Dombrovskis, « pompier de la lutte contre la crise économique »
La Lettonie revient décidément en boucle dans les fils d’actualités de l’hexagone depuis quelques semaines. C’est d’abord Garry Kasparov qui a mis la Lettonie sous les projecteurs début novembre, en demandant très officiellement à acquérir la citoyenneté lettone. La semaine dernière, c’est l’effondrement du toit d’un supermarché en banlieue de Riga qui a attiré l’attention de la presse internationale sur cet Etat balte, bien souvent confondu avec ses voisins lituaniens et estoniens.
Membre du parti Vienotība(rattaché au PPE au niveau européen), Valdis Dombrovoskis, 43 ans, détenait le record de longévité au poste de Premier Ministre, qu’il assumait depuis 2010. Il demeurait malgré tout populaire pour avoir relevé son pays, l’un des premiers et des plus violemment touchés par la crise économique et financière au sein de l’Union européenne : c’est que la Lettonie n’avait pas fait semblant de sombrer dans la récession, avec une chute du PIB de 18% au troisième trimestre 2008, qui s’est poursuivie dans les mêmes ordres de grandeur tout au long de l’année 2009 !
Avec l’aide du FMI, son gouvernement a appliqué, de façon assumée, une sévère cure d’austérité à son pays, sans protestation aucune de la population. Les dépenses de fonctionnement de l’administration centrale des Ministère ont ainsi été réduites de 30%, près de la moitié des hôpitaux du pays fermés (passant de 59 à 35 hôpitaux), cent écoles le furent également. Le tout couplé à une modernisation de l’appareil d’Etat, dont le caractère jugé « pléthorique » demeurait un héritage de la période soviétique.
Dès 2011, la Lettonie renouait avec la croissance (+5.5% en 2011) et ramenait son déficit à 3.5% du PIB (contre 9.8% en 2009), tant et si bien que le pays est considérée comme un « modèle » de sortie de crisepar certains chefs d’Etat européens. Fort de ce retournement de situation, Dombrovskis a ensuite « surfé sur la vague », négociant avec succès l’entrée de la Lettonie dans la Zone euro, qui sera effective au 1er janvier prochain.
Comment un « simple » effondrement de toit a-t-il pu emporter le gouvernement ?
Toutes les aventures politiques ont une fin, et c’est donc la catastrophe de la semaine dernière qui aura provoqué la démission du gouvernement de Valdis Dombrovoskis. Rien n’augurait pourtant une telle démission, à moins d’un an seulement des prochaines élections législatives qui se dérouleront en octobre 2014. C’était mal estimer le traumatisme suscité par cet événement que le Président du pays Andris Berzins n’a pas hésité àqualifier de « meurtre », tant une responsabilité humaine paraît être à l’origine du drame. Selon une source gouvernementale haut-placée, « une tête devait tomber »pour donner un gage à l’opinion publique.
Ces derniers jours ont donc vu se dérouler une partie de ping-pong entre le gouvernement et le Maire, russophone, de Riga, Nils Ušakovs, considéré comme « directement responsable » du côté du gouvernement. Sous le poids de la pression médiatique, trois Ministres du gouvernement Dombrovskis avaient déjà démissionné ces derniers jours. Le Maire de Riga « refusant d’endosser ses responsabilités » selon cette même source, le Premier Ministre a donc décidé de « prendre les siennes » en déposant sa démission, ce qui devrait d’ailleurs encore « accroître sa popularité », toujours selon notre source.
…Et maintenant ?
Cette affaire ouvre-t-elle pour autant un épisode d’instabilité politique ? Heureusement, rien n’est moins sûr. Les partis politiques ont à présent deux semaines pour mener à bien des consultations et se mettre d’accord sur le nom d’un nouveau Premier Ministre (M. Dombrovskis ayant exclu d’occuper à nouveau ce poste dans l’immédiat), que le Président de la République pourra ensuite proposer au Parlement (unicaméral), la Saeima. Il est d’ores et déjà certain que c’est une coalition large et hétéroclite qui sera amenée à gouverner, regroupant des partis du centre-droit aux Verts, en passant par le parti agrarien. La probabilité d’élections anticipées serait inférieure à 10%…La Lettonie ne devrait donc pas crever l’écran pour avoir battu le fameux record de la Belgique, qui avait passé 500 jours sans gouvernement entre 2010 et 2011 !
Suivre les commentaires : |