Elections présidentielles : que proposent les partis pour l’Europe ?

Partie 2 : Diplomatie européenne

, par Théo Boucart

Elections présidentielles : que proposent les partis pour l'Europe ?
Cinq représentants des sections jeunes des différents partis politiques concourant à l’élection présidentielle avaient répondu à l’appel. De gauche à droite sur l’image : le Rassemblement National, Europe Ecologie-Les Verts, La France Insoumise, Les Républicains et La République en marche. Crédit : Les Jeunes Européens -Strasbourg

Lors d’un débat organisé à Strasbourg le 29 mars dernier, les représentants des branches jeunesse de certaines formations politiques ont été invités à s’exprimer sur les politiques européennes dans l’environnement, les actions macroéconomiques, la diplomatie et la défense.

L’Europe, la grande absente de cette campagne présidentielle que l’on peut qualifier d’atypique. C’est avec ces mots qu’Andreea Camen, présidente des Jeunes Européens – Strasbourg a annoncé la couleur du débat qui s’est ouvert le 29 mars dernier, à 12 jours du premier tour des élections présidentielles.

Rassemblant des représentants des sections jeunes de La République en Marche (LREM), du Rassemblement National (RN), de La France Insoumise (LFI), des Républicains (LR) et d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), cet échange devait permettre d’y voir plus clair sur ce que pensent les principales formations politiques sur l’Europe, à l’heure où un fossé grandissant entre l’importance de l’intégration européenne et son traitement médiatique se fait sentir. Alors que l’abstention de jeunes électeurs devrait atteindre des records, l’objectif était également de sensibiliser à l’importance du scrutin présidentiel, dans la droite lignée des valeurs des Jeunes Européens.

Diplomatie : l’échelon européen est-il pertinent ?

Pour rappel : L’invasion de l’Ukraine par la Russie a violemment rappelé aux Etats membres de l’UE la nécessité de rester unis sur la scène internationale, alors que de coutume, les partenaires européens brillent par leur division et leur dispersion. En cas d’agression d’un Etat membre de l’UE, la clause d’assistance mutuelle (article 42-7 TUE) pourra entre autres être activée. La difficile question de l’élargissement de l’Union, notamment dans les Balkans et en Europe orientale, sous-tend la politique étrangère de l’UE et est le sujet d’un débat entre les partisans de “l’Europe de l’intégration” et “l’Europe de l’élargissement”.

L’élargissement en question

Sur la question de l’élargissement, EELV se dit “favorable à l’adhésion à terme de l’Ukraine” mais affirme son opposition à l’adhésion de la Turquie car ce pays ne “représente actuellement pas les valeurs de l’UE”. La question de la Moldavie, de la Géorgie et des Balkans occidentaux mérite également réflexion et accélération pour ces derniers, devant “le risque de guerre dans cette région”. Le représentant écologiste conclut son propos par la nécessité de mettre en place “une Europe fédérale”. LR rappellent quant à eux l’importance de la question de l’élargissement, car “cela a construit l’Europe”. La guerre en Ukraine nous a du reste rappelé à la dure réalité et il faut louer “la farouche résistance des Ukrainiens”. En revanche, LR rejoint EELV en ne voyant pas une adhésion de la Turquie à l’UE.

Du côté de LREM, la question des principes d’intégration “ne doit pas être bradée” et l’Union devrait également travailler sur les partenariats extra-européens, comme le Partenariat Oriental (auquel l’Ukraine est actuellement membre) ou l’Union africaine. LFI met en exergue la forte complexité de l’intégration à 27 et la question des valeurs incompatibles de certains pays avec l’Union. La formation de gauche radicale s’interroge également sur la pertinence de l’intégration de l’Ukraine, “Pourquoi le faire en période de guerre ? Il faut déjà soutenir la mobilisation citoyenne”. Le RN se positionne clairement contre l’adhésion de la Turquie et contre toute autre adhésion pour raisons pécuniaires, en voulant pour preuve “l’Acte Unique et les nombreux fonds structurels reçus par l’Espagne, le Portugal et la Grèce”.

Quid d’une diplomatie européenne ?

Sur la question cruciale de l’échelon européen pour la diplomatie, EELV embrasse une diplomatie unifiée, ainsi qu’un État européen fédéral. Il faudrait donc “une réforme des institutions, ainsi qu’une constituante pour négocier cette réforme fédérale avec les peuples européens”. A plus court terme, on pourrait penser à utiliser la clause passerelle qui permettrait de passer de l’unanimité à la majorité qualifiée. LR préfèrent mettre l’accent sur la difficile construction d’une diplomatie européenne, notamment à cause de la règle de l’unanimité, tout en essayant de voir certaines perspectives actuelles, “la guerre en Ukraine peut être un acte fondateur, même s’il reste à faire beaucoup de travail”. La question de l’approvisionnement en gaz leur paraît également fondamentale, même si l’Allemagne souhaite désormais se détourner de la Russie en signant un accord avec le Qatar.

Pour LFI, une diplomatie commune n’est pas à la portée actuelle de l’UE, puisque l’Union “est à peine une confédération”, malgré l’existence d’un Haut Représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et de défense commune. Le formation de gauche radicale fustige également le fait qu’Ursula von der Leyen ait “pris la parole durant la guerre en Ukraine au nom des 27 pays de l’UE, mais sans concertation avec ces derniers”. Avant de créer des structures de diplomatie, “encore faudrait-il traduire les valeurs de l’Europe dans les accords commerciaux qu’elle signe”. Le RN renchérit sur le caractère “non-étatique” de l’Union en affirmant “qu’elle est avant tout une organisation internationale”. Marine Le Pen préconise donc une “Europe des nations”, tout en gardant l’Union européenne dans une optique commerciale. Une diplomatie européenne serait donc une quadrature du cercle, eu égard aux intérêts nationaux trop divergents.

Enfin, LREM tient à préciser qu’en l’espace d’un mois, “on a fait plus de progrès qu’en trente ans, on a su agir très rapidement”. La situation est donc “une occasion pour rêver d’une Europe différente, politique puis fédérale, dans la droite lignée des valeurs défendues par le Président Macron dans son discours à la Sorbonne en 2017”. Pour ce faire, une réforme des institutions n’est pas vraiment nécessaire pour la formation centriste, car cet objectif peut être atteint “grâce à des évolutions de fait, comme ce qui a été déjà constaté dans la santé et la défense”.

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