Le contexte politique contemporain
Au XIXème siècle, la Bohême et plus généralement l’actuelle République Tchèque est sous domination des Habsbourgs. Cette domination remonte à la Guerre de Trente-ans (1618 - 1648), guerre officiellement déclenchée par les défenestrations de Prague en réaction au fait que les droits et libertés des protestants étaient remis en question. C’est dans ce contexte de domination autrichienne que Bedřich Smetana (1824 – 1884) va se construire en tant qu’être humain, militant et compositeur. Ce dernier avait l’habitude de dire que sa musique était le reflet de ses convictions les plus profondes et de ses expériences personnelles. C’est sans doute pour cela que comprendre la musique de ce personnage passe par la compréhension de son parcours.
Smetana, sa vie, son œuvre
Smetana naît dans une famille aisée. Très tôt, il se mit à fréquenter les milieux intellectuels tchèques à l’époque très influencés par l’atmosphère révolutionnaire qui régnait en Europe. C’est en fréquentant ces milieux là qu’il développe une véritable conscience nationale tchèque que l’on retrouve dans la plupart de ses pièces. Il construit son style, ses opinions et sa personnalité au contact de divers compositeurs européens tels que le français Hector Berlioz, le hongrois Franz Liszt, le franco-polonais Frédéric Chopin ou encore l’allemand Robert Schumann.
Le combat nationaliste de ce dernier s’intensifie en réaction à l’autoritarisme d’Alexander von Bach, combat qu’il abandonne peu à peu pour s’adonner à sa vie de musicien mais aussi à sa vie de famille. Cependant sa fille décède soudainement. Effondré, il décide de s’exiler en Suède avant de se rendre à Weimar où il fait la connaissance de la musique de Franz Liszt qui l’influencera durablement. Mais le soulèvement des peuples va précipiter son retour à Prague, d’autant plus que l’Autriche voit la chute d’Alexander Von Bach après la défaite qu’elle essuie contre le Royaume de Sardaigne et Napoléon III en 1859. Après son retour, il va lutter avec acharnement pour la reconnaissance d’une musique proprement tchèque. C’est ainsi qu’il va dans ses compositions solliciter des éléments du folklore de sa patrie afin de tenter de réaliser son émancipation culturelle. Ce n’est pas sans difficulté qu’il y arrivera. Le personnage est frappé de surdité totale en 1874 qui s’accompagne de troubles nerveux. Il mourut dans un asile.
Mà Vlast (ma patrie)
Mà Vlast est incontestablement son œuvre la plus connue. Il s’agit d’un cycle de poèmes symphoniques dans lequel Smetana raconte l’histoire et les paysages de sa patrie, la Bohême.
Les poèmes symphoniques sont au nombre de six : Vyšehrad, une colline qui surplombe la ville de Prague ; Vltava (parfois désigné par son nom allemand, la Moldau, la plus longue rivière de la République Tchèque), Šárka, une héroïne du folklore tchèque, Z českých luhů a hájů (Par les prés et les bois de Bohême, qui parle du paysage bohémien), Tábor et enfin Blaník, ces deux derniers étant relatifs à l’histoire des Hussites, un peuple adepte des théories du théologien tchèque Jan Hus.
Parmi ces poèmes symphoniques, la Moldau (Vltava) est sans doute le plus connu et le plus beau. Ceux qui écouteront reconnaîtront très probablement le thème principal.
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