Donald J. Trump : diviser pour mieux régner

, par Thomas Robin

Donald J. Trump : diviser pour mieux régner

Comme aiment le rappeler les scénaristes de la célèbre série espagnole, La Casa de Papel, la maxime grecque romanisée « Divide et Impera » a permis à une petite bourgade italienne de rayonner sur le Monde. Si en son temps, Rome a su démontrer la force de cette technique, ceux qui usent de cette méthode aujourd’hui n’ont pas à pâlir face aux résultats des antiques.

« Divide et Impera »

Cette stratégie, de nombreuses fois théorisée, a pour principal objectif d’anéantir une potentielle alliance d’un ensemble de forces qui, réunies, auraient aisément pu empêcher les ambitions de celui, ou celle, mettant ladite tactique en place.

Aujourd’hui, elle est notamment utilisée par les forces de l’ordre, lorsque, par exemple, une prise d’otages a lieu. En écartant un individu du groupe d’assaillants, en jouant sur l’espoir de la Liberté future et d’un avenir encore possible, cet individu, généralement le plus sensible du groupe, peut devenir un indicateur. La finalité est de faire imploser le groupe de criminels afin de rétablir l’ordre public. Mais, comme cela l’a été dit, les forces de l’ordre ne sont pas les seules à user de cette technique. Des personnalités politiques font de même. C’est ainsi qu’il faut tourner son regard vers l’homme qui illustre à merveille la fameuse maxime : le Président des États-Unis d’Amérique. Si Donald Trump avait su donner le ton au cours de la campagne pour l’élection présidentielle américaine de 2016, organisant le casse du siècle, depuis le lancement officiel de sa campagne pour sa propre réélection en 2020, le 18 juin 2019, il semble ne pas vouloir changer ses méthodes.

Une communication inchangée

L’opposant de Donald Trump : le Parti démocrate. C’est cet ennemi qu’il faut diviser. Inévitablement, la société américaine en sera impactée, alors que cette dernière n’a jamais été aussi polarisée.

Dès le mois de juillet, les invectives du chef d’État ont repris. Les insultes, qualifiées de racistes, à l’égard de quatre élues démocrates issues de l’immigration et siégeant à la Chambre des représentants causèrent un tollé au sein du Parti démocrate, de la communauté internationale mais aussi dans le propre camp du Président. L’objectif de ces paroles est double. D’abord, il vise à imposer, comme en 2016, le thème de l’immigration afin d’enfermer les démocrates dans la défense des minorités, coupant alors le parti de l’électorat centriste et de la classe ouvrière blanche. Ensuite, il renforce les électeurs de Donald Trump : leur président dit la vérité (leur vérité) et se retrouve ainsi seul contre tous. C’est pourquoi, certains de ses partisans, galvanisés, scandèrent « Renvoyez-la ! Renvoyez-la ! » (à propos d’Ilhan Omar, députée, citoyenne américaine née à l’étranger) au cours d’un meeting en Caroline du Nord le 17 juillet. Immédiatement, Donald Trump affirma ne pas avoir apprécié ces propos.

Ce double jeu — causer l’incendie puis apporter de quoi l’éteindre — renforce son image d’homme rassembleur digne de la fonction présidentielle auprès de son électorat modéré. Certainement, les conséquences de la présidence de Donald Trump, sans évoquer une possible réélection, seront terribles. Ses propos anti-immigrations sont venus détricoter le ciment de la Nation américaine : l’immigration et le rêve américain pour tous. Ouvrir sa stratégie aux relations internationales américaines Si le compte Twitter du Président américain semble supplanter ses ambassadeurs depuis 2016, c’est à partir de janvier 2018, début de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, que la stratégie susmentionnée s’applique à la diplomatie états-unienne. Si nombres d’économistes américains alertent contre l’utilisation politique de ces mesures, l’objectif reste le même pour Donald Trump : être l’homme de la situation, seul contre tous, défendant la fière Nation américaine.

Et comme le préconise le fameux adage « mieux vaut prévenir que guérir », le milliardaire américain se lance en croisade contre les Européens. En effet, depuis une dizaine d’années, ces derniers se détachent de plus en plus, économiquement, des États-Unis d’Amérique. C’est ainsi que, selon la logique de Donald Trump, afin d’arrêter la prise en otages des entreprises américaines, il lui faut trouver l’indicateur qui saura faire imploser le groupe de criminels qu’est l’Union européenne. Son cheval de Troie ? — L’allié britannique ! Sa gueule de bois n’en finissant pas après le vote du Brexit en 2016, la nomination de Boris Johnson, hard brexiteur, à la fonction de Premier ministre du Royaume-Uni cet été, pourrait lui être favorable, du moins, pour un retour des entreprises américaines sur le marché de la Grande-Bretagne. Pour ce qui en est du Continent, il faudra encore patienter. La dernière proposition, racheter le Groenland au Royaume du Danemark, n’a eu pour seule conséquence qu’une brouille entre Donald Trump et Mette Frederiksen, chef du Gouvernement danois, ainsi qu’une salve de rires des Européens. Cependant, il semble que l’ennemi commun lie les Hommes.

Alors qu’il y a un an, au sommet du G7 de 2018, le Président américain avait préféré écourter avec ses alliés historiques, insulter le Premier ministre canadien et ne pas signer la déclaration commune finale afin de rejoindre Kim Jong-un au cours d’un sommet Singapourien exceptionnel, le sommet de 2019 apparaît comme celui de l’apaisement. Pourtant, rien n’était fait. Premièrement, le dirigeant américain considère que lesdits sommets du G7 sont une perte de temps. Ensuite, si ces réunions seraient inutiles, autant s’ennuyer avec la Fédération russe, puisque Donald Trump réclame le retour de Moscou, exclue pour ses actions militaires à l’Est de l’Europe, autour de la table et ce, sans contrepartie. Pour finir de crisper une situation déjà tendue, le Président américain menaçait une nouvelle fois de renforcer les taxes sur les vins français en représailles à la volonté de la France de taxer les géants du Web, majoritairement Américains.

Néanmoins, le New-yorkais sait surprendre. Arrivé à Biarritz, lieu où se déroule le sommet du G7 cette année, Donald Trump apparaît complice du Président français, jouant la carte de l’honnêteté et de la franchise entre eux. Par ailleurs, il faut noter la présence, validée par le chef d’État américain, du ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, invité aux discussions entre les Sept, alors que les deux États voient leurs relations diplomatiques tendues se crisper autour du détroit d’Ormuz. C’est ainsi qu’isolé diplomatiquement, et ceci ne le servant pas, jouer la carte de l’apaisement et se garder du moindre coup d’éclat à Biarritz le rapprocha des Européens malgré son absence à la session consacrée à l’environnement. Absent de cette réunion alors même que des incendies ont ravagé la Sibérie et ravagent actuellement l’Amazonie et les forêts de la Communauté de développement d’Afrique australe.

L’ennemi commun pointe alors le bout de son nez. La forêt amazonienne se réduit en cendres et les autorités brésiliennes et boliviennes semblent inactives. Les accusations du Président français à l’encontre du Président de la République fédérative du Brésil et la position de son parti, La République en Marche, qui critique l’accord économique UE-MERCOSUR, liés au mutisme du chef d’État américain forcèrent les autorités brésiliennes à agir ; modestement. Cette poudre de perlimpinpin n’a pas brillé aux yeux des Européens qui dénoncèrent l’apathie brésilienne. C’est alors que la fameuse stratégie « Divide et Impera » fut usée par Jair Bolsonaro.

Néanmoins, il semble que le nouveau résidant du Palais de l’Aurore (Brasilia) ne maitrise pas suffisamment cette technique appliquée aux relations internationales. Son moyen : insulter un chef d’État puis son épouse. Les motivations pour ces propos sont nombreuses : détourner l’attention sur des débats futiles afin de ne pas parler du réel problème, se laisser accuser par une autre Nation afin d’adopter un ton de défense et apparaître comme l’outsider que les dirigeants mondiaux tentent de faire taire. Les conséquences, elles, sont la réponse sèche du Président français, sur un ton compatissant pour les brésiliens et dénigrant pour l’actuel Gouvernement de ladite fédération, à la fois soutenu par ses plus fervents militants et sermonné par ses détracteurs auxquelles il faudra rajouter le mot d’au revoir de Donald Trump : « Le travail qu’a accompli Emmanuel Macron et son épouse lors de ce sommet a été excellent. »

En somme, la stratégie, si elle est bien usée, fonctionne toujours aussi bien qu’au temps de Rome, les sociétés civiles états-uniennes et brésiliennes sont divisées comme jamais auparavant et les poumons de notre Terre brulent toujours.

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