Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

, par FM Arouet, traduit par Chloé Boulanger

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Je suis Charlie : un appel à la solidarité et à l'unité
La liberté d’expression plus forte que le terrorisme. - Valentin Junco

A la suite du pire attentat terroriste que la France ait connu depuis plus d’un demi-siècle, des milliers de personnes se sont rassemblées en France, en Europe et dans le monde entier pour exprimer leur solidarité. L’émotion était d’autant plus grande que cette attaque terroriste a ciblé l’une des valeurs françaises les plus précieuses et universelles  : la liberté d’expression.

Une attaque barbare

Le 7 janvier, lors de ce qui aurait dû être un mercredi matin ordinaire, l’équipe éditoriale du journal satirique français Charlie Hebdo s’est réunie dans l’une des salles de ses locaux parisiens pour la conférence hebdomadaire de rédaction. Peu après, deux djihadistes armés et apparemment bien informés ont fait irruption dans la pièce en interpellant les auteurs des dessins publiés du prophète Mahomet [1] et ont ouvert le feu. Douze personnes sont mortes dans l’attentat terroriste devenu le plus meurtrier de France depuis plus d’un demi-siècle.

Alors que la France réalisait progressivement ce qu’il venait de se passer et que des milliers de personnes commençaient à se réunir en France et aux quatre coins du monde pour témoigner de leur solidarité, un autre djihadiste — en lien avec les deux précédents — tira mortellement sur une policière dans le sud de Paris. Le gouvernement français commença alors à mobiliser des milliers de policiers ainsi que les unités spéciales du GIGN et du Raid dans toute la région nord de Paris afin de trouver ces terroristes. Les assauts de la police au cours desquels les trois terroristes furent finalement abattus, mirent fin à cet épisode, qui s’est avéré encore plus meurtrier puisque le troisième djihadiste avait tué quatre otages avant même le début de l’intervention policière [2].

Une attaque contre la liberté d’expression : une attaque contre nous tous

Cet acte, abject et moyenâgeux, n’était pas une « attaque à l’aveugle » contre d’innocents civils comme cela arrive parfois, mais une entreprise dont l’objectif était d’attaquer la liberté d’expression. Le fait qu’aujourd’hui, au XXIe siècle, on puisse être massacré pour quelques dessins en plein cœur de la France — un pays de tolérance et de liberté — est scandaleux.

Comme le secrétaire d’État américain John Kerry l’a déclaré — en français — «  aucun pays ne sait mieux que la France que la liberté a un prix  ». Ces évènements dramatiques devraient nous rappeler quel est ce prix et que cette liberté devrait être chérie par-dessus tout. C’est arrivé en France, mais cela aurait pu arriver dans n’importe quel pays qui croit en la liberté. C’est pourquoi cette attaque devrait être vue comme une attaque contre toute société qui croit en la liberté.

Certains commentateurs ont argué que Charlie Hebdo était dans une provocation excessive, bien que l’équipe n’ait pas mérité ce qu’il s’est passé. Mais c’est justement ce dont nous avons besoin  : si nous avons atteint le point où la provocation puisse engendrer un massacre, c’est qu’une erreur s’est produite quelque part dans l’évolution de la société. Selon l’article XIX de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 «  tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit ». La seule limite à cette liberté devrait être pour lutter contre les appels à la haine et à la violence — ce qui est bien loin du but recherché par Charlie Hebdo, d’autant plus que le journal visait tout le monde  : les juifs, les musulmans et les chrétiens. Si nous acceptons que certaines choses ne puissent être dites, alors où allons-nous  ? Cela serait la première étape d’un retour à un obscurantisme moyenâgeux.

L’Europe : l’unité dans la diversité… et le chagrin

Face à un acte si abject, la France s’est soulevée d’une manière des plus louables en se rassemblant pacifiquement pour appeler à la solidarité, l’unité, la tolérance et la liberté d’expression et pour lutter contre la violence et les amalgames entre l’islam et les terroristes. Les expatriés français se sont également rassemblés, de Londres à New York, de Hong-Kong à Sao Paulo, avec des personnes venant du monde entier, pour livrer un magnifique spectacle de solidarité, dont un message largement partagé fut : «  Je suis Charlie  ». Les dirigeants du monde entier ont exprimé leur soutien au président français François Hollande.

Dimanche 11 janvier, les chefs d’Etat et de gouvernement de nombreux pays européens (dont Angela Merkel, David Cameron, Matteo Renzi, Mariano Rajoy et Charles Michel) ont participé à la marche contre le terrorisme qui a eu lieu à Paris, accompagnant notamment le président François Hollande et son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Lors d’une forte démonstration d’unité, ils ont montré que les Européens ne sont pas seulement unis dans la diversité, mais également et plus fondamentalement unis dans l’adversité et la douleur. En tant que Français, je me sens extrêmement reconnaissant pour toutes ces démonstrations de solidarité et de sympathie qui ont eu lieu à travers le monde. En tant qu’Européens, c’est dans ces moments difficiles que nous devons nous rappeler de l’importance de nos valeurs communes que sont la tolérance, la liberté et le respect d’autrui.

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Notes

[1Des caricatures qui ont été publiées en 2006.

[2Les deux premiers furent abattus dans une imprimerie de la région parisienne, le dernier fut abattu lors de l’assaut d’une épicerie casher de la porte de Vincennes à Paris, dont il avait pris en otage le personnel et la clientèle.

Vos commentaires
  • Le 22 janvier 2015 à 12:00, par Shaft En réponse à : Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

    Les dirigeants européens présents le 11 janvier ?C’est comme le vieil oncle qu’on n veut pas inviter pour le dîner familial.Il s’invite lui-même et personne n’ose lui dire qu’on ne veut pas de lui et qu’il n’a rien à faire là

  • Le 23 janvier 2015 à 12:53, par Ferghane Azihari En réponse à : Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

    Vous avez tout à fait raison Schaft. Les politiciens (français et européens) auraient du rester à l’écart des manifestations internationales de solidarité dont la spontanéité a été souillée par les récupérations politiques.

  • Le 24 janvier 2015 à 10:45, par Ferghane Azihari En réponse à : Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

    Ceci dit, je salue votre analogie qui consiste à comparer les dirigeants européens à « l’oncle qu’on ne veut pas inviter lors d’un diner familial ». L’utilisation (involontaire ?) du terme « famille » montre que le nationalisme est moins présent dans votre analyse :)

  • Le 24 janvier 2015 à 19:38, par Shaft En réponse à : Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

    Ferghane

    Je ne nie pas que les pays européens ont des similitudes et des valeurs communes.Ce que je rejette, c’et une dépendance grandissante et voulue entre ces membres.Allez-vous vivre toute votre vie avec vos frères et soeurs ou allez-vous vivre indépendamment tout en gardant le contact ?

    Le fédéralisme, est, pour moi, comme le fait pour la famille européenne de faire vivre ses membres dans la même pièce en disant que de toute façon c’est comme ça ,qu’on a pas le choix

  • Le 25 janvier 2015 à 23:27, par Ferghane Azihari En réponse à : Je suis Charlie  : un appel à la solidarité et à l’unité

    Vous seriez surpris d’apprendre qu’il existe des familles qui vivent ensemble toute leur vie :)

    M’enfin bon. « le fait pour la famille européenne de faire vivre ses membres dans la même pièce ». Ça c’est précisément le jacobinisme français en fait. Le modèle hyper-centralisé. Si vous voulez une Europe respectueuse de la diversité des Etats membres et décentralisée au maximum, alors vous devriez encourager l’Europe libérale. Ah mais oui c’est vrai, j’oubliais que vous êtres contre le libéralisme...décidément ;)

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