Euro Rétro 2016 : Entre la menace terroriste et le référendum britannique, le Portugal fait pleurer la France

, par Adeline Afonso

Euro Rétro 2016 : Entre la menace terroriste et le référendum britannique, le Portugal fait pleurer la France

Alors que l’édition 2020 du championnat d’Europe des nations, voulue comme une édition anniversaire afin de célébrer les soixante ans de la création de la compétition se déroule finalement en juin 2021 dans onze pays différents, le Taurillon propose de revenir sur l’histoire du tournoi. Contexte politique, résultats sportifs, replongez en arrière et revivez ces chapitres du roman du football continental.

Tout semblait peut-être trop beau au cœur de la nuit parisienne. 10 juillet 2016, finale du championnat d’Europe, entre la France et le Portugal. Le pays hôte, en reconstruction, est arrivé jusqu’à l’ultime match de cette compétition à la maison, en écartant la bête noire allemande en demie (2-0). Las. Le Portugal s’est finalement imposé ce soir-là avec un but d’Eder pendant les prolongations. Une grande tristesse pour les adeptes français qui croyaient en la victoire à domicile...

Après les attentats de Charlie Hebdo et ceux du 13 novembre 2015 qui avaient endeuillé le pays, l’organisation d’une telle compétition internationale a représenté un défi de taille pour les autorités françaises. Pour l’Union européenne, c’est aussi pendant le tournoi de l’Euro 2016 qu’a eu lieu l’un des moments les plus marquants de son histoire : le référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l’UE.

Le rêve brisé des Français

Sur le terrain, cette édition 2016 laisse un goût d’inachevé aux Bleus, qui avaient réalisé un impressionnant parcours tout au long de la compétition. Classée première de son groupe, la France a enchainé les victoires jusqu’en finale, battant deux buts à zéro l’Allemagne, championne du Monde de football en 2014, en demi-finale. En revanche, le Portugal a eu un parcours plus délicat. La seleção n’a fait que des matchs nuls en phase de groupe. Et elle s’est qualifiée pour le quart de finale et la demi-finale grâce aux prolongations (face à la Croatie) et aux tirs au but (face à la Pologne).

Lors de la finale du 10 juillet 2016, la chance était du côté des lusophones. Après un match nul à zéro but et marqué par la sortie précoce du capitaine portugais Cristiano Ronaldo suite à une blessure, c’est Eder, habituel remplaçant, qui a marqué le but de la victoire lors des prolongations. Cette défaite en finale du championnat d’Europe par le pays organisateur rappelle l’Euro 2004, lorsque le Portugal avait... perdu à domicile face à une surprenante Grèce.

Une compétition organisée sous la menace du terrorisme

C’est en 2010 que l’UEFA décidé d’attribuer l’organisation de l’Euro 2016 à la France. Face à l’Italie et la Turquie, la France s’est affirmée avec une candidature plus convaincante et sûre. À ce moment-là, l’UEFA et le monde entier étaient encore très loin cependant d’imaginer les horreurs qui allaient frapper l’Hexagone au cours des années suivantes. Début janvier 2015, le journal satirique Charlie Hebdo est la cible d’une attaque terroriste. Douze personne furent assassinées par les frères Kouachi. Onze mois plus tard, ce sont 131 personnes qui perdent la vie lors de la série d’attaques commis à Paris et à Seine-Saint-Denis durant la soirée du 13 novembre 2015. En mars 2016, la Belgique également avait été ciblée par une attaque terroriste.

Le risque d’attentats durant le tournoi continental et estival de football était important. Le Stade de France – qui a accueilli, entre autres, les matchs d’ouverture et de clôture de l’Euro 2016 - avait été l’un des lieux ciblés le soir du 13 novembre 2015 pendant le match amical entre la France et l’Allemagne. Pour la société d’organisation Euro 2016 SAS, la sécurité devait être renforcée de plus belle. Le budget fut augmenté pour recruter un plus grand nombre d’agents - ce qui a représenté un surcoût de 15% relativement au montant initiale. Non seulement la sécurité à l’intérieur des stades a été renforcée mais également celle des « fan zones », lieux avec écran géant pour que les adeptes puissent se réunir et visualiser ensemble les matchs.

Seulement quatre jours après la finale de la compétition européenne, un nouvel attentat eut lieu à Nice le soir du 14 juillet 2016. Un camion a foncé sur la foule juste après le feu d’artifice ponctuant cette journée de fête nationale. Face à l’augmentation du nombre d’actes terroristes en Europe, des mesures ont été adoptées par l’Union européenne pour lutter contre le financement du terrorisme et pour prévenir et détecter de potentiels projets d’attentats (Directive 2016/681) [1].

L’été 2016, baroud d’honneur des Britanniques

23 juin 2016, la phase de groupes du championnat d’Europe de football est achevée. Les trois nations britanniques participant au tournoi final de la compétition ont toutes atteint les huitièmes-de-finale : l’Angleterre, le Pays-de-Galles et l’Irlande du Nord. Mais ce jour-là est restée dans l’histoire de la construction européenne comme un « retour en arrière » pour les Britanniques. Ces derniers avaient été conviés à voter par référendum pour le maintien ou la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.

La question du retrait des Britanniques est un débat politique très récurrent depuis les années 1970. Le référendum de 2016 était une promesse électorale du premier-ministre David Cameron (Parti conservateur). La campagne des deux camps opposés - les « remainers » en faveur du maintien contre les « brexiters » en faveur de la sortie - fut lancée en avril 2016. Les résultats du référendum du 23 juin ont donné la victoire aux partisans de la sortie du Royaume-Uni.

Sitôt le résultat du scrutin annoncé, le premier-ministre David Cameron déclara démissionner du gouvernement. Il fut remplacé par Theresa May, également membre du Parti conservateur, qui avait indiqué être favorable au maintien du Royaume-Uni dans l’UE malgré des positions quelques fois eurosceptiques. Commence alors une longue période de négociation entre les Britanniques et les Européens sur leur future relation.

Les jours suivants le référendum, l’Angleterre et l’Irlande du Nord furent éliminés de la compétition par l’Islande et le Pays de Galles, respectivement. Les Gallois pour leur part, dans ce qui constitue alors leur première aventure dans un Euro de foot, vont jusqu’en demi-finale. Mais leur rêve naissant s’envole également. Sur leur route : le Portugal. Le grand vainqueur de cette édition du championnat d’Europe 2016.

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