Pour Thierry Breton, l’Union européenne a joué un rôle prédominant dans la reprise de l’activité touristique estivale cette année
Après l’introduction du débat, faite par Karima Delli, eurodéputé du groupe Vert/ALE, qui a salué un retour de l’activité estivale du tourisme plus favorable que ce qui était attendu, Thierry Breton prend la parole. Il rappelle d’abord les mesures qui ont permis ce retour si positif : la certification de la Covid-19 délivrée aux personnes vaccinées, testées ou rétablies de la Covid-19, principalement, mais aussi l’instauration par la commission du label européen de sécurité Covid-19, délivré à toutes les entreprises du tourisme qui respectent les protocoles sanitaires, assurant ainsi la sécurité au sein de leurs établissements. Il précise ensuite l’importance du soutien financier apporté au secteur touristique soit par les Etats eux-mêmes, soit par l’Union Européenne : les plans nationaux de relance approuvés par la commission consacrent 11,6 milliards d’euros alloués à des initiatives relevant du tourisme et le fond européen de développement régional a lui-même investi près de 5 milliards d’euros dans le tourisme au cours de ces sept dernières années.
Des eurodéputés qui attendent un soutien financier plus important de la part de l’Union européenne
Des chiffres qui ne satisferont pas plusieurs eurodéputés. Pour István Ujhelyi, eurodéputé hongrois de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, il faut déterminer rapidement les fonds qui seront disponibles pour le secteur touristique. Julie Lechanteux, eurodéputée française du groupe Identité et démocratie, s’interroge sur le montant que la commission européenne pourra verser pour soutenir le secteur. Plusieurs eurodéputés ont souligné l’insuffisance des aides qu’ils jugent tardives. Maximilian Krah, du groupe Identité et démocratie, quant à lui, est le seul à exprimer l’idée que ce n’est pas à la commission de soutenir financièrement le secteur. Mais globalement, les eurodéputés attendent des aides financières plus ou moins ciblées.
Le tourisme, un secteur délaissé au sein de l’Union européenne qui doit faire l’objet d’investissements
Pour beaucoup d’eurodéputés qui se sont exprimés, le tourisme est le secteur “perdant” de l’Union européenne. Pourtant le tourisme est une source de revenus majeure pour la plupart des Etats membres, comme le souligne l’eurodéputé Bulgare de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, Petar Vitanov. Quand certains eurodéputés reprochent un manque d’investissement dans le secteur, d’autres mettent l’accent sur un retour à la normale, qui semble difficile. Quelques aventureux (au nombre de quatre) rappelleront la nécessité d’adapter le secteur aux impératifs de la transition écologique et du Green Deal. Il n’en reste pas moins que la majorité des eurodéputés appellent à la détermination d’un plan pour le secteur, et demandent à ce que la Commission prenne des mesures et des actions concrètes.
Certains eurodéputés n’hésitent d’ailleurs pas à proposer des solutions. Par exemple, Josianne Cutajar, eurodéputée maltaise de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, propose la mise en place d’une plateforme européenne de l’emploi dans le secteur des métiers du tourisme. Sur la question des emplois de nombreux députés se sont exprimés : certains regrettent le manque d’attractivité des métiers du tourisme, d’autres regrettent le manque de qualification des travailleurs dans le domaine. Pourtant le secteur du tourisme emploie quelque 27 millions de travailleurs dans l’Union : il apparaît donc nécessaire de mettre l’accent sur les formations et emplois du secteur du tourisme.
L’idée d’une Union européenne du tourisme revient plusieurs fois au cours du débat
S’il ne fait pas de doutes que le tourisme est un secteur clef du marché intérieur de l’Union européenne, l’approche des eurodéputés diverge quant à l’appréhension de ce domaine. Ils sont quelques uns à évoquer la nécessité d’une Union du tourisme : en passant par plus de coopération entre les Etats membres pour certains, comme l’a souligné notamment l’eurodéputé polonaise Magdalena Adamowicz du groupe du Parti populaire européen, ou en développant des infrastructures ou organismes spécifiques au domaine permettant une action plus cohérente, homogène et réactive. L’eurodéputé espagnol Gabriel Mato, du Parti populaire européen, a notamment regretté qu’on ne puisse se féliciter, ce soir-là, de la création d’un organisme dédié au tourisme. Pour Maximilien Krah, au contraire, il faut arrêter avec la multiplication de la bureaucratie et d’échelons au sein de l’UE : moins de restrictions et plus de liberté prône-t-il.
Le rôle prépondérant de la vaccination et de la certification sur la reprise du secteur qui met les eurodéputés d’accords
Reste que le rôle joué par la vaccination et la délivrance des certificats n’est plus à démontrer et a mis la grande majorité des eurodéputés d’accord. Certains ont, à ce titre, encouragé la gratuité des tests de dépistage au sein de l’UE pour éviter toute discrimination pour les consommateurs qui voudraient partir à l’étranger mais ne pourraient financer le coût de la vaccination, d’autres ont reproché le maintien de certaines barrières telles que l’obligation d’effectuer une quarantaine ou de faire un test de dépistage à l’arrivée dans certains Etats membres lorsque certains, en marge, ont reproché la lenteur de la mise en place de la certification.
Un manque regrettable de considérations environnementales dans un secteur pourtant polluant
Enfin, on retiendra de ce débat l’appel des députés à davantage d’intégration dans le secteur du tourisme, un appel à des mesures et actions concrètes et un appel à l’élaboration d’une stratégie pour soutenir le secteur. On regrettera cependant le manque de considération des enjeux environnementaux dans un secteur qui s’avère extrêmement polluant : beaucoup ont appelé à un retour à la normale et ont félicité la reprise de l’activité économique dans ce secteur sans évoquer la nécessaire transformation du secteur du tourisme pulsée par des impératifs de développement durable. On aurait pu espérer que cette crise dans le secteur du tourisme appelle à davantage de réflexions sur la transformation du secteur en faveur de la transition écologique, et non pas que la crise appelle à un retour à la normale et au développement des infrastructures et du tourisme. L’opportunité de repenser le secteur semble avoir été balayée d’un revers de main.
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