Changer l’Europe

, par Sandra Fosso

Changer l'Europe

On ne l’aura sans doute jamais répété autant qu’aujourd’hui : l’Union européenne est en crise. L’extrême droite connait une ascension inexorable partout en Europe, des pays comme la Grèce voient un retour en puissance du fascisme.

Trois ans après que n’ait retentit cet innommable « Heil Hitler » au sein même du Parlement grec et de surcroît de la bouche d’un député, Panayiotis Iliopoulos [1], l’extrême droite est encore plus présente que par le passé. Le succès de partis qui ne clament non pas l’amour pour leur patrie mais la haine des étrangers, s’explique par de séduisants discours populistes. Il est plus facile d’admettre que le problème à une crise économique qui dure depuis des années et que nous ne savons pas résoudre vient des autres. Ajoutez à cela une crise migratoire, des attentats terroristes, des politiciens corrompus et le coupable est tout trouvé. Pourtant il suffit de regarder en arrière pour s’apercevoir que l’extrême droite est aussi loin d’avoir la solution que Pénélope Fillon d’avoir été l’assistante parlementaire de son mari. Le constat est bien triste et bien réel : l’extrême droite séduit à nouveau en Europe comme aux Etats-Unis. Alors comment l’Union européenne peut-elle survivre à cette crise qui lui a déjà fait perdre un pays ?

L’Union européenne doit, si elle veut ne pas disparaître, prendre un nouveau chemin.

Jusqu’alors plusieurs modèles ont été suivis :

  • La méthode ouverte de coordination se dessine à partir des années 90 et permet aux Etats membres de se mettre d’accord de manière informelle dans certains domaines de la politique européenne.
  • La méthode intergouvernementale qui connaît ses débuts avec le traité de Maastricht (1992) cherche à répondre aux intérêts des Etats membres avant l’intérêt de l’Union européenne.
  • La plus ancienne, la méthode communautaire se base sur un socle commun de valeurs et recherche un consensus des Etats membres tout en essayant de répondre à l’intérêt de l’Union d’abord.

Aujourd’hui ces trois méthodes de fonctionnement n’ont pas permis d’empêcher la crise politique et économique que traverse l’UE. Le dénouement tardif de la crise des migrants dévoile l’impossibilité de ces méthodes à permettre un consensus rapide des Etats membres. Peut-être est-il temps non pas d’abandonner l’Union européenne mais d’inventer un nouveau moyen pour construire l’Europe de demain.

Des propositions

Le think-tank européen Bruegel - classé 3ème au rang mondial par l’université de Pennsylvanie pour la qualité de ses recherches et son influence sur les politiques publiques - est aujourd’hui une source importante de renouvellement des idées au sein de l’Union européenne. La théorie des « deux cercles concentriques » de ce « laboratoire d’idées » pour renouveler l’Europe décrit une Europe à deux vitesses où le cercle central contiendrait les pays les plus intégrés, c’est-à-dire les Etats membres de la zone euro ainsi que tous ceux prêts à pousser plus loin leur intégration. Le cercle central appliquerait le droit actuel européen et renforcerait l’intégration dans la plupart des domaines (économie, social, politique…). Le deuxième cercle contiendrait les Etats membres réticents à pousser l’intégration plus loin ainsi que les Etats non membres de l’UE. Il y aurait création d’un « Partenariat continental » qui ouvrirait aux membres des deux cercles un marché unique, obligerait la participation à la politique étrangère, une participation au budget de l’UE, un processus de décision intergouvernemental et la participation à des politiques communes. Un citoyen membre du « partenariat continental » mais « non membre de l’UE » ne pourrait pas circuler librement dans l’UE. Ce partenariat aurait ses propres institutions qui intégreraient les institutions de l’UE. Les législateurs demeureraient le Parlement européen et le Conseil mais ceux-ci devraient considérer les propositions du « Conseil du Partenariat continental ».

Le mouvement DiEM25, union de démocrates engagés pour l’Europe, propose une refondation de l’Union européenne. Ils veulent une transparence des institutions européennes ainsi que la création d’une « constitution démocratique de l’Union européenne » sous l’approbation d’une Assemblée constituante. Ils souhaitent mettre en place leur projet à l’horizon 2025 pour éviter l’effondrement total de l’Union européenne. DiEM25 propose de remettre dans les mains de l’UE les quatre facteurs actuels de la crise économique (dettes, banques, insuffisances de l’investissement et montée de la pauvreté) car les Etats membres n’arrivent pas à les gérer. D’autre part ils veulent limiter le pouvoir de Bruxelles pour redonner plus de pouvoir aux institutions nationales et aux collectivités territoriales. D’autres propositions pour relancer la construction européenne ont été faites. La chancelière allemande proposait en 2010 une nouvelle méthode pour l’union : « méthode de négociation coordonnée et solidaire dans laquelle chacun possède ses compétences propres mais où tout le monde poursuit le même but ». L’ancien ministre des affaires étrangères français, Hubert Védrine propose quant à lui pour lutter contre le désintérêt des citoyens envers les affaires européennes, de faire une pause pendant laquelle l’UE ne fonctionnerai quasiment plus. S’ensuivrait une conférence européenne qui donnerait lieu à une relance de la construction européenne.

Face à la montée de l’extrémisme, il semble que la volonté de redonner de l’élan au projet européen soit bien présente partout en Europe, en témoigne ces quelques propositions de refondation de l’Union européenne.

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Notes

[1Panayiotis Iliopoulos est membre d’Aube dorée, le parti d’extrême droite grec

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