Un Land qui penche à droite, très à droite…
Depuis la réunification allemande, la Saxe-Anhalt est dirigée par la droite libéral-conservatrice du CDU (Christlich-demokratishe Union), remplacée entre 1998 et 2002 par le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands), soutenu par l’ancêtre de Die Linke, la gauche radicale allemande. Cependant, en 2016, lors du dernier scrutin régional, la droite extrême de l’AfD (Alternativ für Deutschland) a fait son entrée dans l’hémicycle, et quelle entrée ! Si la CDU a maintenu son leadership, elle a recueilli un peu moins de 30% des voix et 30 des 87 sièges, l’AfD a débarqué en force en réunissant 24,3% des suffrages, s’assurant 25 sièges pour sa première participation ! Il s’agit là de son deuxième meilleur score, derrière les 27,5% de voix en 2019 en Saxe voisine. Derrière, la gauche chute lourdement : Die Linke a rassemblé 16,3% des voix, contre 24% cinq ans auparavant et le SPD a divisé son score par deux en obtenant un peu plus de 10% des suffrages. Les deux partis ont obtenu respectivement 16 et 11 sièges, contre 5 pour les Verts (Grünen) qui frôle l’élimination : en Allemagne le seuil électoral est à 5%. À l’exception des écologistes, tous les partis réalisent des records, mais un seul dans le sens positif du terme, facile de deviner lequel. L’arrivée de l’AfD a visiblement fait gonfler la participation en hausse de 10 points atteignant presque les 2/3 de votants. Comme dans les autres Länder, et à l’image de ce que l’on peut voir partout en Europe, la droite radicale a réussi à s’implanter parmi les électeurs peu diplômés et exerçant des métiers peu qualifiés, siphonnant ainsi les voix traditionnellement acquises à la gauche. Finalement, à l’issue de tractations douloureuses, une coalition est trouvée autour de la CDU, du SPD et des Verts, dite « à la kényane » (son drapeau reprenant le noir des libéraux-conservateurs, le rouge des sociaux-démocrates et le vert des écologistes).
Une nouvelle étape dans cette grande année électorale
Après le changement à la tête de la CDU en début d’année, deux autres Länder ont renouvelé leur chambre locale : Baden-Württemberg et Rheinland-Pfalz des compétences des États fédérés par le gouvernement d’Angela Merkel en matière sanitaire. Ainsi, l’État fédéral pour imposer des mesures de restrictions supplémentaires si la situation épidémique se détériore. Si cette mesure est prévue pour expirer avec la crise sanitaire, cette atteinte au fédéralisme a fait grand bruit outre-Rhin. Le déconfinement, la vaccination est les mesures économiques et sociales sont évidemment au cœur de la campagne inexorablement tournée vers des enjeux nationaux. Déjouant des sondages serrés, la formation conservatrice récupère des couleurs et 7% s’attribuant 37% des voix et passant de 30 à 40 sièges. L’extrême-droite quant à elle, est en léger recul avec 20,8% des voix (-3,5% par rapport au scrutin précédant), elle perd 2 sièges pour arriver à 23. À gauche, la déroute se poursuit : -5,3% pour Die Linke, -2,2% pour le SPD, ils ne totalisent que 12 et 9 sièges. Les libéraux du FDP font leur retour au Parlement local, passant même devant les écologistes (7 sièges contre 6 pour les Verts). On a pu entendre un grand soulagement du côté de la droite qui n’espérait plus une nette victoire à quelques mois de la générale. Ces résultats peuvent au contraire freiner la bonne dynamique des Verts dans leur ascension vers le sommet, même si ce Land habitué à la gauche radicale avant de faire le chemin inverse, ne leur est pas une terre de prédilection.
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