt, et ses cendres ont été transférées au Panthéon de Paris en 1988, démontrant son importance historique pour le projet européen, qui est encore commémorée aujourd’hui.
Venez parler à Monnet !
Si vous voulez en savoir plus sur Jean Monnet, sa vie et son travail, vous pouvez accéder à l’IA créée par JEF Galicia et JEF Bordeaux avec ce lien Vous pouvez lui poser des questions sur sa vie, son travail, ses idées et sa vision pour l’Europe. Il se fera un plaisir de vous répondre !
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