Bucarest, dimanche 18 mai, 21 heures (20 heures à Paris). Les bureaux de vote pour le second tour de l’élection présidentielle roumaine viennent de fermer, et les premières estimations commencent à tomber. Le chef du parti d’extrême droite AUR, George Simion, revendique la victoire : il se proclame le “nouveau président de la Roumanie”, et dénonce les “fraudes” électorales. Pourtant, plus tard dans la soirée, il finira par reconnaître sa défaite. L’élection ne s’est jouée qu’à quelques pourcentages près, et c’est bien le candidat pro européen et maire de Bucarest, Nicusor Dan, qui devient le nouveau président roumain avec 53,6% des suffrages.
Une campagne inédite après l’annulation du premier scrutin
Depuis plusieurs semaines, les Roumains observent interloqués cette campagne électorale hors norme, qui devait initialement prendre fin en décembre dernier, avant de prendre une tournure inattendue. Le favori de l’élection à l’époque, le candidat indépendant d’extrême-droite Calin Georgescu, voit l’élection annulée entre les deux tours suite à des soupçons d’ingérence étrangère et l’utilisation de faux comptes TikTok pour booster sa campagne. Le Taurillon vous raconte dans cet article l’origine de ces soupçons d’ingérence étrangère.
Dans les semaines qui suivent l’annulation de l’élection, Calin Georgescu repart en campagne : pourtant, quelques semaines avant le premier tour (qui s’est tenu le 4 mai dernier), la Commission électorale déclare sa candidature comme invalide, l’empêchant de candidater à l’élection. Le candidat pro-russe dénonce “un coup direct porté à la démocratie”, sans donner de consigne de vote particulière.
L’émergence d’un autre candidat d’extrême-droite
Très vite, un autre candidat, George Simion, du parti “traditionnel” d’extrême-droite AUR, qui n’avait pas réussi à se hisser au deuxième tour de l’élection fin novembre, annonce candidater à nouveau à la présidentielle avec le soutien de Georgescu. En se positionnant comme porte-voix du candidat nationaliste, il espère rassembler les électeurs des deux camps, et met en avant son opposition à l’aide militaire à l’Ukraine, un sujet majeur en Roumanie - le pays compte en effet plus de 500 kilomètres de frontière commune avec son voisin envahi par la Russie.
Cette fois-ci, George Simion réussit à franchir la barre du premier tour, et arrive en tête de l’élection avec 41% des voix. Et, nouvelle surprise du scrutin, la pro-européenne Elena Lasconi (Union Sauvez la Roumanie), qui devait affronter Georgescu en décembre, n’arrive pas à se qualifier au deuxième tour de l’élection. Contre toute attente, c’est le le maire centriste pro-européen de Bucarest Nicușor Dan qui remporte 20,9 % des voix et qui s’oppose à George Simion.
Participation record et résultats contestés
La victoire de Nicușor Dan, que certains observateurs qualifient comme un “miracle politique”, est tout d’abord liée à une forte mobilisation des électeurs roumains. La Roumanie traverse probablement une des périodes les plus compliquées depuis la chute de la dictature de Ceausescu en 1989. Entre corruption, déclin démographique et très forte inflation, le climat politique est au “dégagisme”. Face à la menace de l’extrême-droite, les Roumains se sont massivement rendus aux urnes ce 18 mai : le taux de participation a frôlé les 65 %, contre 53 % au premier tour.
Face à la victoire du candidat pro-européen, George Simion a dénoncé des fraudes, avant de finalement reconnaître sa défaite. Le fondateur de la messagerie cryptée Telegram, Pavel Durov, a lui accusé la France de “censurer des voix conservatrices” en Roumanie - ce que le Ministère des Affaires étrangères français a vivement démenti.
Suivre les commentaires :
|
