Entre le Danemark et l’Europe, un parcours politique riche en expériences
Dan Jørgensen a obtenu un master en sciences politiques de l’université d’Aarhus en 2004. Dès la fin de ses études, il est élu député européen pour le groupe des Sociaux-démocrates (S&D) jusqu’en 2013. Durant son mandat parlementaire, il est nommé vice-président de la commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire.
Mais Jørgensen ne s’est pas illustré uniquement sur la scène politique européenne. Il a aussi occupé d’importantes fonctions au Danemark, en étant ministre de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche entre 2013 et 2015 sous le gouvernement de Helle Thorning-Schmidt. Il est député du groupe des sociaux-démocrates au parlement danois, le Folketing depuis 2015. Il a été vice-président de ce groupe parlementaire entre 2017 et 2019.
Il a ensuite occupé la fonction de ministre du climat et de l’énergie sous le premier gouvernement de Mette Frederiksen entre 2019 et 2022 (un député peut aussi être ministre au Danemark). Depuis 2022, il est ministre de la Coopération pour le développement et de la Politique climatique globale au sein du second gouvernement de Frederiksen. À ce titre, il a joué un rôle important au sein des enceintes internationales consacrées au climat et au développement, par exemple lors de la COP 28 à Dubaï ou au sein d’institutions comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement.
Ses missions politiques, notamment en tant que ministre du Climat et de l’Énergie, l’ont amené à travailler avec les institutions européennes, par exemple en représentant le Danemark au sein de certaines formations du Conseil de l’UE. Dans les réponses aux questions écrites, il souligne l’importance de ces connaissances : “Si je suis nommé, je pense que ma bonne connaissance du Parlement européen et du Conseil peut être un atout pour le rôle de commissaire.”
Un nouveau portefeuille essentiel pour répondre aux défis actuels
Lors de son audition de confirmation le 5 novembre dernier, le commissaire danois a rappelé les enjeux liés à son portefeuille. La politique de l’énergie occupe en effet une place centrale face aux défis qui secouent l’Europe : compétitivité, emploi, sécurité avec la guerre en Ukraine ou encore changement climatique en sont des exemples. L’UE est moins compétitive dans ce domaine que ses concurrents états-union et chinois avec des prix de l’électricité 2 à 3 fois plus élevés pour les entreprises européennes. Les citoyens européens souffrent également des prix trop élevés puisque 10% d’entre eux ne peuvent pas se chauffer correctement.
Dans ce contexte, la première priorité de Dan Jørgensen est de faire baisser les prix de l’énergie, à la fois pour les entreprises et les ménages. Il promet de veiller à la transition vers des énergies faibles en émissions de carbone mais souhaite garder au premier plan la lutte contre la précarité énergétique. Il plaide également en faveur d’une indépendance énergétique totale vis-à-vis de la Russie.
Sur le volet du logement, Jørgensen confirme que la Commission travaille sur un plan européen pour un logement abordable. Les différentes mesures évoquées lors de son audition de confirmation sont une stratégie pour la construction de logements, la création d’une nouvelle plateforme avec la Banque européenne d’investissement pour investir dans le secteur, un financement accru du Fonds de cohésion et une réforme des règles en matière d’aides d’État.
Dans les réponses aux questions écrites, il insiste sur l’importance de la coopération entre les différents acteurs pour mettre en place ce plan pour un logement abordable. “ [N]ous avons besoin de solutions locales, nationales et européennes. (...) [J]e travaillerai main dans la main avec le Parlement européen, les États membres, les autorités locales et toutes les parties concernées (...).”
Un candidat peu controversé
Les députés du groupe du PPE l’ayant auditionné ont exprimé certaines inquiétudes quant à l’alourdissement des règles sur le coût de l’énergie, qui seraient difficiles à respecter pour l’industrie européenne, déjà sous pression. Le candidat danois les a rassurés en soulignant son engagement de réduire la charge administrative des entreprises.
Le commissaire-désigné a également reçu des questions lors de son audition concernant l’énergie nucléaire, notamment de Christophe Grudler du groupe Renew. Dan Jørgensen, connu pour son aversion pour le nucléaire, a confirmé que cette source d’énergie fait partie des solutions vers la décarbonation de l’Union européenne. Il a néanmoins souligné l’enjeu de rester “rationnels” dans cette approche et de ne pas devenir dépendants de la Russie par rapport à l’approvisionnement en uranium.
À la suite de son audition de confirmation, la candidature de Dan Jørgensen a été approuvée par le parti populaire européen (PPE), les sociaux-démocrates (S&D), les conservateurs et réformistes européens (CRE), le groupe libéral Renew ainsi qu’une partie du groupe the Left. Il a donc obtenu la majorité des deux tiers nécessaire sans les voix des groupes d’extrême droite des Patriotes (PfE) ou l’Europe des nations souveraines (ESN). Les factions de droite et d’extrême droite attendaient particulièrement cette audition en raison des positions du commissaire danois par rapport au nucléaire.
Malgré la majorité atteinte, les réactions des eurodéputés restent mitigées face à la candidature du Danois ; ils craignent notamment un manque d’ambition et de propositions concrètes. Si il reçoit le soutien du groupe S&D, les autres factions sont plus sceptiques. L’eurodéputé du groupe Renew Sigfrid Fiis a commenté : « Je ne doute pas qu’il ait de bonnes intentions et des ambitions, mais les promesses concrètes se font attendre ».
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