« Je salue chaleureusement la décision royale d’autoriser les Saoudiennes à conduire. Cette décision est le résultat d’une longue bataille des femmes saoudiennes pour l’égalité. Nous devons encourager les autorités politiques à rester à l’écoute des aspirations de la société saoudienne à la pleine jouissance des droits sociaux et civils. » Dans un communiqué de presse publié le 22 mai dernier, Pier Antonio Panzeri, Président de la commission « droits de l’homme » au Parlement européen, soulignait les récents efforts entrepris par le royaume saoudien en faveur de la condition des femmes. Une délégation du Parlement européen se rendra prochainement à Riyad. Ce sera l’occasion pour les parlementaires européens d’observer de plus près les réformes entreprises par le gouvernement saoudien depuis plusieurs mois. Une manière aussi d’encourager les changements actuels et à venir, car le chemin reste long pour ce pays traditionnellement très conservateur.
La nouvelle place en société de la Saoudienne
La place des femmes change en Arabie saoudite. En témoigne la couverture du numéro de juin de l’édition moyen-orientale du magazine Vogue. Assise au volant d’une voiture de collection dans le désert saoudien, la princesse Hayfa bint Abdullah al-Saud a le regard à la fois grave et optimiste de ceux qui savent qu’ils sont en train d’écrire l’histoire. C’est en effet « très unique qu’une princesse s’expose ainsi en couverture d’un magazine, ça n’a jamais été fait », confie dans les pages de Paris Match Manuel Arnaut, rédacteur en chef de Vogue Arabia. Selon le journaliste, la princesse « pourrait rester chez elle, profiter de sa fortune et ne rien faire pour améliorer le monde ». Mais si elle a décidé de se montrer dans les pages d’un magazine aussi prestigieux que Vogue, c’est parce qu’elle sait que quelque chose d’extraordinaire se passe en Arabie saoudite. Le royaume wahhabite s’est engagé dans une importante série de réformes afin de permettre une plus grande participation des femmes dans la vie économique et sociale du pays. Depuis quelques semaines, les Saoudiennes ont obtenu le droit de conduire, une vieille mais symbolique revendication des associations féministes et de défense des droits de l’Homme. Les femmes peuvent aussi désormais ouvrir leurs propres entreprises ou assister à des matchs de football et des concerts. Comme l’ensemble de la population du pays, elles peuvent également se rendre au cinéma, les salles saoudiennes ayant rouvert en avril dernier après 35 ans d’interdiction.
Combattre le harcèlement sexuel
Mais ce n’est pas tout. Depuis le mercredi 30 mai 2018, tout homme se rendant coupable de harcèlement sexuel encourra une peine allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et une amende de 300 000 riyals (69 000 euros). Annoncée par le Conseil de la Choura, cette loi vise à « combattre le harcèlement, à l’empêcher, à punir les auteurs et à protéger les victimes afin de sauvegarder l’intimité, la dignité et la liberté personnelle qui sont garanties par la loi islamique ». C’est une véritable révolution dans un pays où les hommes coupables de harcèlement sexuel n’encouraient jusqu’ici aucune peine. Certes, il reste un long chemin à parcourir et les réformes annoncées auront besoin de temps pour être entièrement acceptées par toute la société. Le taux de chômage des femmes saoudiennes s’élève toujours à 33% (contre 12% pour le reste de la population active), et elles n’ont toujours pas le droit de divorcer ou d’ouvrir un compte bancaire. Mais les choses bougent.
Une révolution annoncée, un pari pour les Européens
Cette ambition rénovatrice est impulsée par le Prince héritier Mohammed Ben Salmane. Alors ministre de la Défense et président du Conseil des affaires économiques et du développement, « MBS » a présenté en avril 2016 un plan de transformation économique et sociale qu’il qualifie d’« ambitieux mais réalisable ». Baptisé Vision 2030, ce plan vise à faire sortir le pays de sa rente pétrolière en le faisant évoluer vers une économie de services et de connaissance. Sur les plans politique et social, Vision 2030 promet de réduire le poids des religieux sur la société et d’améliorer la qualité des services à la population (santé, culture, loisirs…). « Nous n’allons pas passer trente ans de plus de notre vie à nous accommoder d’idées extrémistes, et nous allons les détruire maintenant », avait lancé le prince héritier en accueillant un forum économique mondial en octobre dernier.
Lors de la visite du Prince à Paris en avril dernier, le Président français Emmanuel Macron avait déclaré : « s’il y a une chance que son projet réussisse, c’est notre responsabilité de l’accompagner ». Un engagement qui concerne Paris, mais aussi Bruxelles. Les réformes engagées par le gouvernement saoudien ne manqueront pas de susciter une franche hostilité de la part des milieux les plus conservateurs du pays. Pour soutenir cet effort, la délégation du Parlement européen qui se rendra dans le pays dans quelques semaines rencontrera la plupart des acteurs concernés, notamment sur la question du droit des femmes. Une coopération internationale qui doit permettre de construire un progrès durable et éviter tout retour en arrière.
1. Le 23 juin 2018 à 04:52, par Amaal En réponse à : Droits des femmes en Arabie saoudite : le Parlement européen souligne des avancées
Je suis d’accord, le chemin est long, mais l’essentiel que on est sur la bonne voie :) Je me permis de vous corriger quelques information en tant que « saoudienne », Les femmes ont le droit depuis quelques années d’ouvrir des comptes bancaire « toutes seules » et ont le droit de divorcer depuis le début, les femmes ont le droit de porter des plantes et de divorcer.
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