Fémin’histoire : Irena Sendlerowa

, par Chloé Lourenço, Voix d’Europe

Fémin'histoire : Irena Sendlerowa

Elle mériterait de figurer sur le Guiness Book des Records. Infirmière au Bureau d’aide sociale de Varsovie dans la Pologne de 1940, celle dont le nom est resté quasi inconnu a sauvé la vie de 2 500 enfants juifs parqués avec leur famille dans le ghetto de Varsovie. Le Yad Vashem Memorial, mémorial israélien de l’holocauste, lui reconnaissait le titre de « Juste parmi les Nations » dès 1965, alors que la Pologne a attendu 2007 pour lui offrir un hommage national et proposer son nom pour le Prix Nobel de la Paix. Irena Sendlerowa ne le recevra jamais : elle s’éteignait en mai 2008, il y a tout juste 10 ans.

Jeunesse empreinte de tolérance

Irena naît dans une famille de médecins le 15 février 1910. Irena est une enfant unique. À l’âge de deux ans, elle contracte la coqueluche, ce qui incite la famille Krzyżanowski à emménager dans la station thermale d’Otwock. Là, son père commence une pratique privée et soigne principalement les pauvres et les paysans juifs. Il est très impliqué dans les actions sociales et affirme que les gens doivent être divisés en deux catégories : les bons et les méchants. Leur race, religion ou nationalité n’a, d’après lui, aucune importance. L’atmosphère de la maison familiale aura un grand impact sur l’activité d’Irena Sendler pendant la Seconde Guerre mondiale. Otwock est aussi une banlieue ouvrière de Varsovie, où se trouve une communauté juive importante. Jouant avec ses camarades juifs, Irena apprend le yiddish, ce qui lui sera très utile pendant la guerre.

Son père meurt en 1917 alors qu’elle n’a que 7 ans. Sa mère attend 1920 pour déménager vers Tarczyn, où sa famille a vécu. En 1927, après avoir passé ses examens terminaux, Irena regagne la capitale, et débute des études à la faculté de droit de l’université de Varsovie. L’antisémitisme est pour elle extrêmement pénible à supporter. Elle participe à de nombreuses manifestations contre la discrimination à l’encontre des étudiants juifs à l’université de Varsovie et s’oppose au système des bancs ghetto qui oblige les étudiants juifs a s’assoir sur les bancs qui leur sont réservés. Elle devient la cible d’attaques des étudiants du Camp national-radical. Cela lui vaut d’être suspendue de l’université pendant trois ans. Elle parvient tout de même à passer ses examens et obtient son diplôme en 1939.

La mémoire vivante du ghetto de Varsovie

Tout comme Sabine Zlatin en France, Irena Sendler s’était totalement dévoué à la cause des enfants de la Shoah. Autorisée à entrer dans le ghetto en sa qualité d’infirmière et de travailleuse sociale polonaise, elle ainsi permis à 2500 enfants de s’échapper de cet endroit destiné à les tuer à petit feu. Cachés dans des valises, dissimulés sous des civières ou simplement glissés sous un manteau, elle conduit ces enfants juifs auprès de familles catholiques et de couvents prêts à les accueillir et à leur apprendre quelques prières chrétiennes pour tromper la vigilance des nazis.

Mais elle ne s’arrête pas là. Irena consigne leur noms et prénoms ainsi que ceux de leurs proches, le tout sur des fines feuilles de papiers, conservées en deux exemplaires. Elle espère que cela leur permettra, un jour de retrouver leur famille. Elle glisse les listes dans deux bouteilles de verres distinctes et les enterre dans la cour d’une école. Arrêtée chez elle par la Gestapo le 20 octobre 1943, elle a gardé le silence. On lui a brisé les pieds et les jambes. Elle n’a jamais rien dit.

Condamnée à mort, Irena a eu la vie sauve, miraculeusement libérée sur le chemin de l’exécution grâce à la résistance polonaise (et notamment au mouvement Zegota, Conseil d’aide aux juifs, auquel elle appartenait depuis l’été 1942), qui est parvenue à corrompre un soldat allemand pour permettre son évasion.

« On m’a éduqué dans l’idée qu’il faut sauver quelqu’un qui se noie, sans tenir compte de sa religion et de sa nationalité« , expliquait-elle simplement. Cette grande dame est morte il y a tout juste 10 ans, et son nom, malheureusement reste encore trop peu connu…

Un article écrit initialement par Chloé Lourenço pour Voix d’Europe. Nous remercions l’autrice et le site de nous laisser reproduire ici cet article.

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