C’est dans la « jungle » que l’artiste britannique Banksy a posé l’un de ses pochoirs. Il est connu pour ses œuvres engagées. Il a par exemple réalisé clandestinement plusieurs fresques sur le mur de Gaza afin de faire réagir l’opinion. Du côté palestinien neuf graffs critiquent la situation politique et les tensions permanentes présentes en Cisjordanie. L’une d’entre elle, qui s’appelle Beach Boys, représente deux garçons au pied du mur qui s’amusent à faire des châteaux de sable.
En septembre 2015 déjà, Banksy avait mis à dispositions des éléments de « Dismaland », son parc d’attractions sinistre, pour construire des abris aux migrants. En décembre, il crée trois œuvres.
L’une d’elle se trouve à l’entrée de la jungle et représente Steve Jobs, fils d’un immigré syrien. Banksy explique : « Apple est la société qui dégage le plus de bénéfices et qui paye plus de sept milliards de dollars d’impôts, mais cela a pu être le cas seulement parce qu’un homme venu de Homs a pu y entrer. »
La deuxième œuvre, qui se situe sur le mur d’un immeuble du centre-ville, est un pastiche du Radeau de la Méduse. A la place de l’embarcation des naufragés de Géricault figure un ferry semblable à ceux qui effectuent quotidiennement les liaisons entre les deux rives de la Manche, mais qui restent inaccessibles aux migrants.
La dernière œuvre située au bord de la plage, montre un enfant qui pointe une longue vue vers les côtes anglaises sans voir le vautour qui est posé dessus.
Alors Banksy, artiste ou vandale ?
Les œuvres de Banksy ont fait l’objet d’un culte populaire hors du commun : les trois pochoirs calaisiens ont été vus dans le monde entier. Ils sensibilisent au sort des migrants et font connaître le sort des ombres de la « jungle » de Calais. La Ville de Calais a d’ailleurs décidé d’intégrer les fresques dans les points remarquables de ses circuits touristiques. L’opinion des Calaisiens diverge parfois : peu sensibles au street art, certains y voient une dégradation des murs publics qui salisse la une ville déjà meurtrie. Les réactions hostiles publiées sur Facebook sont cependant minoritaires : les tags de Banksy sont d’une telle force qu’ils font presque l’unanimité.
Le plus touchant est que de nombreux migrants se font photographier devant le graff Steve Jobs et envoient leurs selfies à leurs proches. Banksy, à travers l’art, les aide ainsi à conserver une part de dignité. Peut-on trouver plus bel engagement artistique et humaniste ?
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