La pluralité de la citoyenneté britannique mise à mal
1,9%. C’est la majorité avec laquelle le Leave l’emporte le 23 juin 2016. Ce score apparaît dérisoire si l’on considère le nombre de changements qu’engendre le Brexit pour les britanniques. Ce faible écart entre Brexiters et Remainers est le reflet d’une population divisée presque de moitié. Une division idéologique mais aussi géographique : une ligne imaginaire scinde le Royaume-Uni, avec l’Angleterre et le Pays de Galle d’un côté, l’Irlande et l’Écosse de l’autre.
Nicola Sturgeon, Première ministre écossaise du SNP (Scottish National Party), est en position de force et réclame un nouveau référendum d’indépendance pour quitter le Royaume-Uni, et ainsi réintégrer l’UE. Le positionnement pro-européen des écossais ne fait aucun doute, mais l’abandon de l’union britannique pour l’Union européenne est un pari risqué tant le soutien de certains pays membres pour une Écosse indépendante est loin d’être acquis.
Quant à la question irlandaise, elle se pose de nouveau après seulement 33 ans de paix depuis la fin de la guerre civile. Bien moins avancés sur la question de l’indépendance que les Écossais, les Irlandais de la région de l’Ulster voient la République d’Irlande se rapprocher. Cela se traduit notamment par le maintien du programme Erasmus et par la prise en charge des étudiants issus d’Irlande du Nord.
Une Écosse indépendante ? La réunion de l’île d’Émeraude ? La fin du Royaume-Uni ? Londres semble ignorer ces questionnements. Pourtant, fermer les yeux sur la fragilité de l’identité britannique et ses multiples nationalités, c’est peut-être reproduire l’erreur d’appréciation de David Cameron lorsqu’en 2016, le Premier ministre négligea l’importance et l’influence du camp pro-Brexit avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui.
Une étoile en moins
Le départ du Royaume-Uni c’est certes, des sièges vaquant au Parlement européen et des débats moins houleux si l’on considère l’opposition quasi systématique des britanniques à une Europe plus unie, freinant l’UE dans son approfondissement. Mais il se traduit aussi et surtout par la diminution, voire, la disparition des perspectives d’ouverture pour les populations situées de part et d’autre de la Manche.
Le Brexit, c’est plus particulièrement une perte d’opportunités pour les étudiants avec la fin du programme Erasmus au Royaume-Uni. C’est une porte ouverte à l’étude et à la découverte du monde anglophone qui se ferme pour les européens les moins aisés. C’est une partie mal-aimée de la culture européenne qui a participé un peu malgré elle à son rayonnement, qui s’éteint. La liberté de circulation entre les pays membres de l’UE ne se résume pas à aux échanges économiques et au tourisme. Il y a là un enjeu de culture et de recherche qui ne doit pas être négligé. C’est aussi par les discussions, les rencontres, et les naissances parfois que l’Union européenne avance et se construit.
Il est donc important de se rappeler que le Brexit ne doit pas être regardé uniquement à travers le prisme économique ou diplomatique. Il est nécessaire aussi de considérer le sentiment européen et les conséquences concrètes sur les populations d’Outre-Manche et du Continent. Celles-ci vont devoir construire leurs propres passerelles pour ne pas se perdre de vue, pour ne pas perdre une partie de la diversité qui nous unit et permettre à la grande île de conserver son multiculturalisme tant revendiqué.
Le Brexit n’a pas divisé l’Europe mais la population britannique en son sein. Et si les revendications nationales au Royaume-Uni comme en Europe ne sont pas près de disparaître, c’est la culture et le dialogue entre des populations qui reconnaissent leur histoire commune qui permettent une cohésion internationale, au-delà des frontières.
1. Le 27 février 2021 à 14:54, par Rumin En réponse à : Conséquences du Brexit : l’identité britannique en question
C’est symptomatique, vous parlez de « populations », et non de « peuples ». Ce sont les démographes ou encore les sociologues qui parlent de « population ». Il existe un peuple français, le « peuple européen » n’existe pas. Chaque nation européenne (inclus le Royaume-Uni) a sa langue, son histoire et sa relation au monde, qui lui est propre. L’identité du continent européen, ce sont ses nations, souveraines par définition. Ce qui compte, c’est toujours et encore organiser politiquement le concert des nations sur notre continent, Russie et Turquie incluses.
2. Le 27 février 2021 à 22:18, par Gabrielle Rennuit En réponse à : Conséquences du Brexit : l’identité britannique en question
Le mot « peuple » a une connotation séparatiste qui ne me convient pas. Loin de moi l’idée d’assimiler des populations qui divergent entre elles par de multiples différences culturelles. La notion d’unité européenne réside dans la reconnaissance de cette diversité. L’identité du continent européen est définie par l’ensemble de ses citoyens, qui sont souverains en démocratie, par définition. Ce qui compte, c’est d’organiser politiquement une union qui représente les individualités qui la compose.
3. Le 1er mars 2021 à 08:21, par Rumin En réponse à : Conséquences du Brexit : l’identité britannique en question
Votre approche est poétique. Pourquoi pas, mais vous ne pouvez ignorer quelques données politiques majeures. Le peuple français, c’est l’ensemble des personnes qui ont la nationalité française, et c’est à lui qu’appartient la souveraineté nationale. Notre Constitution républicaine semble vous poser un problème. L’UE est une organisation internationale, basée sur des traités internationaux ratifiés par chaque pays selon ses propres règles constitutionnelles. Il n’y a ni peuple, ni nationalité ni donc Constitution « européenne ». Sous quelle forme juridique imaginez-vous « l’unité » dont vous parlez ?
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