Une solution fédéraliste pour le Danube.

Le fédéralisme et la subsidiarité à l’épreuve des faits

, par traduit par Vincent Carriou

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Une solution fédéraliste pour le Danube.

« Le Fédéralisme est notre solution ». C’est le refrain que nous adorons chanter à la JEF, ça en devient un peu niais, c’est un peu drôle, mais cela a aussi un sens important et on ne réalise pas toujours combien cela est profondément vrai.

Le Danube, un enjeu fédéral

Dernièrement, j’ai eu le privilège d’être invité en Bulgarie par le « think tank » ELF (Forum Liberal Européen, European Liberal Forum) à un meeting au sujet de : « La stratégie de l’UE concernant la région du Danube ». Vous vous demandez surement ce qui peut pousser un Britannique à s’intéresser à un tel sujet. Il est parfois bon, cependant, de se confronter en béotien à des sujets entièrement nouveaux, comme si l’on se procurait d’un coup une paire d’yeux neufs.

Au cours de l’évènement, nous avons pu écouter s’exprimer les opinions de différents politiciens, ONG, universitaires, autorités locales et même certains jeunes de la région, concernant les défis et les opportunités que la région du Danube pouvait offrir. A cet égard, il était triste de constater que les invitations envoyées au parti du gouvernement ont toutes été déclinées. C’est ainsi que des représentants politiques et institutionnels de nombreux pays étaient présents, alors que ceux du gouvernement bulgare brillaient par leur absence.

Cette table ronde mettait en lumière une réelle problématique pour ceux, tels que le Roi (et ex-Premier Ministre) de Bulgarie, fondateur du NDSV, qui essaient d’impulser de nouvelles initiatives en vue de changements dans la région du Danube. De même, un tel événement montre le rôle fondamental que peuvent jouer la JEF et le Mouvement Européen, en qualité d’organisations transpartisanes, par leur capacité à réunir ces acteurs autour d’une table.

Mais ce rôle ne s’arrête pas à cela.

Pour les organisations jeunes, cela prend sens.

Nous avons pu écouter les réactions de nombreuses organisations jeunes essayant de coopérer entre elles au-delà des frontières. Faisant face à de nombreux défis pour recruter et trouver des subventions, elles rencontrent des difficultés pour coordonner leur travail et encourager les populations riveraines à s’investir davantage à titre individuel.

On a cité un récent sondage faisant état du nombre d’Allemands vivant à proximité du Danube et n’ayant aucune connaissance des autres pays en aval. Il montrait le danger lié aux préjugés occidentaux, nés au fil de l’histoire de la peur de l’instabilité politique dans la région des Balkans, et il soulignait le besoin d’améliorer l’éducation. Le Danube est à la fois voie de circulation capitale, frontière, mais aussi enjeu écologique majeur pour bon nombres de pays et de peuples.

En quoi le Fédéralisme apparait-il donc comme une solution ?

Les organisations jeunes cherchent à mettre en place un processus d’élaboration des décisions permettant aux groupes locaux d’agir dans leurs domaines d’intérêt. Le fédéralisme permettrait d’agir au niveau régional tout en ayant l’opportunité de se regrouper et de gagner un poids politique suffisant afin d’être capable de faire un lobbying effectif.

Ce type d’arrangement, probablement plus confédéral que fédéral de par sa nature première, servirait à développer le niveau de confiance, de connaissance et de compréhension des uns et des autres au fil du temps. Ces groupes seraient en mesure de conserver un niveau d’indépendance assez important pour que les préjugés puissent être traités de manière saine. Dans certains cas ces groupes permettraient l’accès à de nouveaux flux de financement du fait de leur plus large portée.

Cela vous semble familier ?

Mettre en œuvre l’action sur le terrain, cela fait sens

Au cours de la deuxième moitié de l’évènement nous avons écouté les témoignages d’organisations qui ont fait du Danube leur raison d’être, développant une forme de relation en symbiose avec le fleuve. Alors bien sûr, quand certains participants se demandent : « Que puis-je en tirer ? », la réponse est simple : « quelque chose fourni par le Danube ».

Nous pouvons prendre exemple sur certaines entreprises qui essayent de préserver l’environnement dans le but de développer le tourisme et, par extension, en tirer des bénéfices. Dans le cadre d’une rivière, les décisions prisent en amont peuvent avoir un impact profond sur celles prises en aval.

Même au cours de cette rencontre ils mirent en avant leur frustration, et ceci bien qu’ils aient déjà pu porter certains de ces problèmes un peu plus haut dans l’échelle de l’influence politique et que ceux-ci aient été pris au sérieux. Il existe déjà une « Stratégie de l’UE pour la région du Danube », mais cela ne suffit pas. Pour une raison majeure, il s’agit d’une stratégie de l’UE, qui, bien qu’impliquant les autres pays, ne faisait pas figure de « Stratégie de l’UE et des pays frontaliers ». Le résultat est donc le suivant : bien que certaines décisions et idées nébuleuses aient été prises, le pouvoir, la capacité de faire la différence, et dans certains cas les ressources, n’incombent pas encore au niveau auquel ils peuvent véritablement faire la différence.

C’est le rôle du Fédéralisme.

Il ne faut jamais oublier qu’une décision prise au niveau fédéral dépend de son exécution aux niveaux inférieurs. Dans la JEF-Europe nous le savons, une décision qui voit le jour lors du Congrès fédéral européen dépend de son application au niveau local. Toutefois, le fédéralisme est plus flexible que cela.

De la même manière que nous disposons de groupes d’études qui travaillent dans l’association de manière horizontale, il semblerait aller de soi que les initiatives concernant le Danube, soient déléguées aux nombreuses ONG et entreprises spécialisées dans un certain champ d’action. Il faut y assurer certaines garanties et le soutien ne peut être inconditionnel. Mais le principe de subsidiarité est un précieux moteur.

Nous devons apprendre à laisser-faire et croire en chacun.

Les rêves fédéralistes sont une voie vers leur réalisation concrète.

Ainsi en bons fédéralistes, nous rêvons de subsidiarité, d’une situation dans laquelle les décisions sont prises au niveau le plus approprié.

En tant qu’Européens, nous sommes tous conscients que l’Union européenne agissant « en qualité d’acteur indépendant mais disposant d’une autorité respectée, est en bonne position pour faciliter la coopération », mais celle-ci ne doit pas et ne peut pas agir unilatéralement.

Peut-être que de telles aires d’action nous fournissent une opportunité de marier nos idéaux fédéralistes et européens en offrant à des individus la possibilité d’en ressentir les bénéfices. De cette manière nous pouvons aider à construire un niveau de confiance entre ces individus, avec les idées qui vont avec.

De sorte qu’à la fin de la journée : « Le fédéralisme est notre solution » !

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