Aujourd’hui, nous analysons la Bulgarie, l’Allemagne et les Pays-Bas, trois pays qui ont connu en février-mars des élections décisives pour le futur de l’Europe.
Bulgarie : un nouveau Parlement et le pari réussi de Boïko Borissov
En janvier 2017, le parlement bulgare est dissout suite à l’entrée en fonction du nouveau Président Rumen Radev (Parti socialiste). Des élections législatives anticipées sont convoquées en mars car le précédent gouvernement conservateur du premier ministre Boïko Borissov (GERB, pro-européen) a démissionné suite à l’élection présidentielle.
La démission était un pari risqué pour Boïko borissov : son parti et sa candidate favorite, Tsetska Tsatcheva (ancienne Président du Parlement) ont perdu les élections présidentielles en novembre 2016 face au parti socialiste bulgare mené par Rumen Radev. Suite à la démission du gouvernement dirigé par Boïko Borissov, un gouvernement provisoire de techniciens est mis en place jusqu’aux législatives.
Fin connaisseur de ce chantage électoral , Boïko Borissov remporte les législatives en mars 2017 et peut former un nouveau gouvernement, devenant ainsi pour la troisième fois Premier ministre. Après avoir perdu les présidentielles en novembre (tout du moins son parti et sa candidate), il conserve le pouvoir avec sa victoire aux législatives. L’inoxydable Premier ministre conservateur aura réussi à se maintenir au pouvoir de façon quasi constante depuis 2009.
Toutefois, l’actuel gouvernement Borrissov III, ainsi surnommé par les analystes bulgares, a du faire des compromis pour disposer d’une majorité : l’extrême-droite est entrée dans la coalition gouvernementale. Cela entache l’image de pro-européen réformateur que s’est forgée le Premier ministre. De plus, des photos de proches conseillers ainsi que du ministre de la défense (extrême-droite bulgare) faisant des « saluts nazis » ont circulé sur internet, certaines datant de plusieurs années et laissent planer le spectre de plusieurs démissions
Plus d’infos : Bulgarie : dissolution du parlement par le nouveau président
Allemagne : un nouveau Président fédéral et une campagne très intense en vue des élections de septembre
Après l’élection en février dernier de Frank-Walter Steinmeier à la Présidence de la République , l’Allemagne est en campagne électorale . Les élections législatives, qui auront lieu le 24 septembre prochain, pourraient porter au pouvoir Angela Merkel pour un quatrième mandat.
Le 12 février, la Bundesversammlung [1] se réunit à Berlin et élit à une écrasante majorité (74% au premier tour) le Président de la République fédérale d’Allemagne, Frank-Walter Steinmeier. Le très populaire ancien ministre des Affaires étrangères accède ainsi à cette fonction honorifique, domiciliée au Schloss Bellevue à Berlin. Alors que Joachim Gauck, l’ancien Président fédéral est ovationné pour son rôle unificateur et transpartisan, Frank-Walter Steinmeier prend de suite une position résolument pro-européenne et critique fermement les extrêmes-droites et les populismes en tout genre.
Surtout, la campagne pour les élections législatives de septembre prochain est très intense. Après trois élections régionales en mars [2] et mai [3] qui ont conforté l’avance de la CDU, le parti d’Angela Merkel semble en mesure de porter la Chancelière vers un quatrième mandat. Toutefois, l’élan du SPD (sociaux-démocrates) avec Martin Schulz en chef de file n’est pas à négliger. L’ancien Président du Parlement européen incarne une véritable alternative face à Merkel. Les libéraux semblent également en mesure de revenir au Bundestag tandis que le parti Alternative für Deutschland (extrême-droite), empêtré dans des affaires internes, est en perte de vitesse.
Ayant pris de court tous ses partenaires de coalition potentiels, Merkel a d’ailleurs laissé voter le Mariage pour tous au Parlement le 30 juin , même si elle s’y est opposée « pour des raisons strictement personnelles ». Après un débat rapide qui tranche avec la dureté des débats français en 2015, la loi est adoptée sur la toute fin de la période législative, entérinant un sujet de campagne qui aurait pu jouer en défaveur de la Chancelière. Avec 40% d’intentions de vote en juillet, la CDU et son alliée bavaroise CSU pourraient obtenir encore plus de sièges qu’en 2013.
Plus d’infos : En Allemagne la campagne accélère
Pays-Bas : Mark Rutte réussit l’exploit de contrer Wilders
Le 15 mars 2017, l’Europe a retenu son souffle lors des élections législatives aux Pays-Bas. Le populiste Geert Wilders (Parti de la liberté, PVV, extrême-droite), au coude à coude dans les sondages avec le Premier ministre sortant, Mark Rutte (Parti populaire, VVD, conservateurs) risquait de remporter les élections.
Pendant la campagne, la société civile européenne s’est mobilisée, et a battu le pavé, notamment avec le mouvement « Pulse of Europe » pour alarmer les néerlandais sur le risque de voir arriver un populiste d’extrême droite au pouvoir. Désormais, c’est avec un paysage politique clairsemé aux multiples petits partis représentés au Parlement que Mark Rutte doit négocier en vue de trouver un accord de gouvernement
En effet , le système électoral néerlandais de la proportionnelle intégrale donne un Parlement complètement éparpillé : pas moins de 13 partis siègent dans la seconde Chambre des Etats-Généraux (nom de la basse Chambre du Parlement). Le parti du Premier ministre sortant gagne clairement les élections avec 21,3% des voix devançant son concurrent de l’extrême-droite de plus de 8 points. Depuis lors, des négociations ont lieu entre les conservateurs du VVD, les chrétiens-démocrates (CDA, 12,4%), les libéraux-progressistes (D66, centre-gauche, 12,2%) et le nouveau parti GroenLinks (Gauche Verte, 9,6%) en vue de former une coalition gouvernementale. Cependant, à quatre partis de gouvernement, les négociations sont difficiles et échouent le 15 juin pour la deuxième fois depuis mars. En cause, l’immigration notamment : Jesse Klaver, le très jeune leader de GroenLinks s’oppose fermement au plan du Premier ministre conservateur.
Alors quelle coalition possible ? Avec 71 sièges s’ils se réunissent ensemble, il manque encore 5 sièges aux conservateurs du VVD, au CDA et à D66 pour obtenir une majorité absolue. Le parti travailliste (PdVA), l’actuel partenaire de coalition du gouvernement sortant a été pulvérisé lors de l’élection en perdant 29 sièges et ne se montre pas encore prêt à coopérer. Il est par ailleurs exclu de coopérer avec l’extrême-droite de Wilders – même si lui y consentirait volontiers – ou la gauche radicale. On s’oriente donc doucement vers une crise politique sans gouvernement.
Plus d’infos : Elections à risque aux Pays-Bas
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