Alain Malégarie : « Il fallait donner un Etat à l’Euro »

, par Aurélien Brouillet

Alain Malégarie : « Il fallait donner un Etat à l'Euro »

A moins d’un mois des élections, le Taurillon vous propose une nouvelle interview d’un candidat. C’est aujourd’hui Alain Malégarie, fonctionnaire, tête de liste pour le Parti Fédéraliste Européen pour la circonscription Sud Est.

Pouvez-vous nous parler du Parti Fédéraliste Européen (PFE) ?

Le PFE existe depuis trois ans. C’est un parti modeste qui a deux atouts majeurs. Il est transnational, c’est le premier parti véritablement européen. Nous sommes présents dans 18 pays. Il y aura donc des listes dans plusieurs pays d’Europe dont la France, où nous serons présent dans la totalité des circonscriptions (8). La deuxième force du PFE c’est que c’est un parti trans-courant. On se démarque ainsi des autres partis et cela se retrouve dans nos listes. Le parti réunit des personnes qui n’ont jamais été encartées, issues de la société civile et des personnes de gauche et de droite à l’exception des extrêmes.

Quel est votre programme ?

Notre programme découle d’un constat, qui est un cri d’alerte. On ne peut continuer comme ça ! Les acquis de 70 ans de construction européenne et l’accomplissement d’actions très substantielles qui ont pérennisé la démocratie et la prospérité, avec plus ou moins de succès, ne suffisent plus. L’Europe est au milieu du gué. Elle s’enfonce de plus en plus dans l’inter gouvernementalisme où, comme on a pu le voir sous les mandats Barroso, même la Commission passe sous domination des chefs d’Etats et de gouvernement. Ces derniers, la crise aidant, ne représentent plus qu’une addition d’intérêts nationaux, d’intérêts de boutiquiers, et non l’intérêt général européen. La Commission européenne, gardienne des traités, devrait pourtant assurer l’intérêt général. Mais elle ne fait pas le poids face au Conseil européen. Surtout, malgré les progrès effectués en la matière, le Parlement Européen qui devrait être le véritable représentant de la voix des citoyens européens, n’a toujours pas l’initiative législative et ne peut pas modifier ou amender toutes les lois. Nous ne sommes donc toujours pas dans une totale démocratie citoyenne.

C’est la raison pour laquelle, et la crise ne fait qu’aggraver les symptômes, les peuples se sont éloignés de la question européenne, ce qui est dramatique. Cela a été amplifié par les partis politiques, de droite comme de gauche et notamment leur double langage permanent et leur stigmatisation constante de l’UE. Seul le PFE peut dénoncer la démagogie ou la schizophrénie de toute la classe politique à l’égard du fait européen. Désormais, nous devons approfondir l’Europe vers une voie fédérale, sinon on court à la catastrophe.

Il faut prendre des exemples d’intégration réussi. C’est par exemple la CECA, avec ses organes supranationaux ou encore l’euro. C’était une belle création mais on ne l’a pas accompagnée, on n’a rien fait. Il fallait donner un Etat à l’Euro, harmoniser les budgets, les fiscalités, les salaires et ne pas laisser se déliter l’Europe dans les dumpings fiscaux et sociaux. Le PFE va porter très haut tous ces messages. Avec des propositions inédites et pragmatiques : le Parlement élaborera une Constituante qui soumettra par référendum à chaque Etat membre, le même jour, un projet de Parlement bicaméral, avec une chambre représentant les citoyens et une chambre représentant les Etats. La chambre des citoyens aura la pleine initiative des lois, et pourra amender, corriger tout texte de loi. Il sera créé une vraie gouvernance économique européenne, et un président fédéral sera élu au suffrage universel.

Un autre point fondamental est la création d’un budget européen, conséquent. Avec un budget ne dépassant pas 1% du PIB européen, on ne peut pas faire autre chose que du saupoudrage. Nous voulons un budget avec des ressources propres, non dépendantes du bon vouloir des chefs d’Etats qui marchandent leurs apports au gré des crises ou des périodes électorales. Les ressources seront la taxe sur les transactions financières (plus de 50 milliards d’€ par an), déjà adoptée par 11 Etats ; une taxe carbone ; une TVA harmonisée etc. Seul un budget important permettra des politiques massives d’innovation et de recherche afin d’améliorer la compétitivité des Etats fragiles (Sud) et de développer la croissance – et donc l’emploi – par des politiques de relance dans les infrastructures, les transports, l’énergie. Une véritable industrie européenne en découlera (à l’instar d’Airbus). Ces politiques seront accompagnées d’harmonisation fiscales, sociales, salariales fortes afin d’éradiquer tout dumping et délocalisations.

Comment porter ces messages à des citoyens qui semblent peu intéressés et peu informés ?

Le PFE, du fait de sa jeunesse, a malheureusement peu de moyens, tant humains que financiers, mais nous sommes très motivés. Nous travaillons bien sur les réseaux sociaux, il y a aussi pas mal de conférences-débats, mais ça ne suffit pas. Nous allons essayer avec nos moyens, malgré la taille de la circonscription, de cibler les plus grandes villes pour monter des équipes afin de faire un minimum de tractage et de boites aux lettres pour se faire connaitre un maximum. Nous sommes, par contre, très sollicités par les médias, pour des interviews. Nous avons quand même réussi à monter des listes dans les 8 circonscriptions (Outre Mer compris) en France, avec des gens très divers. Ce qui nous encourage, c’est que les gens ne rejettent pas d’emblée le concept de fédéralisme, bien au contraire, lorsqu’ils mesurent la gravité de notre situation économique et sociale.

Qu’attendez-vous de ces élections ?

Si le PFE s’engage dans ces élections européennes (et dans les autres élections aussi), c’est pour reparler d’Europe et faire mieux d’Europe. Car les partis classiques ont renoncé depuis longtemps. Seuls les extrêmes ont un projet mortifère : démanteler l’Europe. Et la seule alternative crédible pour sauver nos valeurs et notre niveau de vie est le fédéralisme. Le PFE est né pour cela.

L’idéal serait de faire élire au moins un député PFE. Cependant nous restons lucides et pragmatiques. Dans ma circonscription, le Sud Est, pour obtenir le dernier siège, il faut au minimum 5% de votants soit environ 150 000 personnes s’il y a 3 millions de votants. Ce n’est pas totalement impossible, mais la barre sera très haute. Notre rendez-vous avec le suffrage universel ne fait que commencer. Il y aura d’autres combats au-delà du 25 mai 2014.

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