Elections européennes : comment les partis nationaux peuvent rendre l’Europe plus démocratique

, par Juuso Järviniemi, Traduit par Guillaume Bullier

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Elections européennes : comment les partis nationaux peuvent rendre l'Europe plus démocratique
Campagne des partis politiques néerlandais pour les élections européennes de 2014 Tout droit réservé

Satanés bureaucrates bruxellois non-élus… Il est communément admis que l’Union européenne manque de démocratie. Le grand secret bien gardé par les élites politiques nationales est qu’elles en sont en réalité largement responsables. Le système institutionnel européen tel qu’il est pourrait en soit permettre bien plus de démocratie, si seulement les partis politiques nationaux prenaient certaines décisions. Or l’occasion se présente justement à eux dans les mois qui viennent. En fait, ils se trouvent devant un choix clair : plus de démocratie européenne, ou moins.

Les partis politiques nationaux devront choisir leur manière d’intégrer dans leur campagne les idées et les Spitzenkandidaten de leurs partis européens. Ils auront également un rôle à jouer dans la composition de la future Commission européenne. Dans le cadre de ces décisions stratégiques, ne pas aller dans la direction d’une Europe plus démocratique constituera un choix délibéré.

Participez à la campagne de votre parti européen

La première responsabilité démocratique d’un parti national est de promouvoir le candidat de son parti européen à la présidence de la Commission européenne, et les principales idées politiques de sa campagne. Rappelons-nous qu’en 2014, le principe des Spitzenkandidaten a été salué comme une victoire pour la démocratie européenne. Les citoyens peuvent enfin choisir qui sera à la tête de la Commission Européenne. Malgré les objections de David Cameron et de Viktor Orbán, ce système l’a finalement emporté. Toutefois, compte tenu de la réticence des partis nationaux à donner suffisamment d’importance aux priorités et aux têtes d’affiches de leurs partis européens respectifs, ce succès s’est avéré mitigé. En 2014, moins d’un quart des européens interrogés au sein de 15 pays ont été capables de citer l’un des candidats à la présidence de la commission européenne. [1] Si les leaders politiques nationaux l’avaient voulu, il aurait pu en être autrement.

Nous pouvons toutefois admettre qu’il se peut parfois que promouvoir les positions politiques des partis européens soient en nette contradiction avec l’idéologie d’un parti national. Mais pour éviter ce type de situations, les partis nationaux ont toute latitude pour influer bien en amont sur la ligne politique de leur parti européen. Et dans l’éventualité d’une divergence fondamentale, le parti national devrait être amené à remettre en cause son affiliation européenne. Qui a peur d’afficher à ses électeurs les idées ou le candidat de son parti européen peut être accusé, à juste titre, de masquer la vérité. S’ils sont élus députés européens, les candidats du parti seront amenés à travailler au sein d’un groupe politique européen, conduit par un leader européen. Assumer cette affiliation européenne avant l’élection serait à la fois logique et plus honnête envers l’électeur. Ne pas le faire apparaitrait même comme malhonnête.

Investissez aux élections européennes votre candidat au poste de commissaire

La seconde responsabilité d’un parti souhaitant envoyer un commissaire à Bruxelles serait de s’assurer que cette personne soit déjà candidat(e) au poste de député européen. Il est parfaitement possible pour un député européen élu de devenir commissaire européen, comme ce fut le cas de Mariya Gabriel, après le départ de la commissaire européenne bulgare Kristalina Georgieva. Si dans la prochaine Commission désignée en 2019, chaque commissaire avait individuellement reçu un mandat lors des élections européennes, plus personne ne pourrait alors parler de commissaires non-élus.

Cela pourrait toutefois déranger certains partis nationaux. Candidater aux élections européennes et se retrouver sans siège serait particulièrement embarrassant pour un aspirant commissaire, rendant politiquement impossible leur nomination. C’est justement l’objectif. Si les citoyens ne vous font pas confiance pour un mandat de député européen, pourquoi seriez-vous considéré qualifié pour être membre de la Commission ?

En réalité, ce choix devrait paraitre évident pour les partis. Être honnête concernant ses intentions permet de se doter d’armes politiques. Imaginons que les conservateurs aient investi aux élections la personne qu’ils suggèrent pour être commissaire européen, et que cette personne est élue au parlement, tandis que les sociaux-démocrates souhaitent désigner une personne qui ne l’est pas. Il ne serait pas difficile pour les conservateurs de proclamer que « leur commissaire, au moins, aurait été élu », mettant les sociaux-démocrates en difficulté.

La démocratie européenne est ce que les partis nationaux en font

Les partis nationaux ont actuellement beaucoup plus de facilité pour atteindre les électeurs que leurs niveaux européens. De plus, la stratégie et les actions des partis politiques influencent grandement le traitement médiatique des élections européennes. De manière directe et indirecte, les partis nationaux déterminent quelles informations parviennent aux électeurs en amont des élections. Après les élections de 2019, lorsqu’un politicien accusera l’UE de ne pas être démocratique, un citoyen avisé lui demandera s’il a déjà pris l’initiative de faire quoi que ce soit pour y remédier. Les partis nationaux ont un rôle à jouer déterminant pour la démocratie européenne. Lorsque l’UE manque de démocratie, la responsabilité leur revient tout autant.

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