Le rapport Draghi : une solution aux problèmes de compétitivité ?
Le 9 septembre dernier, le rapport Draghi était publié. Un rapport rédigé par, comme l’indique son nom, Mario Draghi, ancien président de la BCE (2011-2019) et prédécesseur de Giorgia Meloni au Conseil des ministres d’Italie (2021-2022). Le document fait état de la compétitivité européenne - un état critique puisque l’Union européenne se fait distancer par les États-Unis et la Chine- et propose des solutions pour surmonter ce problème. Le rapport met en avant trois axes : l’innovation dans le domaine des technologies numériques, la décarbonation et la réduction des dépendances en matières premières.
Mais pour résoudre les problèmes relevés par le rapport, il faut d’abord se saisir d’un sujet très concret : les travailleurs. Ce sont eux qui vont être des acteurs majeurs, car l’Union européenne étant en déficit de compétences et les compétences passent par les travailleurs. Janusz Wojciechowski, commissaire européen à l’Agriculture et au Développement rural, l’a fait comprendre lors de l’ouverture de la session de débat sur le sujet, qui a eu lieu le jeudi 24 octobre : “Dans de nombreux secteurs, nous n’avons pas assez de personnes possédant les compétences nécessaires et c’est l’ingrédient clé qui manque si nous voulons que l’Europe soit compétitive face à des pays comme les États-Unis et la Chine”.
Mais alors quelles solutions ? Janusz Wojciechowski a montré que le travail avait déjà commencé, en citant des solutions déjà mises en place : “nous avons adopté le plan d’action sur les pénuries de main-d’œuvre et de compétences.”, un plan pour trouver des solutions aux professions “en pénurie”, “Nous avons lancé la stratégie européenne pour la décennie numérique”, un programme avec des objectifs concrets pour mener la transformation numérique de l’Europe. Mais le travail n’est pas fini, “il reste encore beaucoup à faire” concluait Janusz Wojciechowski. Le travail des eurodéputés a alors commencé.
Une solution commune : former, former et former
La solution commune qui a été entendue dans la bouche des eurodéputés de tous les partis, et aussi dans celle de Janusz Wojciechowski, est le fait de former. Ce dernier disait, lors de son discours de début de séance : “il faut intensifier les investissements dans les compétences, l’éducation et la formation à différents endroits et à différents moments, de l’école à la formation des adultes.”.
Plus tard, Benedetta Scuderi du groupe Verts/ALE (centre gauche à gauche) lançait “il est donc essentiel de combler le déficit de compétences par la formation et l’amélioration des qualifications.” Billy Kelleher du groupe Renew (centre gauche à centre droit) disait la même chose avec des mots différents : “J’espère donc que nous investirons dans les compétences, l’apprentissage tout au long de la vie et le retour à l’éducation”. La droite poursuivait dans le même sens, comme l’illustre la prise de parole de Marlena Maląg du groupe CRE (droite à extrême droite) : “Au lieu d’encourager la migration, nous devons veiller à former nos propres professionnels afin que l’Union européenne soit résistante aux crises et beaucoup plus compétitive.”
Une ligne politique toujours marquée
Même si l’idée de réduire le déficit de compétence par la formation est commune, le discours n’est pas le même. Paulius Saudargas du groupe PPE (centre droit à droite) a également parlé de migrants : “ l’immigration ne résout pas le problème de la diminution de la main-d’œuvre et ne réduit pas le déficit de compétences”. Un autre exemple avec Paolo Borchia, du groupe PfE (droite à extrême droite), qui accusait une partie de ses collègues : “même dans cette Assemblée, certains pensent que le problème peut être résolu en important une armée de travailleurs bon marché.
Du côté gauche, on se concentrait sur les conditions de travail. Former c’est bien, mais pas à n’importe quel prix. Li Andersson, du groupe GUE/NGL (gauche à extrême gauche), le soulignait : “Nous ne devons pas être compétitifs en réduisant les salaires, en sapant les conditions de travail, en exploitant les ressources naturelles ou en permettant aux inégalités de croître de manière exponentielle.” Même idée de la part de Tiemo Wölken, du groupe S&D (gauche à centre gauche), qui n’oubliait pas les humains : “il s’agit de bons emplois, de droits des travailleurs, de nos conditions de vie en Europe et des bons outils pour nous”.
La solution paraît donc toute trouvée, former les travailleurs pour combler le déficit de compétences. Désormais, il s’agit de mettre en place des mesures concrètes qui soient efficaces et qui plaisent à toutes les lignes politiques.
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