Comment l’Union européenne aide à la création de jeux vidéo ?

, par Léo Allaire

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Comment l'Union européenne aide à la création de jeux vidéo ?
Image : Olichel / Pixabay

Le jeu vidéo occupe un espace culturel de plus en plus important au sein de l’Union européenne et même dans le monde. Face aux nombreux concurrents qui existent sur la scène mondiale, principalement aux États-Unis, mais aussi au Canada, au Japon et depuis quelques années en Chine, il est important que l’UE apporte son soutien au secteur afin de maintenir et de faire progresser sa compétitivité, la créativité des équipes et les technologies européennes.

Focus Home Interactive, Gameloft, 505 Games, THQ Nordic ou CD Projekt RED... Tous sont des éditeurs de jeux vidéos. Un secteur dans lequel il existe également de nombreux studios de développement européens : Ubisoft et ses studios de jeux vidéo répartis dans différents pays d’Europe, Arkane Studios, CD Projekt RED ou encore Milestone Interactive. De nombreux développeurs indépendants sont également présents dans toute l’Europe et sur toutes les plateformes, que ce soient le PC, les consoles, les smartphones et les tablettes. Dans ce domaine concurrentiel, l’aide de l’Union européenne est importante.

Une aide financière aux studios de développement européens

En 2014, l’Union européenne a créé le programme « Europe Créative Media » qui a pour objectif de financer des projets culturels, notamment de jeux vidéo européens. Celui-ci s’étend sur la période 2014-2020 et représente un budget annuel d’investissement estimé à près de 3,78 millions d’euros.

Le programme repose sur un certain nombre de critères que les projets doivent remplir afin d’être sélectionnés. Tout d’abord, les entreprises doivent être européennes, avoir une expérience dans le domaine du gaming et être légalement constituées depuis au moins 12 mois. La ou les plateformes de destination du jeu et la méthode de distribution du titre ne sont pas des critères pris en compte. Le jeu doit être d’un « haut niveau d’originalité, d’innovation et de créativité, de diversité culturelle et mettre en avant l’identité et l’héritage culturels européens ». Le projet doit également avoir un minimum d’ambitions commerciales et un potentiel à l’exportation dans l’UE et à l’international. La contribution distribuée ne peut excéder 50 % du coût total éligible du projet. Pour avoir accès à ces ressources, les studios de développement doivent démontrer qu’ils ont créé un jeu vidéo disponible sur le marché sur les deux ans qui précédant l’appel.

Ce programme de soutien est également disponible dans certains pays hors UE à savoir l’Islande, la Norvège, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine du Nord, le Monténégro et la Serbie, mais sous certaines conditions. Le Royaume-Uni peut encore bénéficier de ce programme grâce au fameux accord de retrait. Une fois que le projet d’un studio est sélectionné, un accord est proposé détaillant les conditions et les montants du financement accordé. Jusqu’à 70 % de la somme totale peut être accordée en préfinancement sous certaines conditions.

La Commission européenne a donc pris des mesures concrètes pour le secteur, ce programme permettant en effet aux acteurs du jeu vidéo européen de pouvoir obtenir un financement de la part de l’Union européenne en plus des aides et du soutien accordés par les États membres, dans le respect de la législation européenne en vigueur. Cette contribution a le mérite d’exister. La mise en place de financements spécifiques pour le jeu vidéo paraît relativement récente or les besoins sont nombreux tant il est parfois difficile de trouver des financements pour certains projets. De plus, la concurrence mondiale est féroce et les acteurs très nombreux.

Soutien à l’innovation et soutien des États membres

Le jeu vidéo est très dépendant des avancées technologiques, notamment dans le secteur des composants, des moteurs graphiques et physiques, mais aussi de l’intelligence artificielle. L’UE dispose d’une législation en matière de recherche qui lui permet de la soutenir. Le programme Horizon 2020 propose des mesures de soutien à l’innovation, mais aussi au secteur du numérique et donc indirectement aux jeux vidéo. Au niveau européen, il existe également de nombreuses initiatives de la part d’entreprises ou d’associations pour promouvoir le jeu vidéo.

Les États membres financent eux aussi leur recherche et proposent des aides aux acteurs du secteur. C’est notamment le cas de la France par l’intermédiaire du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée). L’organisme propose le Fonds d’aide au jeu vidéo (FAJV). Celui-ci permet également d’aider lors du développement d’un titre et même durant la phase de prototypage d’un jeu. En juin 2019, le CNC lance également une aide permettant d’aider à l’écriture d’un Game Design Document (GDD) qui détaille les caractéristiques des titres et vise à guider les équipes de développement au cours de la production.

Sur le plan économique, le marché unique permet naturellement une facilitation des ventes sur supports physique et numérique dans toute l’Union pour les éditeurs. Sur le plan juridique, la directive sur le droit d’auteur dont la réforme a été votée le 26 mars 2019, joue bien sûr un rôle majeur pour les studios en matière de protection de la propriété intellectuelle.

Depuis 2014, l’Union européenne apporte une aide concrète financière aux studios et éditeurs de jeux vidéo européens. Mais ces financements sont trop peu élevés et ne suffisent pas si l’on regarde le nombre important d’acteurs de l’industrie et de projets menés au sein de l’UE. Il reste donc beaucoup à faire pour soutenir les créateurs européens de jeu vidéo. Outre l’augmentation des fonds disponibles, il pourrait être intéressant d’accompagner les studios dans la localisation de leurs titres, accompagner les entreprises dans leurs projets d’investissement en Europe et promouvoir le jeu vidéo comme média culturel au plus haut niveau de décision. Reste à savoir la forme que prendra le soutien au secteur du jeu vidéo dans le prochain budget pour la période 2021 – 2027, dont les détails seront prochainement négocié au sein des institutions européennes.

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